Mise à jour le 13 Juillet 2010
 
SOIRÉE ROSETTA :
RENCONTRE AVEC L'ASTÉROÏDE LUTETIA
PREMIÈRES IMAGES EN DIRECT
Au grand Auditorium de la Cité des Sciences et de l'Industrie de Paris.
Organisée par le collège Universcience en partenariat avec l’Observatoire de Paris, le CNES, l’ESA, le JPL, ESRI France,et la SAF.
Le Samedi 10 Juillet 2010 à 20H30
 
Photos : JPM et DB pour l'ambiance (les photos avec plus de résolution peuvent m'être demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur.  Voir les crédits des autres photos et des animations.
 
 
Rosetta est une mission spatiale conçue par l'Agence spatiale européenne (décision prise en ….1993) qui a été lancée par une fusée Ariane 5 le 2 mars 2004.
Son objectif est d’étudier l’activité de la comète Churyumov-Gerasimenko et son évolution jusqu’au passage de la comète à son périhélie. Rosetta prévoit également de déposer un atterrisseur nommé Philae à la surface du noyau afin d’y effectuer des analyses in-situ de se composition. Mais lors de sa longue course vers la comète, Rosetta survolera un astéroïde nommé 21 Lutetia ce 10 juillet.
 
La mission Rosetta est nommée en référence à la pierre de Rosette, découverte en 1799 lors de la campagne d'Égypte de Napoléon Bonaparte, et qui permit à Jean-François Champollion de déchiffrer en 1822 les hiéroglyphes égyptiens. La mission apportera de nombreuses réponses sur l'origine et la formation du système solaire en analysant le matériau le plus primitif qu’est celui des noyaux cométaires…
 
21 Lutetia est un astéroïde de la ceinture principale d’une taille d’environ cent kilomètres. Il fut découvert le 15 novembre 1852, par l'astronome amateur Hermann Mayer Salomon Goldschmidt à son domicile, rue de l'Ancienne Comédie à Paris. Lutèce était le nom latin de Paris durant l'antiquité.
 
Rappel sur la mission Rosetta.
 
L'essentiel pour les impatients : les premières images.
 
 
Programme de la soirée :
 
Un grand nombre de documents et CD seront remis au public grâce à nos amis de l'ESA et du CNES.
 
Début : 20h30
 
·        Agenda de la soirée : GD
·        Opérations spatiales en cours : liaison téléphone/skype avec le centre de contrôle de Darmstadt (Allemagne) 
·        Présentation de la mission spatiale ROSETTA  (Marcello Coradini)
·        L’envers du décor : comment la sonde a été conçue: (Paolo Musi)
·        L’envers du décor : l’atterrisseur Philae :’ (Francis Rocard)
·        Premières images en direct
·        Présentation sur les comètes  (Anny-Chantal Levasseur-Regourd)
·        Présentation sur les astéroïdes  (Marcello Fulchignoni)
·        Film vidéo sur Itokawa/Hayabusa 
·        Commentaires live 
·        La fin des dinosaures (Jean-Pierre Martin)
·        Quelques références pour aller plus loin.
 
 
 
Avec : Marcello Fulchignoni (OBSPM), Antonella Barucci (OBSPM), Anny-Chantal Levasseur-Regourd (Service d’Aéronomie, CNRS), Paolo Musi (Thales Alenia Space), Jean-Pierre Martin (PlanetAstronomy.com et SAF),.
 
En liaison téléphonique depuis Darmstadt avec : Antonella Barucci
 
 
Animée par Gilles Dawidowicz (SAF) et Francis Rocard (CNES) de gauche à droite sur la photo.
 
 
 
En fin d'après midi on savait déjà que tout semblait "nominal" à bord de la sonde Rosetta, on se préparait donc pour une superbe soirée. Et on ne fut pas déçu.
 
 
 
 
Deux heures avant le début de la soirée, grâce à Marcello Coradini qui recevait les premières images, on put avoir le plaisir de les voir en avant première.
 
Malgré le football le public fut au rendez vous et participa à cette célébration de la science spatiale européenne.
 
La salle de l'auditorium et son public pour la soirée Rosetta.
 
 
 
 
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RAPPEL SUR LA MISSION ROSETTA.
 
