Mise à jour le 6 Décembre 2013
 
CONFÉRENCE
«LE MÉTIER D’ASTRONOME :
DU CHAPEAU POINTU À LA SALLE DE CONTRÔLE»
Par Laurent VIGROUX Directeur de l’IAP
Organisée par l'IAP
98 bis Bd Arago, Paris 14ème
 
Le mardi 3 Décembre 2013 à 19H30
 
Photos : JPM. pour l'ambiance (les photos avec plus de résolution peuvent m'être demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur.  Voir les crédits des autres photos
Vidéo de la conférence par Canal U (ce n’est plus le CERIMES) disponible sur leur site quelques jours après (Canal U  propose aussi toutes les vidéos des conférences IAP) :    
voir :  http://www.canal-u.tv/auteurs/institut_d_astrophysique_de_paris_iap/videos#element_2
 
 
 
BREF COMPTE RENDU
 
 
 
 
 
 
 
Laurent Vigroux, astrophysicien, est directeur de l’IAP depuis 2005, il entame sa dernière année à ce poste et sera remplacé par Francis Bernardeau l’année prochaine. Tous deux sont passés par le CEA Saclay.
 
L. Vigroux a commencé sa carrière à Orsay dans la physique des particules  puis a rejoint le CEA Saclay qu’il quitte en 2005 pour prendre son poste à l’IAP. Il s’intéresse particulièrement au développement des instruments astrophysiques comme les CCD.
 
Il devient responsable d’instruments à bord de nombreux télescopes spatiaux comme ISO, XMM, Integral et Herschel.
 
Il évoque ce soir le profond changement qui touche le métier d’astronome.
 
 
 
 
 
En introduction, il nous montre ce que l’on obtient en tapant « astronome » sur le moteur de recherches Google.
 
Édifiant ! Beaucoup de représentation sont pas très sérieuses.
 
 
En fait contrairement à ce que l’on croit, c’est astronome le plus vieux métier du monde !
 
 
 
 
 
 
Ce métier a profondément évolué au cours du temps, ce que nous allons voir maintenant.
 
En effet on n’est plus à l’époque où les astronomes étaient représentés avec un chapeau pointu, et joignant le geste (courageux) à la parole, Laurent Vigoux nous fait assister à un moment mémorable où il se pare de l’ornement dont il nous parlait ; et j’ai réussi à immortaliser cet instant !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cette présentation comporte 4 parties qui pourraient par moment se chevaucher :
1-     Le Mage
2-    L’Aventurier
3-    L’astronome avec son télescope
4-    L’astronome sans son télescope
 
 
1- LE MAGE.
 
Dans les temps anciens l’astronomie était toujours lié à la religion et à l’astrologie.
Mais à l’époque des Grecs, on commence à faire la distinction entre astronomie et astrologie.
Les Grecs sont d’excellents astronomes qui ont établi des notions fondamentales, dont certaines seront oubliées pendant un millénaire : invention de l’astrolabe, mesure de la courbure de la Terre et de sa taille , catalogue de 1000 étoiles, héliocentrisme pour certains Grecs, publication de l’Almageste etc…
 
L’astronomie chinois a une fonction politique et religieuse, car l’Empereur est le fils du ciel !
On notera vers 660 la carte de Dunhuang qui cataloguera 1300 étoiles.
 
 
 
C’est surtout avec les musulmans que l’astronomie prend son essor, car il faut être capable de résoudre des problèmes d’ordre religieux comme de déterminer la direction de La Mecque, le début et la fin du Ramadan, et les heures de prières etc..
 
Cela a induit des progrès en trigonométrie et dans les méthodes de mesures. Un grand astronome du Xème siècle : Al Soufi.
 
Photo : Observatoire de Jaipur (Inde)
 
 
 
 
 
À la même époque, en Europe il ne se passe pas grand chose, c’est plutôt l’astrologie qui règne.
Mais progressivement les travaux grecs sont propagés par les astronomes arabes en Europe via l’Espagne en partie conquise.
 
Le 17ème siècle voit le début de l’astronomie moderne avec la cartographie des étoiles et publication de catalogues comme celui du fameux Bonner Durchmusterung (BD) qui répertorie près de 325.000 étoiles !
Son successeur sera bientôt celui de Gaia qui devrait scruter 1 milliard d’étoiles soit 1% de toutes les étoiles de notre Galaxie.
 
 
 
 
 
 
2- LES AVENTURIERS.
 
 
Le 18ème siècle fait la part belle aux expéditions scientifiques dans tous les coins du monde pour effectuer des mesures astronomiques, comme des mesures de distances, et des études d’éclipses.
 
 
C’est principalement à l’occasion du transit de Vénus de 1761 et 1769 que de multiples expéditions internationales sont menées afin de déterminer la distance de la Terre au Soleil, en effet à l’époque les lois de Kepler nous donnent bien les proportions du système solaire mais on n’a aucune indication de distance absolue.
 
Une méthode ingénieuse mise au point par E Halley, permet d’avoir une mesure absolue du système solaire lors du passage de Vénus devant le Soleil, phénomène extrêmement rare que nos astronomes ne doivent pas manquer.
Ces expéditions étaient à l’époque de vraies aventures, il suffit de se rappeler les expéditions de l’abbé Chappe qui s’est terminée funestement pour lui, ou du pauvre Le Gentil qui rata les deux passages de Vénus et fut considéré comme traite puis mort par son pays avant de retrouver son honneur. Finalement c’est l’équipe de savants menée par Cook qui fit les meilleurs mesures ; on avait enfin la dimension du système solaire ; il est immense !
 
