mise à jour le 27 Mai 2007
 
     
CONFÉRENCE SUR
"L'ASTRONOMIE EN ANTARCTIQUE"
Par Vincent COUDÉ DU FORESTO Astronome,
LESIA Observatoire de Paris
Organisée par la SAF
À l'Institut Océanographique  195 rue St Jacques, Paris
 
Le Mercredi 23 Mai 2007 à 20H30
 
 
Photos : JPM pour l'ambiance. (les photos avec plus de résolution peuvent m'être demandées directement)
Les photos des slides sont des présentations des auteurs.
 
 
 
 
BREF COMPTE RENDU
 
 
 
 
 
 
 
 
C'est Philippe Morel (à droite sur la photo), Président de la Société Astronomique de France qui nous présente Vincent Coudé du Foresto, astronome à l'Observatoire de Paris, il a travaillé notamment à l'ESO au Chili et ses spécialités sont l'interférométrie et l'exobiologie notamment.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
LE PASSÉ.
 
 
Notre conférencier nous parle d'abord de l'époque glorieuse de l'observation astronomique : Galilée et sa première lunette; la construction des premiers observatoire, comme celui de Paris par exemple qui à l'époque se trouvait en "banlieue" pour s'affranchir de toutes les pollutions.
 
Avec l'éclairage public est venu la pollution lumineuse, les astronomes s'éloignent de plus en plus des villes.
 
Mais ce n'est même plus une garantie comme on le voit sur cette prise depuis l'Observatoire du Mont Wilson : c'est la lumière de la ville de Los Angeles.
 
(Photo © Gerard Eisenbeis)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les observatoires deviennent de moins en moins accessibles, comme à l'époque de la construction du Pic du Midi, maintenant je sais on peut y aller en téléférique, il culmine à 2800m.
Son ciel est particulièrement noir.
 
 
Mais quand même il fat aller de plus en plus loin, comme dans le désert de l'Atacama, un des déserts les plus arides du monde, l'humidité (cause de turbulences) y est très faible (100mm/an maximum); les nuages restent bloqués par les montagnes aux alentours.
 
C'est là que l'on a construit le VLT (Very Large Telescope) de l'ESO.
 
Néanmoins il reste quelques turbulences au VLT, on s'en affranchie en partie grâce aux techniques d'optique adaptative.
 
 
Mais pour s'affranchir des turbulences radicalement, il faut aller dans l'espace : Hubble.
Mais cette technologie est limitée en diamètre de miroirs (taille de la fusée).
 
Où peut on bien aller sur Terre pour s'affranchir des turbulences?
 
 
 
L'ANTARCTIQUE, IDÉAL POUR L'ASTRONOMIE.
 
 
Il semble que la région de l'Antarctique soit plus calme au point de vue turbulences.
 
L'Antarctique est une zone déclarée d'extraterritorialité où les seules activités autorisées sont scientifiques.
 
C'est un continent (en effet sous l'épaisse couche de glace il y a des roches, contrairement à l'Arctique qui est un énorme glaçon flottant sur l'eau) relativement plat à part sa partie centrale très haute (4900m).
 
 
Topographie de l'Antarctique, seule la partie en rouge est très élevée, le reste est relativement plat.
Carte de l'Antarctique montrant dans le bas la vase Dumont d'Urville et la distance pour aller à Dôme C (1100km).
 
 
 
On a construit il y a quelques années avec les Italiens une base polaire qui s'appelle Dôme C-Concordia à l'intérieur des terres, à 1100km de la base Dumont d'Urville, c'est une région extrêmement plate. Dôme C est situé à 3200m d'altitude.
 
 
L'endroit possède bien sûr une absence totale de pollution lumineuse  et est à l'abri des risques sismiques (ce qui n'est pas la cas du VLT par exemple). L'air y est aussi d'une pureté absolue car très sec. Le climat y est très stable.
 
Cette zone se trouve aussi à l'intérieur du vortex polaire et donc à l'abri des jet streams.
 
Les vents catabatiques (vents froids qui déboulent la nuit dans les vallées) provoquent des turbulences atmosphériques sur le pourtour de ce continent, sauf en cet endroit où est localisé Dôme C car situé très en hauteur.
 
C'est le désert le plus aride du monde, même avant l'Atacama!
 
Bref un endroit idéal pour l'observation astronomique.
 
 
 
 
Le centre de recherches franco-italien Concordia a été construit principalement pour réaliser des carottages profonds (3000m) du programme EPICA, afin de mieux connaître le climat passé.
 
 
Ouvert en permanence depuis 2004, même en hiver australe, lorsque les conditions météo empêchent tout transport de personnes et de matériel, ce site est idéal pour les astronomes
 
 
On voit ici les deux zones principales de la station et la zone des générateurs (à droite).
 
