LANCEMENT DU NOUVEAU TÉLESCOPE SPATIAL JAMES WEBB.
ENFIN, ENFIN LE JWST EST PARTI VERS SON DESTIN !
·
Rappel sur ce télescope spatial
·
Le télescope dans son ensemble
·
Le pré-lancement et le lancement
(Tiré de nombreux articles que j’ai publiés sur mon site
www.planetastronomy.com
précédemment)
Après de nombreux accidents de parcours, augmentations de budget et reports de
lancement répartis sur près de 30 ans, le
successeur direct de Hubble, le télescope spatial James
Webb (du
nom du célèbre administrateur de la NASA de l’époque Apollo), un projet mené
dans le cadre d’une coopération internationale associant la NASA, l’ESA et
l’Agence spatiale canadienne, semble être bien sur les rails.
Le lancement, reporté plusieurs fois, est maintenant prévu en 2021 d’après les
toutes récentes nouvelles de la NASA.
JWST est lancé par une Ariane 5 ECA (Étage Cryogénique version A) de Kourou, et
sera placé au point de Lagrange L2 du système Terre-Soleil (à 1,5 millions de km
de la Terre).
Pourquoi si loin ? Rendant pour le moment toute réparation impossible.
Pour des questions thermiques ; plus près il nécessiterait un système
cryogénique de refroidissement plus poussé que celui prévu, qui est un
refroidissement principalement passif.
De plus il sera ainsi loin de toute pollution lumineuse notamment IR.
Durée de vie prévue : 5 à 10 ans, due à la consommation d’ergol toutes les 3
semaines, pour maintenir l’orbite.
POURQUOI LES POINTS DE LAGRANGE SONT-ILS SI CONVOITÉS ?
Les points de Lagrange sont les points où l'ATTRACTION SOLAIRE ET L'ATTRACTION
TERRESTRE SONT EXACTEMENT COMPENSÉES PAR LA FORCE CENTRIFUGE SUR ORBITE.
Ces points sont donc fixes par rapport à l'ensemble Soleil-Terre.
Ils tournent en même temps que la Terre sur son orbite, comme on le voit sur
l’animation Gif ci-contre.
L2
est à l’abri des interférences (rayonnement, chaleur..) terrestres, lunaires et
solaires, de plus l’environnement est froid et stable, ce que l’on recherche
Les points comme L2 (c’est aussi le cas de L1 et L3) notamment sont instables,
c’est-à-dire qu’il faut de temps en temps corriger la position, en fait les
satellites effectuent une orbite en Lissajous autour de ces points tous les 6
mois
Ces orbites (perpendiculaires à l’écliptique) permettent ainsi de voir le Soleil
afin d’alimenter les panneaux solaires Mais ces points « métastables »
permettent quand même d’économiser une grande quantité de carburant.
LE WEBB EN UN COUP D’ŒIL.
LE JAMES WEBB SPACE TÉLESCOPE (JWST) |
|
Type |
Télescope spatial en IR |
Mission |
L’univers froid, les premières galaxies, les exoplanètes… |
Qui ? |
NASA, ESA et ASC (Canada) |
Dimensions |
22m x 14m x masse 6,2t |
Où |
Point de Lagrange L2 à 1,5 millions de km de la Terre |
Visibilité |
0,6 à 28 µ (un peu de visible et IR) |
Miroir |
Diamètre 6,5m (Hubble : 2,4m) en Be/Or Focale : 131m |
Resolution |
0,1 arcsec |
Temperature |
La plupart des instruments 50K, por MIRI : 6K |
Instruments |
4 : NIRCam , NIRSpec, MIRI et FGS/NIRISS |
Coût (estimé !) |
10 Milliards $ |
Maitre d’œuvre |
Northrop-Grumman et sous-traitants comme Ball, Lockheed… |
Lancement (estimé !) |
Dec 2021 après de nombreux reports. |
QUELLE EST SA MISSION ?