Rosetta est une mission très ambitieuse de l’ESA :
­Mise en orbite autour d’une comète (active)
­Atterrissage sur le noyau et étude. Trois dispositifs d’ancrage sur le noyau (faible gravité à évitement des rebonds)
­Pour se poser dessus il ne faut pas que cette comète soit trop « active » donc elle doit être loin du Soleil, donc utilisation de panneaux solaires spéciaux à cause de l’énorme distance (5UA), un challenge aussi loin du Soleil
­La trajectoire est étudiée en conséquence: l’assistance gravitationnelle est obligatoire. Ces détours par la Terre et Mars sont indispensables car même Ariane-5, l’une des fusées les plus puissantes du marché, n’est pas en mesure d’envoyer la sonde directement jusqu’à la comète visée
­Après l’échec de la nouvelle Ariane 10t en 2002, le programme prend du retard
­46P/ Wirtanen ne pourra pas être atteinte en 2011, il faut trouver une cible de remplacement
­Ce sera la comète 67P/ Churyumov- Gerasimenko en 2014.Elle est plus active que Wirtanen.
­Avec deux rendez vous intermédiaires avec des astéroïdes :un "petit" Septembre 2008 : Steins et un "gros" en Juillet 2010 : Lutetia
 
­La comète 67P-Churyumov-Gerasimenko a été identifiée en 1969.
Initialement, Klim Churyumov a détecté « 67P » alors qu’il examinait un cliché de la comète Comas Solá pris par Swetlana Gerasimenko.
­ « 67P » mesure environ trois kilomètres sur cinq, et elle tourne sur son axe en douze heures environ.
Il lui faut environ six ans et demi pour faire le tour du Soleil, période pendant laquelle sa distance du Soleil varie de 194 à 858 millions de kilomètres.
­Dans le cadre de la préparation de la mission Rosetta, «  GS » a été inspectée par le télescope spatial Hubble.
En mars 2003, l’une de ses caméras a pris environ 60 photos qui ont donné aux astronomes une première idée de sa forme, ressemblant vaguement à un ballon de rugby.
 
 
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LA MISSION ROSETTA PAR MARCELLO CORADINI DE L'ESA.
 
 
Marcello Coradini est coordinateur des missions d'exploration du Système Solaire à l'ESA, il est donc bien placé pour nous présenter cette mission.
 
Voici en complément à ce qui a déjà été écrit quelques points particuliers concernant cette mission.
 
Il revient sur l'origine de la mission, en fait plus ancienne que 1993 déjà citée; l'origine aurait démarré dès 1985; lors de la préparation du passage de Giotto vers Haley; la NASA devait participer à un nouveau projet d'étude de comète (le projet CRAF : Comet Rendez vous and Asteroid Flyby), mais finalement ne participe plus.
Il faut restructurer cette mission qui deviendra plus tard Rosetta.
 
 
Quant à Rosetta, cette mission est la plus complexe au point de vue instrumentation jamais réalisée.
 
 
 
 
Ce survol de Lutetia doit s'effectuer au plus près à 3000km de la surface, distance optimale pour la résolution des caméras, plus près, l'astéroïde serait trop gros et sortirai du champ.
 
Mais la grande idée de Rosetta, vient de la mission Giotto, comme nous l'explique Marcello: en effet après le passage plein de succès de la comète Haley en 1986, la sonde fut mise en sommeil; mais quelques temps après, Marcello Coradini, eut l'idée d'essayer de la réveiller. Pouvait-on ainsi contrôler l'hibernation d'un satellite? Et bien oui, cela fut parfaitement réalisé.
 
Cela donna l'idée d'utiliser des procédures similaires sur Rosetta pendant une grande partie de son voyage cométaire.
La plupart des instruments seront ainsi complètement éteints pendant une grande partie du voyage.
 
Le vol et la mission, devant se dérouler sur une très longue séquence temporelle, l'environnement va varier, de très froid lors de l'insertion en orbite autour de la comète à un environnement plus chaud lors de la période d'activité de la comète qui se rapprochera du Soleil.
L'isolement thermique devra donc être très bien étudié.
 
De plus la mission devant durer près de 10 ans, la fiabilité doit être très importante.
 
C'est donc bien une mission de tous les records.
 
 
 
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LA CONCEPTION DE ROSETTA PAR PAOLO MUSI DE THALES ALENIA SPACE.
 