 
 
 
 
 
C'est le meilleur site du monde d'observation dans le visible et l'infra rouge.
 
 
 
Vincent nous parle ensuite des trois mythes de l'Antarctique :
·        c'est inaccessible
·        rien ne résiste aux tempêtes
·        les conditions de travail sont impossibles.
 
À chacun de ces mythes il répond :
 
Inaccessibilité : c'était effectivement le cas de nos glorieux pionniers polaires dont beaucoup laissèrent la vie sur le continent blanc.
Maintenant l'accès est facile : un petit vol vers la Nouvelle Zélande à Christchurch, puis un C-130 pour le Pôle Sud base de Terra Nova Bay et ensuite plus petit avion vers Dôme C , 12 heures de vol en tout et nous voilà sur le 6ème continent.
 
Les tempêtes : les vents de 300km/h sont uniquement vers la côte, à l'intérieur des terres l'air est stable
 
Les conditions de travail : ce n'est plus le bagne, à notre époque ce n'est pas un problème (si les génératrices fonctionnent!), on peut même bronzer dehors par –30°C comme le montre une des photos présentées. (l'air est très sec on ne sent pas le froid).
 
Le gros matériel arrive par bateau (l'Astrolabe) depuis la Tasmanie à la base Dumont d'Urville en une semaine et rejoint par convoi de tracteurs en une vingtaine de jours, cela s'appelle la traverse.
 
 
 
 
Les premiers astronomes à rejoindre Dôme C furent ceux de l'Université de Nice .
 
Au Dôme C le soleil se couche de fin Février à fin Mai et la nuit est noire de Juin à Août, période idéale d'observation continue du ciel. Fin février le dernier avion s'en va l'hier commence, la station est isolée du reste du monde. La nuit est souvent à –70°C.
 
Pendant cette nuit spectacle inoubliable d'aurores australes au dessus des têtes.
 
Durant l'été austral, la stabilité des images est inférieure à 0,5 s d'arc pendant 4 heures, soit deux fois mieux que le VLT.
 
En été la station comprend 40 personnes en hiver une quinzaine seulement.
 
Notre orateur termine avec les futurs projets prévus pour Dôme C notamment le coronographe interféromètre Aladdin précurseur de la mission Darwin dans l'espace (ce sont des télescopes d’un mètre tournant en cercle sur des rails censés simuler ceux qui seront dans l'espace) et devant servir à détecter depuis le sol polaire et l'espace notamment des exoplanètes.
 
 
Cette méthode permet en effet d'annuler la lumière de l'étoile centrale et donc d'avoir plus de chances de trouver des planètes l'orbitant.
 
 
 
Voici d'ailleurs le genre de photo que l'on espère avoir avec Darwin, lorsqu'il se tournerait vers un système semblable au notre.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN
 
Le site de la base Concordia Dôme C.
 
Page sur Concordia sur le site de l'Institut Polaire Paul Émile Victor, voir aussi cette page.
 
Brochure de 6 pages pdf sur Concordia
 
Concordia le meilleur site du monde en HRA (Haute Résolution Angulaire) 42 pages présentation pdf par Éric Fossat.
 
Tiré du magazine de l'observatoire de Paris hiver 2006, un article sur Dôme C.
 
L'instrumentation astronomique à Dôme C et les futurs projets, document pdf de 24 pages. (anglais).
 
 
 
Premier hivernage au Dôme C par nos amis de Nice. À voir absolument pour comprendre la vie là bas.
 
L'hivernage 2007 sur le site de l'API (Année Polaire Internationale).
 
Se donner les moyens de l'excellence : la recherche polaire française à la veille de l'année polaire internationale par le Sénat.
 
Le Journal du CNRS sur les observations en Antarctique.
 
 
 
L'astronomie à l'assaut des Pôles , article du CEA Dapnia format pdf de 4 pages.
 
Interférométrie en Antarctique, conférence en vidéo
 
L'antarctique, un ciel qui fait rêver les astronomes, article du Figaro.
 
Le projet futur Stella Antarctica.
 
Le projet futur Keops.
 
Projet ALTA (Australian Large Telescope – Antarctica) de 8m pour 2015.
 
Projet A-step (Antarctica Search for Transiting Extrasolar Planets) de sismologie stellaire installée en 2008; présentation PPT de 4,6MB très intéressante.
 
Nos amis Italiens ont aussi un projet, le projet IRAIT d'un télescope IR de 80cm.
 
Projet Aladdin, précurseur au projet spatial Darwin, document pdf de 5 pages notamment par notre conférencier. (anglais)
 
 
Le télescope SPT du Pôle Sud  en Antarctique sur ce site
 
 
 
 
 
Bon ciel à tous
 
 
Jean Pierre Martin   www.planetastronomy.com
Membre de la SAF