Mise à jour le 28 Novembre 2010
 
 
    
CONFÉRENCE
"À LA POURSUITE DE LA MATIÈRE NOIRE DE L’UNIVERS"
Par Gabriel CHARDIN CSNSM, CNRS/IN2P3
 
Pour les RCE 2010 Cité des Sciences de Paris
Le 13 Novembre 2010 à 10H45
 
Photos : JPM. pour l'ambiance (les photos avec plus de résolution peuvent m'être demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur.  Voir les crédits des autres photos et des animations.
REMARQUE : Les comptes rendus des conférences sont mis en ligne au fur et à mesure
Vous vous en apercevrez en allant voir  la page du compte rendu général de temps en temps à l'index "conférences", je signalerai les mises en ligne dans la fenêtre des mises à jour du site
 
 
 
BREF COMPTE RENDU
 
 
 
 
Gabriel Chardin est Directeur du CSNSM (Centre de Spectrométrie Nucléaire et de Spectrométrie de Masse) qui dépend de l’Institut National de Physique Nucléaire et de Physique des Particules (IN2P3), et se trouve sur le campus de l’Université de Paris Sud à Orsay.
 
Les recherches du CSNSM couvrent un très large éventail de domaines : structure du noyau et interactions fondamentales, physique du solide, irradiation des matériaux, étude élémentaire et isotopique des composants de la terre et l’univers, astrophysique.
 
Gabriel Chardin a travaillé au CEA (DAPNIA) et a participé à l’expérience Edelweiss, avant de devenir Directeur du CSNSM.
 
 
 
 
 
 
 
En fait, le sujet de ce soir, c’est non seulement la matière noire mais aussi l’énergie noire.
 
LA MATIÈRE NOIRE.
 
 
Qu’est ce que la matière noire ?
C’est de la matière que l’on ne voit pas mais que l’on détecte par ses effets gravitationnels.
 
Les premières découvertes datent des années 1930 avec Fritz Zwicky, célèbre astrophysicien américano-suisse, au caractère épouvantable, qui le premier remarque que les vitesse des galaxies dans les amas de galaxies ne correspondent pas à ce que l’on attend.
Leur vitesse devrait décroître en s’éloignant du centre et ce n’était pas le cas.
Il y avait donc une masse invisible qui semblait être présente sur les bords.
 
Il venait de mettre le doigt sur ce que l’on allait appeler la matière noire.
 
Mais son caractère « difficile » ne le faisait pas prendre au sérieux par la communauté scientifique, et il fallut attendre près de 40 ans pour s’apercevoir de la justesse de son raisonnement.
Ce fut le cas lorsque l’on s’intéressa à la rotation des galaxies qui présentait le même phénomène concernant la vitesse des étoiles du bord, il y avait manifestement plus de matière que ce que l’on voyait.
Elle pourrait même s’étendre sur une dimension 5 fois plus grande que la galaxie visible.
 
Mais de quoi serait composée cette matière invisible ?
Pour cela il fallait la détecter.
 
LA DÉTECTION DE LA MATIÈRE NOIRE.
 
 
Une des méthodes s’appelle la méthode des lentilles gravitationnelles.
 
En effet depuis Einstein, on sait que la matière courbe l’espace temps, donc déforment les images de galaxies situées derrière cette matière, présentes, même si invisibles à l’œil.
 
 
C’est ainsi qu’on peut en mesurant les déformations de l’image de galaxies éloignées, déterminer la quantité de matière noire située sur le chemin optique.
 
 
 
 
 
Il est même possible, si la quantité de matière noire est importante, qu’il y ait de multiples images de la galaxie située derrière.
 
Une autre méthode pour détecter la matière noire est le rayonnement X   Chandra, l'observatoire spatial en X, a réussi à trouver une configuration, où la matière noire et la matière ordinaire se séparent : suite à une collision entre amas géants de galaxies.
Dans une telle collision, la matière ordinaire (les planètes et les étoiles) est l'objet d'une friction lors de ce passage et "ralentit", mais la matière noire n'est pas affectée par cet effet de frottement et se sépare de la matière normale.
Ceci a été mis en évidence par Chandra lors de l'étude de l'amas 1E 0657-56.
Cet amas (appelé aussi « bullet cluster ») se déplace à 4500km/s vers un autre amas, et est situé à 4 milliards d'al.
Les gaz chauds détectés par Chandra  dans le domaine des rayons X apparaissent en rose sur la photo et contiennent la plupart de la matière normale ou baryonique des deux amas.
Le nuage bleu sur la droite en forme de balle de fusil (d'où le nom de bullet cluster) est le gaz chaud (matière noire) d'un des amas qui est passé au travers des gaz chauds de l'autre amas pendant la collision, de même pour le nuage bleu de gauche.
 
 
Une autre méthode dérivée de la première s’appelle la méthode des micro lentilles gravitationnelles (weak lensing ou cosmic shear en anglais). Elle est plus fine que l’effet lentille gravitationnelle normal et ne concerne généralement que l’effet de lentille entre étoiles (et non pas entre galaxies, effet lentille fort). Dans ce cas la lentille est de taille stellaire, c’est l’effet « micro » lentille.
Cette technique de microlentille requiert des configurations géométriques très spécifiques et très rares, mais permet de déterminer aussi la forme d’une étoile distante.
 
