Mise à jour le 16Septembre 2011
 
 
CONFÉRENCE MENSUELLE DE LA SAF
EN PARTENARIAT AVEC L'OBSERVATOIRE DE PARIS
"LE VERRIER, DE NEPTUNE À ÉOLE"
Par James LEQUEUX
Astronome, historien de l’Astronomie Observatoire de Paris.
Au FIAP, 30 rue Cabanis, 75014 Paris (métro Glacière).
Le Mercredi 14 Septembre 2011 à 20H30
 
Photos : JPM. pour l'ambiance (les photos avec plus de résolution peuvent m'être demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur.  Voir les crédits des autres photos et des animations.
(James Lequeux a eu la gentillesse de nous donner sa présentation complète (elle est disponible sur ma liaison ftp et s'appelle.
Lequeux-Le Verrier-SAF.ppt elle est dans le dossier CONF-MENSUELLES-SAF/ saison 2011/2012)
 
Ceux qui n'ont pas les mots de passe doivent me contacter avant.
 
Le compte rendu sera succinct étant donné que la présentation est disponible au téléchargement.
 
 
 
 
 
 
 
James Lequeux, ancien élève de Normale Sup’, a eu de nombreuses fonctions au niveau Astronomie : directeur de Nançay puis de l’Observatoire de Marseille ensuite en poste à Meudon.
 
Durant cette période, il est commissaire de trois grandes expositions exceptionnelles , dont une est consacrée à Léon Foucault et l'autre à François Arago.
 
Il a aussi eu une fonction très importante en tant que rédacteur en chef de la célèbre revue Astronomy and Astrophysics.
 
Il s’est ensuite consacré à l’histoire des sciences en publiant diverses biographies (voir liste à la fin de cet article).
 
Ce soir il nous parle d’Urbain Le Verier, connu comme découvreur de Neptune, mais moins connu comme initiateur de la météorologie moderne.
 
 
 
 
URBAIN JEAN JOSEPH LE VERRIER.
 
Voici un court CV de notre célèbre savant :
 
•Né à Saint-Lô (Manche) le 11 mars 1811
•Élève de l’École polytechnique 1831-1833 après un premier échec
•Il choisit le corps de l’Administration des tabacs 1833-1836
•Répétiteur d’astronomie à l’École polytechnique 1837-1846, il n’y avait pas d’autres candidats ! il fait des merveilles, c’est le meilleur en mécanique céleste !
•Découverte de Neptune en 1846
•Professeur à la Sorbonne, Membre de l’Académie des sciences 1846
•Professeur à l’École polytechnique, Député de la Manche 1849-1851
•Sénateur de l’Empire 1852, il est nommé par Napoléon III
•Président du Conseil général de la Manche 1852-1854 et 1857-1869
•Directeur de l’Observatoire de Paris 1854-1870 et 1872-1877
•Mort à Paris le 23 septembre 1877
 
 
LA DÉCOUVERTE DE NEPTUNE.
 
C’est Alexis Bouvard, astronome à l’Observatoire de Paris, qui le premier découvre des anomalies dans l’orbite d’Uranus ; cela est dû pense-t-il à la présence d’une « planète troublante ».
Arago, responsable de l’Observatoire, charge Le Verrier, de résoudre ce problème.
Il va le résoudre en un temps record : un an.
 
Il donne une position précise de cette nouvelle planète, mais malheureusement, à Paris, on ne possède pas une carte précise de la région du ciel concernée.
On contacte alors les collègues de Berlin, et c’est presque immédiatement que Johann Gottfried Galle confirme la présence de cette nouvelle planète.
 
 
Le Verrier a eu beaucoup de chance, car son hypothèse de départ sur la position de Neptune était assez inexacte; il était parti de la loi empirique de Titius Bode, et la distance de départ était un peu trop grande, comme on le voit sur le graphique ci-contre.
 
Mais sa chance a été que la recherche s’est produite dans la partie de l’orbite relativement proche de l’orbite vraie.
 
La recherche de cette nouvelle planète était dans l’air du temps, le célèbre mathématicien, Bessel s’est attaqué au problème, mais il meurt prématurément, John Couch Adams, le britannique cherchait aussi, et il semble avoir résolu le problème avant Le Verrier, mais sa timidité maladive couplée à beaucoup de malchance, ne lui ont pas permis de convaincre les autorités de l’époque (notamment l’astronome royal Airy) de procéder à des observations.
Cela donnera naissance plus tard, à de nombreuses controverses.
 
 
 
 
LA CÉLÉBRITÉ.
 
Dès l’annonce de la découverte de Neptune en 1846, Le Verrier devient très célèbre, ce qui conforta son côté arrogant et ambitieux.
 