C’est le plus grand satellite envoyé dans l’espace à ce jour.
Plus
grand, plus performant que Hubble dont il est théoriquement le successeur, il
devrait grâce à sa vue dans le domaine infra rouge de 0,6 à 26 microns (rappel :
visible de 0,4 à 0,8 et Hubble : 0,2 à 2,4 donc un peu dans les UV et un peu
dans l’IR) nous permettre d’appréhender les premières formations de galaxies,
300 millions d’années après le Big Bang.
L’infra-rouge est un domaine correspondant aux objets froids de l’Univers,
c’est-à-dire qu’il peut pénétrer les poussières entourant les galaxies dans les
disques proto planétaires afin d’étudier ceux-ci.
Crédit : NASA
D’autre part, due au décalage vers le rouge (redshift), c’est le télescope idéal
pour ces galaxies lointaines et les premières étoiles.
C’est l’Univers profond qui est à sa portée
maintenant.
Mais sa mission ne s’arrête pas là ; il devrait aussi être capable de « voir »
des exoplanètes de type rocheux ainsi que d’analyser leurs atmosphères. Et
notamment les plus proches de nous comme le
système Trappist
découvert il y a peu et qui semble fort intéressant.
De plus il pourrait aussi s’intéresser à Mars.
Son miroir est trois fois plus grand que celui de Hubble (6,5m contre 2,4m) donc
plus lumineux.
L’ensemble du Webb fait 22m par 14m et a une masse de 6,2t.
Le budget complet de JWST a fortement évolué et devrait finalement se situer un
peu en dessous de 10 Milliards de $ !
C’est John
Mather,
du GSFC, le prix Nobel de physique qui est le responsable scientifique de ce
télescope.
C’est un spécialiste de la cosmologie et il a reçu avec son collègue George
Smoot, le prix Nobel de Physique en 2006 pour sa contribution à l’étude du bruit
de fond cosmologique (CMB) grâce aux mesures du satellite COBE.
Première lumière attendue du Webb, deux mois après sa mise à poste.
LE TÉLESCOPE DANS SON ENSEMBLE
Ball Aerospace,
célèbre firme connue pour ses succès de missions spatiales (Deep Impact etc..)
est le principal sous-traitant du télescope spatial JWST (James Webb Space
Telescope), dont le maître d'œuvre est Northrop
Grumman.
Il opèrera dans l'Infra Rouge. Pourquoi ?
Hubble a déjà défriché le chemin dans le domaine visible et le Webb s’intéresse
principalement au domaine lointain, donc touché par le décalage vers le rouge et
l’infrarouge. Les étoiles et planètes en formation sont situées au centre de
nuages opaques de poussières et de gaz et seul le rayonnement IR permet de les
pénétrer.
Il devrait aussi s’intéresser aux exoplanètes et aux signes de vie possible sur
celles-ci. Il devrait permettre de « voir » certaines exoplanètes.
Voici
une vue du télescope spatial James Webb, on reconnaît dans la partie supérieure
le miroir primaire constitué de 18 miroirs hexagonaux (3 groupes de 6 miroirs)
et le miroir secondaire.
L'ensemble constituant le télescope (OTE = Optical Telescope Element).
Derrière le miroir primaire se trouve la baie d'instruments (ISIM =Integrated
Science Instruments Module) la partie inférieure contient les protections
solaires (sunshield) qui sont 5 membranes fines de polyester chargées de garder
le reste du télescope à des basses températures.
Illustration : NASA/JWST
Le côté Soleil et Terre se trouve bien entendu du côté opposé aux miroirs, donc
vers la partie inférieure de l'image. Ces écrans servent donc bien à protéger le
télescope et ses précieux instruments de la chaleur solaire.
Sous les panneaux de protection se trouvent un jeu de panneaux solaires repliés
pour la fourniture d’énergie.