 
Paolo Musi est chef de projet sur Rosetta et travaille depuis 7 ans à cette mission.
 
Thales Alenia Space est une société franco-italienne, leader mondiale dans le domaine des satellites. Son siège est basé à Cannes en France. C'est elle qui a construit Rosetta.
 
Du concept au lancement, les étapes :
·        Nov 1993, la commission des missions planétaires de l'ESA approuve la mission Rosetta.
·        Mars 1997 : attribution du contrat
·        Nov 2001 : le modèle de vol est envoyé de Thales (Turin) à l'ESTEC (Pays Bas) pour tests d'environnement
·        Sept 2002 : la sonde est envoyée vers Kourou, site de lancement.
·        Déc 2002 : échec du 1er vol d'Ariane 5ECA, décision de ne pas lancer dans la fenêtre de Janvier 2003. on change de cible comètaire.
·        Mai 2003 : la comète 67P/ Churyumov- Gerasimenko est choisie.
·        Mars 2004 : lancement de Kourou, 7 ans après le démarrage du développement.
 
 
 
 
 
Ce qui frappe sur Rosetta, c'est la taille énorme des panneaux solaires.
 
En effet, la sonde doit effectuer la plus grande partie de sa mission très loin du Soleil (la comète ne doit pas être active pour pouvoir se poser dessus, Rosetta sera alors à plus de 650 millions de km du Soleil), une grande surface est nécessaire.
 
De chaque côté de la sonde se trouve un ensemble de panneaux solaires de 32m2 de surface!
Les panneaux peuvent pivoter de 180 degrés afin de capter la plus grande quantité possible d’énergie solaire.
Ces panneaux sont d'une toute nouvelle technologie :
Low Intensity Low Temperature : LILT.
C'est la première sonde à utiliser des panneaux solaires au delà de l'orbite de Mars (et non pas des générateurs isotopiques RTG).
 
 
 
 
 
Vue de la disposition des instruments à bord de la sonde.
 
Quelques caractéristiques de Rosetta :
Dimensions :
         Structure : 2,8mx2,1mx2,0m
         Envergure : 32m
Masse au lancement :
         Totale : 3000kg approx.
         Ergols : 1670kg
         Charge utile : 165kg
         Atterrisseur : 100kg.
Puissance générée :
         850W à 3,4UA
         395W à 5,95UA.
 
 
 
 
 
Les défis technologiques de Rosetta :
 
·        Première sonde à approcher l'orbite de Jupiter avec des cellules solaires comme source d'énergie principale.
·        Afin de réduire la consommation, la sonde sera placée en hibernation pendant une partie du voyage.
·        Le retard de communication entre Terre et sonde étant importante, elle doit posséder un haut niveau d'autonomie.
·        Les contraintes thermiques sont très complexes.
·        Conception avec un très haut niveau de fiabilité, étant donné que la mission principale commencera près de 10 ans après le lancement.
·        C'est la première mission lancée par Ariane hors du domaine terrestre.
·        La fenêtre de lancement (19 jours seulement) a imposé des contraintes de programme et de gestion importantes pour une mission déjà très complexe.
 
 
 
 
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PHILAE, OU L'EUROPE DANS 1 m3 PAR FRANCIS ROCARD DU CNES.
 
 
Rosetta embarque un passager dans ses bagages : un atterrisseur baptisé très logiquement Philae.
 
(En effet ; Philae est une île sur le Nil sur laquelle fut découvert un obélisque portant une inscription bilingue mentionnant les noms de Cléopâtre et de Ptolémée en hiéroglyphes égyptiens.
C’est ce texte qui donna à l’historien français Jean-François Champollion les clés qui lui permirent de déchiffrer les hiéroglyphes de la pierre de Rosette et de lever le voile sur les secrets de la civilisation de l’ancienne Égypte. De même que l’obélisque de Philae et la pierre de Rosette ont ouvert l’accès à une civilisation ancienne, l’atterrisseur Philae et l’orbiteur Rosetta aideront à élucider les mystères que recèlent les plus anciens éléments constitutifs de notre système solaire : les comètes.  NdlR)
 
 
 
 
Plusieurs problèmes sont posés à cet atterrisseur notamment :
·        Grande inconnue sur la dureté du sol : mou ou dur? D'où un train d'atterrissage complexe. Ainsi que le forage.
·        Se poser et y rester, ce qui n'est pas simple au vu de la très faible gravité.
·        L'énergie électrique basée sur des piles et non pas des batteries.
 