 
Il essaie de faire chasser Arago (voir portrait à gauche) de l’Observatoire, mais celui-ci est un aussi un homme politique de gauche très influent ; en effet suite à la révolution de 1848, Arago occupe de hautes fonctions.
 
Donc Le Verrier, n’arrive pas à se débarrasser d’Arago, ce ne sera que partie remise !
 
À la mort d’Arago en 1854, il ne fait plus de doute que l’Observatoire va revenir à Le Verrier, astronome le plus célèbre de France.
Il est nommé Directeur par Napoléon III dont il est un intime.
 
 
 
 
 
LE BILAN LE VERRIER À L’OBSERVATOIRE.
 
Le Verrier était absolument odieux comme on dirait maintenant; il était détesté par tous ses collaborateurs, c’était un vrai dictateur !
Il ne s’intéressait qu’à la mécanique céleste et abandonna tous les efforts d’Arago en astrophysique.
 
Voilà comment J Lequeux résume les plus et les moins de l’époque Le Verrier à l’Observatoire.
 
 
Les bons points:
Embauche de Léon Foucault, qui invente le télescope moderne et mesure la vitesse de la lumière
Développement de l’Observatoire de Marseille « succursale de l’Observatoire de Paris » (1863; télescope de 80 cm en 1864)
Création de la météorologie moderne
 
 Les mauvais points:
Un directeur odieux
Pas d’astrophysique
Pas de chance avec les grands instruments (lunette de 38cm, télescope de 120cm…)
 
Il mit plus de 60 astronomes (dont Flammarion) ou techniciens à la porte sous divers motifs.
 
 
 
Le mécontentement des astronomes qui présentent leur démission collective, va lui coûter son poste, il est révoqué sèchement le 5 Février 1870 et remplacé par Delaunay, qui était avant président du Bureau des Longitudes.
 
Photo de la lettre de révocation (crédit DB).
 
 
Mais Delaunay meurt en 1872 et comme Le Verrier était au mieux avec Thiers (Président de la République), il est réintégré Directeur de l’Observatoire, mais cette fois-ci on lui adjoint un conseil de surveillance.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
L’INVENTEUR DE LA MÉTÉO MODERNE.
 
 
Quelque soient les énormes défauts de Le Verrier, il faut reconnaître son talent d’organisateur et surtout d’avoir eu l’idée de rassembler toutes les informations concernant les données météorologiques.
Les prévisions météo n’existaient pas à l’époque et ce fut l’événement tragique de la perte de la flotte devant Sébastopol à cause d’une énorme tempête, qui fut l’élément déclencheur d’essayer d’effectuer des prévisions.
 
 
À partir de 1856, il commence à centraliser les données météo (grâce au télégraphe) et publie les premières cartes, un bulletin météo qui va être repris par les journaux.
 
Quelques années plus tard, il publie les premières prévisions météorologiques.
 
Il relie ensuite les stations météo européennes.
 
Et en 1868, il crée le bureau central météorologique.
 
Bref un précurseur génial.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
EN CONCLUSION.
 
 
En plus de la découverte de Mercure, on doit à Le Verrier une théorie du mouvement des planètes qui sera utilisée très longtemps.
 
Il met en évidence l’avance du périhélie de Mercure, évidemment, ne soupçonnant pas les lois de la relativité que trouvera Einstein plus tard, il imagine l’existence d’une planète (Vulcain !) entre le Soleil et Mercure.
 
Il met au point une théorie du climat.
 
Bref un vrai savant, dommage qu’il ait eut un caractère si odieux.
 
À sa mort on lui érige une statue mais on ne trouve pas de place pour la mettre, elle finira à l’entrée de l’Observatoire de Paris.
 
 
 
 
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN.
 
James Lequeux est un auteur très prolifique, voici quelques ouvrages.
 
J. Lequeux, Le Verrier : Savant magnifique et détesté. EDP Sciences, 2009
 
J. Lequeux. François Arago, un savant généreux : Physique et astronomie au XIXe siècle. EDP Sciences, 2008.
 
J. Lequeux. Naissance, vie et mort des étoiles. EDP Sciences 2011,
 
J. Lequeux, L'Univers dévoilé : Une histoire de l'astronomie de 1910 à aujourd'hui. EDP Sciences, 2005.
 
W. Tobin. Léon Foucault. Le miroir et le pendule. EDP Sciences, 2002. Traduction par J. Lequeux.
 
 
 
Visite de l’exposition Le Verrier à l’Observatoire de Paris.
 
 
Une biographie de Le Verrier sur Internet par Cosmovisions et par les archives de France.
 
Flammarion et Le Verrier.
 
Le Verrier et la météo.
 
Urbain Le Verrier et la naissance du réseau météorologique français
 
 
 
 
 
 
 
Bon ciel à tous
 
 
Jean Pierre Martin   Président de la commission de cosmologie de la SAF
www.planetastronomy.com
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