Le miroir primaire et les protections solaires sont de très loin supérieurs à ce
que la coiffe d'une fusée peut contenir, aussi un système astucieux de pliage a
été mis au point afin qu'un déploiement sans problème dans l'espace se produise.
Illustration : NASA/JWST
JWST plié comme un origami dans la coiffe d’Ariane.
Le déploiement complet prend approximativement un mois, il démarre quelques
heures après le lancement et procède étape par étape.
Le déploiement obéit à une procédure bien précise, qui est celle-ci en
simplifiée :
Autre
animation vidéo du déploiement dans l’espace :
Les différents segments du miroir primaire recouverts d’or pour
favoriser la détection d’IR Crédit: NASA/Ball Aerospace/Tinsley |
Comparaison des fenêtres de détection des trois principaux
télescopes spatiaux américains |
Le miroir primaire fait 6,5m de diamètre et est constitué de différents
segments hexagonaux identiques en Béryllium de
1,3m de diamètre, chacun pesant environ 20kg. Le Béryllium se déforme très peu
et en plus c’est un métal très léger (densité 1,8). Par contre il difficile à
usiner et toxique. Chaque segment de ce miroir a été recouvert d’un dépôt ultra
fin (120nm !) d’or par évaporation, afin d’assurer la bonne réflexion de la
lumière IR reçue. Ce dépôt est recouvert lui-même d’une fine couche de SiO2 (du
verre) pour protection. Masse du miroir seul : 625kg.
Ils sont construits par Ball Aerospace & Technologies Corp., Boulder, Colorado
Les miroirs élémentaires doivent être jointifs le plus possible, et ce ne peut
être accompli qu’à l’aide d’un système développé à cet usage et appelé Primary
Mirror Alignment and Integration Fixture effectuant
ses positionnements par pointée Laser.
Chaque segment possède sur sa face arrière six
actuateurs permettant
de modifier légèrement sa surface et sa courbure pour compenser certains effets
indésirables et permettre une mise au point parfaite.
On voit ici ce bras en train de manipuler un segment pour le mettre en place
avec les autres.
Crédit NASA/ Chris Gunn.
Les miroirs sont montés sur une structure très solide en composite de carbone.
Signalons que les miroirs sont mobiles dans une faible latitude afin de
compenser certaines erreurs de mise au point.
Le miroir complètement monté dans la salle blanche du GSFC à Greenbelt
(Maryland).
Crédits: NASA/Chris Gunn
Le système comprend aussi deux autres petits miroirs afin d’amener l’image dans
le plan focal.
On dit que ce télescope serait si précis qu’il permettrait de voir une abeille
sur la Lune et d’en mesurer sa chaleur (c’est principalement un télescope IR).
LE PARE SOLEIL. (BOUCLIER THERMIQUE)
Comme le télescope s’intéresse particulièrement aux objets IR, il va falloir que
la température des capteurs et de l’électronique ne produise pas de chaleur
détectable. Il faut donc refroidir cet ensemble capteurs-électroniques. C’est le
rôle du bouclier thermique.
IL faut maintenir une température pour la plupart des capteurs de l’ordre de
50K.
Ce refroidissement est assuré par différentes couches (5) de polymères (pliables
bien sûr aussi) de 22m de long et 12m de large.
Ce parasol de 300m2 est large comme un court de tennis. Il assure un
refroidissement passif de la partie mesure de 50K. Certains instruments
nécessitent un refroidissement cryogénique supplémentaire pour bien fonctionner.
Chaque couche de polymère (Kapton –de Dupont de Nemours- revêtu d’Alu pour la
conductibilité électrique, afin d’éliminer toute électricité statique !) est
plus froide que la couche inférieure, le vide entre les couches étant un
excellent isolant thermique.
Les deux couches les plus exposées sont en plus recouvertes de silicium servant
office de protection contre ls UV.
La face tournée vers le Soleil est exposée au maximum à 383 K, alors que la face
opposée serait opposée à 36 K, d’après les modèles employés.