Reprenons quelques uns de ces points.
 
Le rendez vous ayant lieu à 3,5 UA, on espère que l'activité de la comète sera très faible, sinon il pourrait être emporté par un jet.
N'oublions pas que l'on a changé deux fois de comète : en effet la première cible s'est désintégrée naturellement, et la deuxième n'a pas pu être visée à cause de l'échec du premier lancement de Ariane 5ECA.
 
Avant l'atterrissage, une cartographie du sol sera effectuée afin de déterminer le meilleur lieu d'atterrissage.
 
Quelques infos sur la mission Philae :
·        Croisière de 10 ans
·        Durée de la descente : de 30 à 60 min, caméra de descente active
·        La mission scientifique nominale s'effectue sur piles (plus puissantes que les batteries) :55 heures garanties 15 à 20W
·        Pour la mission à long terme : 3 mois jusqu'à 2 UA avec les panneaux solaires (10W).
·        Grande variations de température entre la période chaude (-40°C) et froide (-200°C).
 
 
 
La mission Philae comporte de nombreuses expériences scientifiques que l'on voit sur les diapos ci-dessus.
 
 
 
Quelques mots sur la comète 67P/ Churyumov- Gerasimenko :
·        Diamètre : approx 4km
·        Densité : grande inconnue, entre 0,2 et 1,5
·        Aphélie : 5,75 UA
·        Périhélie : 1,3 UA  (Janvier 2009 et Août 2015)
·        Période : 6,57 ans
·        Albédo : 4% approx? (donc très sombre)
·        Rotation : 12,3 H ?
 
 
 
Les objectifs scientifiques de l'atterrisseur :
·        Analyse in-situ du matériau primitif du noyau grâce à :
o       La composition isotopique
o       Recherche de molécules organiques
o       Présence de minéraux et glaces?
·        Étude du noyau (tomographie) par l'orbiteur (en partie) :
o       Morphologie de la surface
o       Propriétés physiques
o       Stratigraphie
·        Observation des cycles jour/nuit et réveil d'activité proche du Soleil.
 
 
 
 
 
 
Philae doit procéder au forage sur une vingtaine de cm de la surface de la comète; le système est de fabrication Italienne et s'appelle SD2 (acronyme de : Sampler, Drill and Distribution System), fabriqué par Tecnospazio à Milan.

La profondeur de pénétration est garantie jusqu'à 23cm, le matériau foré étant ensuite transporté vers un carrousel pour analyse chimique (four); la masse de la foreuse est de 3,6kg pour une puissance très faible : 5 à 12W.
 
 
Le système d'atterrissage doit tenir compte de la très faible gravité (approx 1/10.000 g) et le problème n'est pas de se poser mais d'y rester. À cet effet trois systèmes sont prévus :
·        Un propulseur dès que l'on s'approche du sol, on pousse!
·        Des harpons entrent en action
·        Puis des vis situées sur les 3 pattes se fixent dans le sol.
 
Tout ceci devant empêcher des rebonds.
 
 
 
En conclusion, Philae, c'est l'atterrissage en douceur sur une comète, ce qui n'a jamais été tenté; les caractéristiques de cette comète étant largement inconnues comme : dimension, masse , température, cycle jour/nuit, propriétés de surface…
De plus les opérations à long terme s'effectueront sans RTG.
10 instruments scientifiques dans un lander de 100kg!!
 
 
 
 
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LES PREMIÈRES IMAGES DE LUTETIA.
 
On est interrompu vers 23H par la conférence de presse de l'ESA à Darmstadt qui nous délivre maintenant un flot d'images; plus de 400 images ont été prises, le rendez-vous est un franc succès, Rita Schulz, grande scientifique de la mission peut sourire.
 
Rosetta frôle Lutetia à 15km/s, le survol durera une minute.
 
On trouvera les images sur le site de l'ESA; mais en voici quelques unes.
 
 
Très émouvant cette photo de Lutetia avec Saturne au loin, tout un symbole! Photo prise de 36.000km par Osiris.
La vue au plus près de Lutetia (3162km), de nombreux et grands cratères sont visibles. Détails de 60m visibles.
Crédits: ESA 2010 MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/RSSD/INTA/UPM/DASP/IDA
 
 
Vue détaillée d'un énorme cratère.
 