Carte des différentes expéditions pour les transits de Vénus.
 
 
 
 
 
Mais même à notre époque ou pas très loin de nous, un astronome comme Jules Janssen un des fondateurs de l’observatoire de Meudon, parcoura sans cesse le monde entier (au grand désespoir de sa femme…) et fit même construire un observatoire au sommet du Mont Blanc (on l’y transportait en chaise à porteurs car il avait du mal à marcher….)
 
Cet observatoire ne résista malheureusement pas au temps et au glacier, il glissa et s’effondra.
 
Citons d’autres pionniers comme Daniel Chalonge, l’un des fondateurs de l’IAP.
 
 
 
 
 
De nombreux observatoires se construisent au sommet des montagnes comme sur :
·        La Jungfrau et sur le Gornergratt en Suisse,
·        Le pic du Midi en France
·        Le Testa Grigia en Italie etc..
 
 
3- L’ASTRONOME ET SON TÉLESCOPE.
 
Le 20ème siècle est la grande époque de construction des télescopes et maintenant de télescopes géants.
 
Listons en quelques uns parmi les plus récents :
·        les télescopes de l’ESO au Chili : La Silla, le VLT, Alma etc..
·        sur le site du Mauna Kea (4200m) à Hawaï : le CFHT , les Keck , le Subaru etc…
·        le grand télescope des Canaries, le GTC
·        et bien d’autres…
 
 
Revenons sur les différentes étapes qui jalonnent l’histoire de la réalisation d’un observatoire quelconque :
·        Recherche du site
·        Le début des travaux
·        L’équipement du site
·        Les transports et routes d’accès
·        La première lumière enfin
 
Toutes ces étapes prennent du temps , par exemple pour le VLT au Cerro Paranal la décision date de 1991 et la construction, démarre en 1999. de plus une fois construit, il faut tenir compte de la météo qui vient perturber les plannings des observations pour lesquelles les astronomes reçoivent une attribution de temps.
 
 
Les salles de contrôle deviennent de plus en plus complexes, comme on peut s’en rendre compte avec la salle de contrôle ci contre du CFHT ou sur celle du VLT.
 
 
Photo salle du CFHT de Jon Wiley.
 
Les détecteurs subissent aussi une grande révolution, on est passé des plaques photographiques aux amplificateurs d’images et maintenant aux CCD, dont certains sont énormes comme le Megacam de 340 Millions de pixels du CFHT.
Un CCD encore plus grand (3,2 milliards de Px) se construit pour le LSST.
Le traitement de ces énormes données a suivi.
 
 
 
 
 
4- L’ASTRONOME SANS SON TÉLESCOPE.
 
Au 21ème siècle, en majorité, les astronomes ne vont plus observer sur le terrain, on assiste aussi aux phénomènes suivants :
 
·        Développement d’observatoires spatiaux qui nous affranchissent de l’atmosphère.
·        Complexité de plus en plus grande des télescopes terrestres et de leurs instruments
·        Réseaux d’ordinateurs nécessaire au traitement des données de plus en plus complexe
·        Nécessité d’un personnel qualifié, une nuit d’observation au VLT coûte 50.000€
 
Déroulement typique d’une nuit d’observation d’un astronome depuis son bureau :
 
·        L’astronome rédige une demande d’observation à un observatoire (souvent demandeur)
·        Un jury de scientifiques étudie la demande et recommande (ou non) un temps d’observation (peu d’élus !)
·        L’observatoire introduit cette demande dans son planning d’observations
·        Les observations sont réalisées par les astronomes et ingénieurs résidents de l’observatoire et le demandeur prévenu
·        L’observatoire envoie le fichier d’observations à l’astronome demandeur
 
 
L’astronome n’a plus de « valeur ajoutée », n’est il plus indispensable ?
 
 
En ce début de 21ème siècle, il y a deux classes d’astronomes :
 
·        L’astronome « en chambre » qui ne quitte pas son labo
·        L’astronome de « terrain » qui procède aux observations et éventuellement à la construction d’observatoires
 
Mais, comme le signale Laurent Vigroux, certains astronomes font de la résistance dans des domaines particuliers par exemple, comme les observations au Pôle Sud (Ice Cube…)
 
Les futurs observatoires :
 
·        L’EELT européen de 40m
·        L’ALMA avec ses 64 radio télescopes.
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
 
Les aventuriers de l’Astronomie : CR de la conf. de JPM au Planétarium de Bretagne
 
Les 50 ans de l’ESO : CR de la conf IAP de D Kunth du 18 Dec 2012
 
La transmission de l’astronomie antique : CR de la conf IAP de D Savoie du 4 Janv 2011
 
La longitude, muse oubliée de l’astronomie : CR de la conf d’A. Giraud à l’IAP le 14 Juin 2011
 
Un télescope géant pour l'Europe : CR de la conférence IAP du 5 Sept par G Monnet
 
Le rendez vous de Vénus de JP Luminet, extraits.
 
La mesure des distances ds le S Sol. au 17ème : CR conf SAF de Ch Vilain du 12 Sept 2012
 
De Hipparcos à Gaia : CR de la conférence de C Turon à la SAF du 10 Avril 2008
 
Astronomie en Antarctique : CR de la conf. De V Coudé à la SAF
 
50 ans d'Astronomie : conférence d'A Dollfus à Plaisir le 24 Février 2006
 
Livre sur Jules Janssen par F Launay.
 
 
 
 
Bon ciel à tous !
 
Jean Pierre Martin .Commission de Cosmologie de la SAF.
www.planetastronomy.com
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