Le Kapton peut tenir à des écarts de température énormes : -269°C à +400°C !).
Ces
5 couches sont beaucoup plus efficaces qu’une seule couche plus épaisse. De plus
elles sont toutes (légèrement) différentes en taille et épaisseur.
Ces couches sont résistantes, mais ne sont pas à l’abri d’un percement à cause
d’une micrométéorite, c’est pour cela qu’un processus spécial de fusion entre
différentes parties des polymères évite un déchirement à partir de ces point de
rupture.
C’est la société NeXolve qui
assemble les couches de polyester.
Photo : test des différentes couches chez Northrop Grumman, on remarque les
différentes soudures luttant ainsi contre l’augmentation de la taille d’une
déchirure.
Crédit NG
|
|
Structure du pare soleil et nature des différentes couches. D’après
“Status of the JWST sunshield and spacecraft” proceedings aug 2016.
VDA : Vapor Deposited Alu (Alu déposé sur le revetmt) |
Le pare soleil chez Northrop où les 5 couches protectrices sont
tendues pour la première fois. |
|
|
Le bouclier thermique de test déployé pour la première fois chez
Northrop Grumman cliché NASA |
Principe de la protection contre le soleil ; 5 couches d’isolants
réfléchissent la chaleur. |
Le bouclier est toujours situé face au Soleil de manière à ce que le télescope
soit toujours « à l’ombre ».
Le déploiement du parasol a été particulièrement bien étudié et vérifié afin
qu’il s’effectue correctement, sinon la mission est compromise.
Le JWST possède principalement 4 instruments :
En ce qui concerne les instruments, voici un tableau résumant leur domaine
d’utilisation en longueur d’onde.
Les 4 instruments (Near-InfraRed Imager and Slitless Spectrograph [NIRISS], Near
InfraRed Camera [NIRCam], Near InfraRed Spectrograph[NIRSpec], et Mid-Infrared
Instrument [MIRI]) offrent une complémentarité d’utilisation.
La structure qui supporte notamment ces instruments s’appelle l’ISIM (Integrated
Science Instrument Module).
L’ISIM est partagée en 3 régions :
La camera NIRCam (Near Infra Red Camera):
NIRCam est la caméra principale grand champ de JWST dans le domaine du proche
IR, de 0,6 à 5 microns.
C’est aussi un élément essentiel pour permettre l’alignement du miroir primaire
grâce à son analyseur de front d’onde.
Elle a été conçue par l’Université d’Arizona et la société Lockheed Martin.
Cette
caméra comprend deux modules redondants de 2,2x2,2 arcmin séparés de 44 arcsec.
Chaque module se répartit les longueurs d’onde entre 0,6 et 2,3 pour l’un
(SW=short wavelengths) et 2,4 à 5 microns pour l’autre (LW=long wavelengths).
Chaque détecteur du SW arrive sur 4 CCD de 2040 par 2040 pixels.
Pour celle du LW la lumière est dirigée vers un seul CCD.
Cinq filtres permettent de sélectionner les gammes de longueurs d’onde voulues.
Un mode coronographe est aussi disponible.
La NIRCam est particulièrement bien adaptée à l’étude de la formation des
premières galaxies et amas ; la formation des premières étoiles, et à l’étude
des exoplanètes et KBO.
Vue d’ensemble de la NIRCam Le chemin optique de la NIRCam est
particulièrement complexe |
Dernière phase de test de NIRCam chez Lockheed |
Le NIRSSpec (Near Infra Red Spectrograph) :
Un des instruments les plus importants est celui fourni par l’ESA, le NIRSpec
conçu pour détecter le rayonnement émis par les premières étoiles et galaxies
qui se sont formées au début de l’existence de l’Univers, quelque 300 millions
d’années après le Big Bang.