 
 
Nombreuses discussions des spécialistes sur la nature de cet astéroïde : un "C" ou un "M"? il faudra attendre le dépouillement complet des images et analyses des données pour décider.
 
Les deux Marcello discutent sur la nature de cette astéroïde en direct. On remarque des sillons (grooves) et des cratères aux flancs abrupts.
 
Antonella Barucci du LESIA, en direct au téléphone de l'ESOC à Darmstadt en Allemagne nous donne aussi ses premiers commentaires : l'histoire de cet astéroïde semble très riche, beaucoup de régolite est présent, il est probablement très vieux.
 
On en saura probablement plus au Congrès d'Europlanet (organisé par notre ami Jean Pierre Lebreton) en Septembre 2010 à Rome.
 
 
 
 
 
Notre ami Patrick Michel de l'OCA (présentement en congrès aux Indes), grand spécialiste des astéroïdes nous offre ses premiers commentaires :
 
 
 
 
 
 
 
Lutetia est un astéroïde d'environ 100 km de diamètre (imaginez un   bout de caillou d'une taille équivalente à la distance entre Nice et  Saint-Tropez!!). Il se situe entre Mars et Jupiter. En plus de sa  taille et d'un modèle de forme très approximatif, seules ses  caractéristiques spectrales (donnant des indices sur sa composition)  avaient été estimées depuis le sol. Or, l'interprétation de celles-ci  restaient très obscures car on pouvait en conclure que c'était un  objet métallique mais aussi que c'était un objet carboné, l'un allant  difficilement avec l'autre ... De plus, les données spectrales depuis  le sol ne sont obtenues qu'à partir de quelques microns d'épaisseur de  la surface, et donc, même si elles restent intéressantes, elles ne  renseignent en rien sur la composition globale de l'objet, et sur ses  propriétés physiques.
Rien ne vaut donc les observations in-situ,  grâce à une mission spatiale, et les images envoyées par Rosetta en  sont encore une belle démonstration.
 
En effet, comme lors de chaque  survol ou visite d'un de ces petits corps, nous découvrons un monde  nouveau et inattendu.
La surface de Lutétia est peuplée de cratères  dus aux impacts avec d'autres petits corps, une caractéristique  commune à tous les astéroïdes, mais leur morphologie est surprenante. 
Certains ont la forme quasi-parfaite d'un bol, d'autres, les plus  gros, ont une forme difficile à définir; enfin, des collègues  responsables d'instruments m'indiquent qu'il semble y a avoir des  zones couvertes de poussière (régolite) et d'autres zones où elle  semble absente. Il faudra comprendre pourquoi.
 
Toutes ces  caractéristiques devraient nous permettre d'en déduire ces propriétés internes, car celles-ci influencent la façon dont se forme les cratères  et de comprendre comment les propriétés de surface d'un corps de cette  taille évolue.
Notez que la gravité de surface dépend de la masse  (taille) de l'objet, et celle-ci influence aussi la façon dont la  matière évolue sur un corps (sur Terre, si j'éternue, je retombe; sur  un petit astéroïde, je suis éjecté du fait de la faible attraction et  vous ne me reverrez plus! Une idée, si vous voulez vous débarrasser de  moi!).
Cela permet peut-être (et en partie) de comprendre pourquoi ces  objets sont si différents les uns des autres.
Ayant aussi, pour ceux  qu'on a visités, des tailles bien différentes (allant de 500 m  pour  Itokawa, 23 km pour Eros, 50 km pour Mathilde, par exemple, et enfin  100 km pour Lutétia), la gravité sur leur surface, et donc le  comportement de la matière, est aussi bien différent.
Pour reprendre  la citation d'un collègue, si la gravité est le critère de différence  entre ces objets, alors géologiquement la différence entre Itokawa  (500 m de diamètre) et Eros (23 km de diamètre) est équivalente à  celle entre Eros et la Lune! Il ne fait donc aucun doute que l'étude  de ces objets, en considérant une variété de tailles, nous permet  d'explorer des comportements géologiques différents et inattendues, et  qui défie note intuition basée sur notre expérience terrestre.
 
