Mise à jour le 14 Janvier 2009
 
     
 
Conférence d'Hubert REEVES dans le cadre de l'AMA09
À l'Institut Océanographique rue St Jacques à Paris
"Histoire de l'Univers"
 
 
Remarque : n'ayant pas ou assister à cette conférence c'est notre ami Christian Larcher, qui en fait le CR succinct, merci à lui.
Il n'avait malheureusement pas son appareil photo avec lui.
 
Cette conférence donnée par Hubert Reeves à l’Institut Océanographique de Paris le 12 janvier 2009 avait pour titre : l’histoire de l’Univers.
 
 
Après une brève introduction faite par Marie-Odile de Monchicourt, Hubert Reeves indiqua que cette conférence portait plus exactement sur l’histoire de…l’histoire de l’Univers.
 
 
L’Univers est un archipel de galaxies.
Chaque galaxie contient entre 100 à 200 milliards d’étoiles et il y a au moins 100 milliards de galaxies.
On peut avoir un aperçu de la structure de l’Univers à partir du comptage de ses galaxies.
On obtient un ensemble, visualisé en fausses couleurs, qui montre que l’Univers actuel est très structuré. L’Univers a une histoire, il évolue, on le sait depuis peu.
 
 
 
 
Pour Aristote en 335 avant JC l’Univers a toujours existé et il existera toujours, dans cet Univers rien ne change.
Aristote s’appuyait sur plus de 1 000 ans d’observations faites par les précédents astronomes.
Or il ne peut y avoir d’histoire que s’il y a du changement.
Pas si le monde « d’en haut » est comme le monde « d’en bas ».
 
L’Univers est limité par l’horizon mais nous savons, par exemple lorsque nous sommes au bord de la mer, qu’au-delà de l’horizon la mer continue.
Isaac Newton et même Albert Einstein, au début au moins, étaient aristotéliciens dans la mesure où ils estimaient l’Univers stable, sans changement.
 
Mais les travaux de Hubble montrèrent que les galaxies s’éloignaient dans  toutes les directions et que plus elles étaient loin plus elles allaient vites.
Georges Lemaître travailla sur cette question de l’expansion de l’Univers et il émis l’idée d’un début temporel de l’Univers.
Mais G. Lemaître était un prête catholique et ses travaux scientifiques étaient considérés avec circonspection.
 
 
H. Reeves raconte qu’à cette époque il était étudiant aux États-Unis et que l’idée d’un immense flash de lumière initial sentait le soufre car cette idée était trop facilement assimilée au « fiat lux » de la Bible.
A cette époque la théorie dominante était plutôt celle de l’astronome britannique  Fred  Hoyle qui supposait que si les galaxies s’enfuyaient c’est par ce qu’il se formait en permanence de la matière nouvelle.
 
H. Reeves a eu comme professeur Georges Gamow. Il raconte que ce professeur était un bon vivant qui n’arrêtait pas de faire des blagues dont il riait souvent lui-même. Parfois les étudiants attendaient qu’il ait fini d’en rire…
 
Mais Gamow avait fait une prédiction tout à fait importante, il disait que si le début de l’Univers était extrêmement chaud et que s’il n’arrêtait pas de se dilater depuis lors, cet Univers devait progressivement se refroidir par effet de dilution.
 
En conséquence on devrait observer actuellement une température résiduelle ou température fossile.
 
Dans les années soixante les États-Unis avaient beaucoup de difficultés à suivre les satellites envoyés dans l’espace.
Aussi il fut demandé aux ingénieurs de la compagnie Bell Téléphone Laboratories de trouver un moyen de suivre ces satellites à la trace. Pour des raisons techniques il fallait travailler sur des ondes électromagnétiques de très courtes longueurs d’ondes, ce que l’on appelle actuellement les micro-ondes.
La compagnie fabriqua une gigantesque antenne métallique en forme de corne et deux ingénieurs, Penzias et Wilson, furent chargés de ce travail. Ils furent très étonnés de détecter partout dans le ciel un bruit de fond parasite isotrope.
Ils venaient de trouver le rayonnement fossile prédit par Gamow.
 
En physique il n’y a pas de vérités il y a que des scénarios plus ou moins plausibles.
On retient celui qui permet de faire les meilleures prévisions. Mais c’est comme lorsque vous partez pour acheter un réfrigérateur. Auparavant vous consultez une revue comme « Que choisir » afin de comparer les caractéristiques.
et les prix afin d’acheter celui qui a le meilleur rapport qualité prix.
 
Juste après le Big Bang l’Univers était très désorganisé, on avait une sorte de soupe de particules qui évolua progressivement selon une certaine histoire.
La nature s’est structurée progressivement.
Il est apparu des propriétés émergentes comme pour un langage.
 
Dans un langage il faut au départ des lettres.
Hubert Reeves se rappelle que dans sa jeunesse il mangeait des soupes constituées par un mélange de petites lettres de l’alphabet qui étaient contenues dans le liquide de la soupe. Avec ces lettres on peut constituer des mots qui ont un sens précis. Ces mots permettent de construire des phrases qui s’organisent en paragraphes puis en chapitres et en livres, qui finissent par remplir une bibliothèque.
Il y a là une pyramide de la complexité qui s’érige au cours du temps.
Il en est de même, de la nature.
 
Très près du Big Bang on ne sait pas très bien, mais rapidement il apparaît des quarks puis des électrons, des neutrons, des protons. Ces particules forment des atomes puis des molécules. Plus tard sur une planète comme la Terre se forment des cellules puis il apparaît des systèmes de plus en plus organisés.
 
Cette histoire prit de l’importance lorsque Fred Hoyle réussit à démontrer que les atomes lourds se formaient au cœur des étoiles.
Ces étoiles apparaissent dans les nuages interstellaires qui constituent des pouponnières d’étoiles.
Par exemple lorsque l’on regarde la constellation des Pléiades on voit encore, autour des étoiles brillantes, les restes de matière placentaire.
Actuellement on a réussi à détecter plus de 300 exoplanètes. Sur ces planètes la vie a pu apparaître. Pour le savoir il faudra chercher à détecter la présence d’oxygène car les plantes engendrent de l’oxygène.
 
Dans l’antiquité Démocrite disait « tout arrive par le hasard et la nécessité »
Ces termes semblaient antagonistes car  le hasard seul produit le fouillis et la nécessité seule produit la monotonie.
Ces prédictions de Démocrite sont actuellement vérifiées par le Chaos déterministe.
 
 
Pour terminer cette conférence Hubert Reeves a parlé de la découverte faite en 1998 de ce qu’on appelle actuellement l’énergie sombre qui vient s’ajouter à la matière noire. Au total c’est près de 95 % de la matière qui reste inconnue.
 
De quoi donner du travail à de futurs jeunes chercheurs !
 
Il conclut en disant : La seule certitude c’est qu’il n’y a pas de certitude.
 
Christian Larcher
 
 
www.planetastronomy.com