Le spectrographe décompose le rayonnement infrarouge de ces objets lointains en
fonction de ses différentes couleurs, générant ainsi un spectre qui fournira aux
scientifiques des données capitales sur la composition chimique, les propriétés
dynamiques, et l’âge de ces objets, ainsi que sur la distance qui les sépare de
la Terre. Le NIRSpec sera capable d’observer simultanément pas moins de 100 de
ces objets. Il fonctionne dans la gamme de 0,6 à 5 microns. La sélection des
objets s’effectue à l’aide de micro-volets.
La technologie
des micro-volets (microshutters en anglais) qui sont de très fines ouvertures de
l'épaisseur d'un cheveu qui devraient permettre au télescope de voir des objets
à des distances encore jamais atteintes. Le rôle de ces micro-volets est
de masquer la lumière parasite d'objets non désirés situés au premier plan.
Ces microshutters en
silicium sont un développement du Goddard Space Flight Center (GSFC), Greenbelt,
Md, USA. Chaque volet est entouré d'une boucle magnétique qui servira à l'ouvrir
ou le fermer.
Il y a 62.000 micro volets chacun mesurant 100 par 200 micron.
Ces volets sont arrangés en quatre réseaux identiques de 171 lignes par 365
colonnes, ils laissent passer la lumière vers le détecteur IR de 8 millions de
pixels. Ils devront fonctionner à 40K.
Procédure pour prendre une photo avec ce système : on va d'abord à partir de
télescope terrestre prendre une photo du coin du ciel à étudier, ensuite on va
créer un masque avec ces microvolets qui ne laissera passer que la lumière des
objets intéressants qui ira ensuite vers le détecteur. Cette philosophie est
valable car ce télescope a un grand champ de vision et que donc ses observations
peuvent contenir des millions de sources lumineuses. Ces microvolets vont donc
aider à bloquer la lumière des objets perturbateurs.
Harvey Moseley est le PI des microvolets au GSFC, d'après lui cette technologie
devrait nous permettre d'aller plus loin (dans le temps) dans la détection
d'objets, car les objets les plus brillants (les plus proches) seront masqués,
procurant ainsi un gain en sensibilité de la détection.
Le spectro imageur MIRI (Mid Infra Red Instrument):
Comme son nom l’indique, il s’intéresse plus particulièrement au domaine de l’IR
moyen (5 à 28 microns), il est dédié à :
C’est une coopération Europe/USA dont la part européenne est dirigée par l’ESA.
Le CEA (Irfu) participe activement au développement de l’imageur MIRIM de cet
ensemble. Il a 3 modes d’observation : imagerie, coronographie (différents
masques) et spectro basse résolution.
La France s’est particulièrement intéressée à MIRIM,
l’imageur de MIRI.
La coronographie (mise au point par le célèbre Bernard Lyot) est une technique
permettant d’atténuer fortement la lumière d’un objet brillant pour permettre
l’observation de son environnement (le Soleil pour sa couronne, une étoile pour
ses exoplanètes etc..).
Le LESIA a mis au point une nouvelle génération de coronographes, appelés
coronographes de phase à 4 quadrants ou QPM (Four-Quadrant
Phase Masks)
très performants.
Les détecteurs du MIRI nécessitent un refroidissement aux alentours de 6K ; un
refroidissement cryogénique doit s’ajouter au refroidissement passif. Ce
refroidissement cryogénique a plusieurs étages utilise de l’Hélium en circuit
fermé.
Image Northrop Grumann
Le refroidissement cryogénique (cryocooler) est fourni par Northrop Grumman,
plusieurs étages aboutissent enfin à une boucle JT (Joule/Thomson) permettant
d’atteindre les 6K. En régime 6K il ne consomme que 20mW.
En plus de l’imageur, un spectromètre à grand champ est prévu (MRS).
On a appris des erreurs de la mise en service de Hubble (légère anomalie de
conception du miroir), c’est la raison pour laquelle des tests organisés par des
sociétés indépendantes utilisant des procédures différentes, ont été prévus et
se sont déroulés depuis plusieurs années.