Malheureusement, il est trop tôt pour en dire plus (mais j'en ai assez  dit ...) car pour l'instant nous n'avons que ces images, certes  magnifiques. En principe, la masse doit avoir été mesurée, et en  estimant la forme de l'objet (qui n'a été vue qu'en deux dimensions, 
mais on peut faire des hypothèse sur la troisième), il sera possible  d'en déduire sa densité.
Cette information est cruciale car c'est par  celle-ci que nous saurons si cet objet est plus ou moins poreux.
Un  corps de cette taille-là, même si il a subi de nombreux impacts,  devrait encore être primordial (il n'est pas un fragment d'un corps  plus gros détruit par une collision).
Cela pourra être vérifié en  estimant son âge par comptage des cratères, connaissant le taux  d'impacts entre Mars et Jupiter (par exemple, si son âge est bien  inférieur à 4 milliards d'année, alors il n'est pas primordial).
Sa  densité devrait donc nous permettre de vérifier, en plus du spectre,  le type de matériau qui le constitue.
 
J'espère que vous apprécierez ces images que nous offrent ces belles  missions
Bonne semaine à tous,
 
 
 
 
 
 
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Le public est très attentif à l'arrivée des premières images.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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PRÉSENTATION SUR LES COMÈTES PAR ANNY-CHANTAL LEVASSEUR REGOURD DE PARIS 6.
 
 
 
Les comètes, ces astres chevelus, nous dissimulent leur noyau avec cette chevelure.
 
Les poussières émises provenant de l'évaporation du noyau contiennent des molécules carbonées, c'est pour cela que les comètes sont intéressantes à étudier.
 
 
Les comètes sont des très petits corps, si bien que leur champ de gravité est très faible, d'où les problèmes déjà évoqués de l'atterrissage sur un tel corps.
 
 
 
En ce qui concerne Rosetta, on a changé deux fois de cible, et il a fallu trouver une comète de la famille de Jupiter (pas trop loin)et proche de l'écliptique; il y en a en moyenne une par an, on a donc trouvé la 67P.
 
La frontière est floue entre comètes et astéroïdes.
 
Il y a des astéroïdes qui ressemblent à des comètes, comme celui-ci surpris par Hubble, il y a aussi des comètes éteintes qui ressemblent à des astéroïdes.
 
De même les objets lointains, astéroïdes ou comètes?
 
Le rapport D/H des comètes a été étudié, il indique qu'une petite proportion de l'eau terrestre vient des comètes, l'autre partie vient-elle des astéroïdes comme on semble le penser actuellement?
 
Manifestement l'eau du Pôle Sud e la Lune vient des comètes.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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PRÉSENTATION SUR LES ASTÉROÏDES PAR MARCELLO FULCHIGNONI DE L'OBSERVATOIRE DE PARIS.
 
 
 
Les astéroïdes sont les briques qui ont formé les planètes, c'est en cela qu'ils sont intéressants à étudier.
 
Ils proviennent principalement de la ceinture d'astéroïdes située entre Mars et Jupiter et des objets trans-neptuniens situés au delà de Neptune.
 
Comparaison entre la forme réelle de Lutetia et la prédiction effectuée par l'Observatoire de Paris au VLT avec optique adaptative. Très bonne concordance comme on le remarque.
C'est M Fulchignoni et ses élèves qui ont modélisé Lutetia.
 
 
 
 
Quelques caractéristiques de Lutetia.
 
 
 
Finalement, on nous explique la découverte de cette astéroïde.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
C’est à Paris que l’astéroïde Lutetia a été découvert le 15 Novembre 1852 (d'où son nom) par l’astronome allemand Hermann Goldschmidt depuis le balcon de son appartement, rue de l'Ancienne Comédie.
 
On voit ci-contre le texte de l'Académie des Sciences présentant cette découverte.
 
Depuis la Terre, Lutetia n'est qu'un petit point lumineux et Rosetta devrai nous aider à en savoir plus sur lui.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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LA FIN (TRAGIQUE?) DES DINOSAURES PAR JEAN PIERRE MARTIN PHYSICIEN PARIS 7  SAF.
 
 
Mais les astéroïdes ne nous veulent pas que du bien, dans le passé ils étaient beaucoup plus nombreux que maintenant à frapper notre planète.
 
 
Ce qui amena notamment à l'extinction des grands animaux comme les dinosaures il y a 65 millions d'années.
 