 
Des programmes de recherche de matière noire ont été lancés notamment en France et aux USA avec les programmes EROS (acronyme de Expérience pour la Recherche d’Objets Sombres ) et MACHO (Massive Compact Halo Objects) des années 1990.
 
 
 
 
Ces deux campagnes d’observations, montrent que les étoiles de matière sombre ne représentent pas plus de 10% de la matière noire.
Il semble donc que la matière noire ne soit pas faite de matière « classique » mais plutôt de particules encore à découvrir.
 
Mais alors quelle particule ?
 
·        Le Neutrino est-il un bon candidat ? Non, beaucoup trop léger.
·        Les WIMP (Weakly Interacting Massive Particle) nouvelle particule prédite par la théorie, feraient des bons candidats, on les recherche d’ailleurs au LHC.
 
 
 
Il faut maintenant pouvoir détecter ce type de particule.
 
Voici une méthode exposée par le conférencier.
 
Cette détection fait l’objet d’une âpre compétition internationale  avec notamment les sites de :
·        CDMS-I aux USA
·        Edelweiss dans le tunnel du Fréjus
·        Xenon et nombreuses autres à Gran Sasso
·        Etc..
 
 
 
 
 
Détecter les WIMPS est très difficile, car comme le nom l’indique, elles interagissent très faiblement avec la matière :
moins d’un choc par mois et par kilo.
 
On est à la limite de la détection car proche des influences des rayons cosmiques et de la radioactivité naturelle.
C’est pour cette raison qu’il faut s’enterrer le plus profond possible comme toutes les expériences actuelles et purifier les matériaux détecteur le plus possible.
 
 
 
Deux expériences représentatives de ces tentatives :
·        Edelweiss (très bel acronyme de Expérience pour DEtecter Les Wimps En Site Souterrain) (française) et
·        CDMS (Cryogenic Dark  Matter Search ) (USA).
 
Les détecteurs d’Edelweiss, comportent des matériaux extrêmement purs (Ge, Cu, Teflon) et sont à une température d’un centième de degré K (un des endroits le plus froid de l’Univers !!).
 
Les détecteurs d’Edelweiss commencent à explorer les WIMPS.
 
 
 
 
 
 
LA GRAVITE RÉPULSIVE : L’ÉNERGIE SOMBRE.
 
 
 
Et c’est en parlant de l’énergie noire, cette énergie répulsive (contre la gravité) que notre conférencier termine son intervention.
 
Une accélération de l'expansion de l'Univers, a été mise en évidence récemment; et ceci en se basant sur la mesure de distances des Super Novæ de type SN Ia, celles-ci sont très recherchées par les astronomes, car elles servent de bornes kilométriques dans l’espace (on dit chandelles standard ou « standard candles » en anglais).
On serait soumis à une force ou une énergie qui s’opposerait à la gravitation et qui serait donc repoussante
Il semble donc que l'expansion de l'Univers ait été freinée par la gravité pendant les premiers milliards d'années, et se soit mis à accélérer il y a entre 5 et 8 milliards d'années jusqu'à maintenant.
 
Cette énergie noire qui doit être énorme, baigne tout l’univers
 
 
 
 
 
CONCLUSION.
 
La matière ordinaire ne représente que 4% de la densité de l’Univers.
 
Les particules constituants la matière noire doivent encore être découvertes.
 
La gravité « répulsive » (énergie sombre) a été une vraie surprise.
 
Bref, de nouveaux chantiers sont ouverts, et beaucoup d’énigmes doivent être résolues, s’est-on trompé ?
Y-a-t-il un aspect essentiel de l’Univers que nous n’avons pas compris ??
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
À lire ces ouvrages de G Chardin :
 
L'Antimatière : La matière qui remonte le temps chez Pommier en poche.
 
Le LHC peut-il produire des trous noirs (avec M Spiro) chez Pommier en poche.
 
Sites Internet intéressants :
 
La pâle lumière de la matière noire, CR de la conférence de GF Bertone à l’IAP.
 
Matière noire et dynamique des galaxies CR de la conférence de F Combes à la SAF.
 
L’Univers sombre traqué par les micro lentilles CR de la conférence de Y Mellier à la SAF.
 
Matière et énergie sombres, CR de la conférence de H Reeves aux RCE 2004.
 
L’énigme de la matière noire CR de la conférence d’A Bouquet aux RCE 2004.
 
Berkeley explique les différences entre weak et strong lensing.
 
La face obscure de l’Univers présentation de N Palanque Delabrouille du CEA. Très intéressant et clair.
 
Recherche de matière noire par l'expérience Edelweiss  par L Chabert de l’IPN Lyon.
 
Eros lève le voile sur les petites étoiles par le CEA.
 
La matière noire dans l’Univers présentation par Lamblin.
 
Énergie sombre et espérance de vie de l’Univers, dans cet astronews.
 
 
Bon ciel à tous
 
 
Jean Pierre Martin   commission de cosmologie de la SAF
www.planetastronomy.com
Abonnez-vous gratuitement aux astronews du site en envoyant votre nom et e-mail.