Ces nombreux tests intermédiaires ont donc eu lieu, mais attachons-nous
seulement aux derniers tests généraux avant expédition en Guyane.
Le test final de l’ensemble télescope sans le pare-soleil mais accouplé à l’ISIM
(ensemble baptisé OTIS), a eu lieu pendant trois mois, 24 heures sur 24, au
centre spatial Johnson à Houston dans l’immense chambre à vide A datant de
l’époque Apollo.
Cette
chambre refroidie et sous vide a été légèrement modifiée depuis la glorieuse
époque de la conquête lunaire. Notamment le système de refroidissement a été
amélioré (Hélium au lieu d’Azote liquide) afin d’atteindre les 37K (-236°C)
simulant ainsi les conditions spatiales du télescope. Quelques semaines sont
nécessaires pour descendre en température, idem pour retourner à l’ambiance..
C’est le plus grand banc de test cryogénique du monde : 16,8m de diamètre, 27,4m
de haut, la porte a un diamètre de 12m et pèse 40 tonnes !
Une salle blanche attenante garantit le degré de propreté requis. Les tests ont
été un succès, une équipe française avait d’ailleurs participé à ces tests.
Photo : sortie de OTIS à la fin des tests cryogéniques à Houston
Crédit : NASA/Chris Gunn.
Le déploiement du pare soleil aussi été testé complètement chez Grumman ; les 5
couches ont été dépliées et séparées suivant la procédure qui doit se produire
dans l’espace. Ce test a pris plusieurs jours comme cela devrait être le cas en
orbite. Le test sur Terre est compliqué par la présence de la gravité, il a
fallu supporter l’ensemble des couches sur une structure prévue.
Le déploiement du pare soleil nécessite l’action d’une centaine de micromoteurs
qui doivent être déclenchés suivant un ordre bien précis.
Crédit: Northrop Grumman/Alex Evers
Le dernier test de déploiement en vidéo en accéléré :
https://youtu.be/SyttX8x1OUk
Une autre
photo intéressante
de ce test.
Une fois ces tests effectués avec succès, OTIS a été envoyé chez Grumman en
Californie pour être associé au pare-soleil et former ainsi l’ensemble JWST.
Arrivée en Février 2018 en Californie pour assemblage prévu Septembre 2018 et
expédition (théoriquement) à Kourou fin d’année.
LE PRÉ-LANCEMENT ET LE LANCEMENT.
Le Webb est envoyé à Kourou enfin à la fin de l’été 2021. Le JWST voyage en
bateau vers son site de lancement, en effet, un voyage en avion aurait été
problématique à l’arrivée.
Le reste du parcours de l’aéroport de Cayenne à Kourou aurait été plus difficile
à surmonter pour ses fragiles instruments et aussi le passage de nombreux ponts
aurait été problématique, c’est la raison pour laquelle on a choisi le transport
par bateau.
Finalement le télescope est arrivé au port de Pariacabo le 12 Octobre 2021.
Son container de 30 m de long (70 tonnes) est placé à bord du MN Colobri qui a
voyagé depuis la Californie et le canal de Panama jusqu’à la Guyane. L’avantage
de ce port, c’est qu’il est situé à Kourou, près du site de lancement, il n’y a
plus qu’à décharger l’ensemble et à l’amener sur site.
Le lancement a été reporté un très grand nombre de fois (je ne compte plus !),
et voilà que maintenant une fois arrivé à Kourou, un « incident » reporte son
lancement prévu le 18 décembre 2021 au 22 décembre.
Après vérification, la date du 22 Décembre 2021 est maintenue.
(Erreur changement de dernière minute : 24 décembre ! Et maintenant 25
Décembre !)
Photo : remplissage des ergols du Webb dans le hangar spécialisé à Kourou. Ces
ergols (hydrazine et tétroxyde d’azote) sont particulièrement dangereux et
corrosifs. C’est la raison pour laquelle les techniciens revêtent des
combinaisons spéciales.