Au début de la création du système solaire, il y a 4,5 milliards d’années, la vie n’était pas un long fleuve tranquille
De nombreux corps (astéroïdes, comètes..) étaient projetés dans tout le système solaire et percutaient notamment la Terre.
On en voit peu de traces maintenant car notre planète possède une atmosphère et presque tous les stigmates ont été érodés.
 
 
 
 
Dans les années 1970 on s’est aperçu en étudiant la frontière géologique entre le crétacé et le tertiaire (limite K/T) (Une remarque; les scientifiques, maintenant appellent cette couche non plus la couche KT mais la couche K-Pg, ce qui signifie Crétacé Paléogène. ) dans les roches qu'il y avait une concentration anormalement élevée d’iridium (30 fois plus que normal) or cet élément rare sur terre est très présent dans….les météorites
 
Les Alvarez (père et fils) déterminent ce pic de concentration très typique dans tous les coins du globe; ils en déduisent qu’un astéroïde a probablement heurté la terre il y a 65 millions d'années.
Mais où??
 
Les géologues se mettent à la recherche de l’impact;
Il devient vite clair qu’il se situe en Amérique. Après mille péripéties on le trouve : le Yucatan, plus exactement Chicxulub, bien enfoui au fond de la mer, un cratère de 200km de diamètre. On le voit même depuis la station spatiale.
Cet impact s'est produit à cause d'un astéroïde de 15km qui a heurté la Terre avec une force un milliard de fois plus importante que la bombe de Hiroshima.
L'angle de pénétration dans l'atmosphère aurait été de 90° et sa vitesse de l'ordre d'une vingtaine de km/s.
 
 
Cela a conduit à des évènements catastrophiques en chaîne :
·        NUAGE DE POUSSIÈRES ENTOURANT LA TERRE PENDANT DES DIZAINES D’ANNÉES
·        ARRÊT DE LA PHOTOSYNTHÈSE
·        HIVER NUCLÉAIRE
·        DISPARITION DE LA PLUPART DES ESPÈCES VIVANTES DONT LES DINOSAURES
·        DES COMPÉTITEURS PLUS SÉRIEUX PRENNENT LE DESSUS, QUI VONT ABOUTIR A L’HOMME.
 
Donc cet impact fut peut être tragique pour les Dinosaures mais pas pour les Humains.
 
Il existe d’autres hypothèses expliquant la disparition des dinosaures  notamment :
Des super volcans de la région du Deccan aux Indes, dont les éruptions auraient duré près de un million d'années.
Un autre impact qui aurait eu aussi lieu aux Indes etc..
 
On a longtemps hésité entre les volcans et l’impact météoritique, or il semble que maintenant il y ait un consensus international à ce sujet.
C’est bien un impact météoritique qui a causé l ’événement du Yucatan,
En effet, un argument contre le volcanisme, est que lors de cet impact des centaines de milliards de tonnes de Soufre ont été projetés dans l'atmosphère en quelques minutes (ce qui a généré des pluies acides), alors que les épisodes volcaniques ne produisent que de l'ordre de un milliard de tonnes de S par an pendant cette période du Deccan sur un million d'années. Ce qui n'aurait pas induit un changement climatique important, alors que les émissions dues à Chicxulub le firent.
 
Mais on a aussi procédé à l’étude de couches géologiques.
L’étude géologique des terrains sur tout le globe a montré que la même couche géologique présentait l’anomalie Iridium, de plus, la présence de quartz choqué (conséquences d’impact) est de moins en moins fréquentes quand on s’éloigne du Yucatan.
Le quartz choqué est un marqueur incontestable d’impact météoritique
 
 
On peut se poser la question de savoir, si de tels impacts sont fréquents.
 
 
 
 
 
 
 
 
Quelle peut en être la cause?
 
Intéressons nous aux différentes possibilités conduisant à des extinctions de masse.
 
***La plus connue : des comètes du nuage de Oort perturbées par le passage dans le plan de la galaxie tous les 30 millions d'années approximativement. Le nuage de Oort c'est ce réservoir de comètes situé à approximativement 100.000 UA (100.000 fois la distance de la Terre au Soleil), qui contient une immense réserve de corps glacés qui vont donner naissance aux comètes à longues période.
 
En effet le Système solaire tourne autour du centre de la galaxie (en 220 millions d'années), mais possède aussi un mouvement sinusoïdal de haut en bas et de bas en haut perpendiculairement au plan galactique (de +/- 20al).
Au cours de ce mouvement, quand le Soleil (et nous avec) passe par le plan galactique, les perturbations gravitationnelles sont plus importantes (plus de matière) et favorisent l'injection de comètes de Oort vers l'intérieur du système solaire
 
***Une autre explication , similaire fait appel à l'effet de   marée galactique , le nuage de Oort ayant une certaine taille, les effets gravitationnels sont différents d'une extrémité à l'autre donnant lieu à une force de marée (comme celle qui créée le bourrelet équatorial terrestre) qui peut perturber régulièrement les comètes et en projeter certaines vers le centre .
Cet effet serait plus important que le passage par le plan galactique d'après leurs concepteurs .
 
***Une autre explication lié à ce mouvement pourrait être le passage  périodique dans un bras de la galaxie particulièrement actif .  
 
D'autres hypothèses plus ou moins sérieuses ont été émises comme :
Un cycle volcanique  de cette valeur déclencherait des éruptions extrêmement fortes, empoisonnant la Terre entière .
Les glaciations périodiques ont été aussi évoquées dans ce phénomène d'extinction, mais est ce la cause ou la conséquence ?
Explication déjà ancienne :  Nemesis  le compagnon invisible du Soleil   qui périodiquement se rapprocherait de nous et perturberait le nuage   de Oort. Cette hypothèse est rejetée par la plupart des astronomes pour l'instant .
L'effet d'un sursaut gamma proche . etc..
 
 
Mais cela peut-il recommencer?
Hélas oui!
Même si les impacts sont beaucoup moins fréquents qu’au début du système solaire, il y a néanmoins de nombreux dangers qui nous guettent.
Il y a près de 200.000 astéroïdes répertoriés
Par an on découvre en moyenne approx. 10.000 nouveaux astéroïdes
Les astéroïdes qui croisent l’orbite de la Terre s ’appellent des GÉOCROISEURS (NEA)
Certains sont dangereux, on les appelle les PHA (PHA’S POTENTIALLY HAZARDOUS ASTEROIDS )
Il y en a actuellement quelques centaines
Le plus connu médiatiquement : 2004 MN4 ou Apophis, qui devrait passer en 2029 et repasser plus dangereusement en 2036.
Un tel astéroïde ne peut pas détruire la Terre (300m de diamètre) mais il provoquera des dommages énormes dans la région qu'il touchera et/ou un tsunami gigantesque.
 
En conclusion :
COMME LE DISAIT ASTÉRIX, ON N’A RIEN A CRAINDRE, SAUF QUE LE CIEL NOUS TOMBE SUR LA TÊTE!!!!!
 
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Bref encore une très belle soirée astro, prochaine rendez vous avec Rosetta en Novembre 2014; nous serons là pour vous!
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN.
 
Astéroïdes et comètes, l'ADN du système solaire, CR de la conférence de P Michel aux RCE 2006.
 
Présentation (vidéo) de Lutetia et rapports aux médias le 10 Juillet 2010 de Darmstadt. Ambiance Photos  etc..
 
Les premières images présentées sur le site de Ciel et Espace.
 
Communiqué de presse de l'Observatoire de Paris.
 
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jX7tRyKP3UDPNM_PQE2SL9g8itgA
 
Fiche technique de la mission Rosetta en pdf.
 
Fiche technique de l'atterrisseur Philae.
 
Sur la foreuse italienne, un document pdf.
 
From the Rosetta lander Philae to an asteroid hopper: lander concepts for small bodies missions par la DLR, presentation pdf très intéressante
 
Mission Rosetta sur les origines de la vie par J Vergriete en pdf.
 
La fin des dinosaures : http://crppwww.epfl.ch/~pochelon/Impacts-Dinosaures/Dinosaures.pdf
 
Ma présentation sur les comètes et astéroïdes est disponible au téléchargement à : http://jpmastro.myftp.org/
Ceux qui n'ont pas les mots de passe doivent me contacter.
 
La mission Rosetta sur votre site préféré.
 
 
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Bon ciel à tous
 
Jean Pierre Martin   membre de la commission de cosmologie de la SAF
www.planetastronomy.com
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