Crédit : ESA/CNES/Arianespace.
Ensuite on place le télescope au sommet d’Ariane dans la coiffe.
On voit sur la photo le Webb en train d’être solidarisé de la coiffe (coiffe non
visible sur cette photo).
Crédit photo : ESA-Manuel Pedoussaut
Vue du Webb qui va être monté dans la coiffe et solidarisé du dernier étage
d’Ariane 5.
Photo : ESA-Manuel Pedoussaut
Encore un petit dernier retard, on apprend que c’est maintenant le 25
Décembre !!
Ce sera à 13h20 heure de Paris.
Le lancement a été parfaitement exécuté le 25 Décembre 2021. Plus de détails
dans les prochaines éditions.
On vous tiendra au courant de l’évolution de ce voyage jusqu’à l’arrivée en L2.
Pour le moment ce que l’on peut dire :
Une fois lancé de Kourou, le Webb va prendre un mois pour arriver à sa position
orbitale choisie (L2) à 1,5 millions de km de la Terre.
Pendant son trajet, il va se déployer progressivement suivant un programme bien
déterminé (voir plus haut).
J’ai noté qu’il y avait 189 pièces de déploiement et que le télescope devait
s’ouvrir avant que les articulations ne gèlent !
On pense commencer à utiliser le Webb six mois après son lancement.
Le voyage du Webb à L2. Crédit : ESA.
On attend beaucoup de ce nouveau télescope, mais, attention, ses photos seront
principalement des photos de zones prises en IR (proche et moyen)
et ne ressembleront
peut-être pas à celles de Hubble (prises la plupart dans le visible).
Alors laissons-nous surprendre, cela devrait intervenir approximativement 6 mois
après le lancement et après de nombreuses répétitions.
Le télescope James Webb est effectivement d’un nouveau type complètement
novateur, mais d’une complexité extrême due au fait de sa taille qui nécessite
un pliage ultra sophistiqué.
Le déploiement dans l’espace est un processus, lui aussi complexe où la moindre
vis ou goupille de travers rendrait la mission finie avant d’avoir commencée.
Signalons aussi que ce qui avait été l’avantage de Hubble (la proximité
terrestre permettant des opérations de dépannage) est pour le JWST un
inconvénient vue son éloignement.
C’est un pari risqué pour la NASA qui joue sa crédibilité encore une fois.
Toute la communauté scientifique espère que tout se passera sans problème.
Souhaitons bonne chance à ce nouveau télescope spatial.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Les vidéos les plus intéressantes :
An Introduction to the James Webb Space Telescope Mission
La NASA divulgue
une vidéo de
65 MB (donc lourde) sur le déploiement et sur la fabrication des miroirs en
Béryllium.
Test du déploiement du pare soleil en
juillet 2014 chez Northrop (une
version plus courte)
Vidéo du placement du télescope dans
la cuve de Houston et alignement des miroirs.
Une autre vidéo en
timelapse du placement dans la cuve de Houston.
Les vidéos sur le JWST que
l’on peut télécharger de la NASA.
Les sites Internet.
L’actualité du JWST sur
votre site préféré.
JWST (James Webb Space Telescope) par
Earth Observatory. Très complet.
The beginnings of everything…The James Webb Space Telescope par
John Mather
James Webb Space Telescope User Documentation
Sunshield layers fully integrated on NASA's James Webb Space Telescope par
NeXolve
The Amazing Anatomy of James Webb Space Telescope Mirrors par
le GSFC
NASA Webb Telescope Mirrors Installed with Robotic Arm Precision par
la NASA
Quelle quantité de ciel le JWST peut-il voir?
100 fois plus puissant que Hubble, le télescope spatial Webb sera lancé en 2018 par
Sciences et Avenir
The sunshield of JWST par
le GSFC
Questions et réponses concernant le Webb.
Learn About the Universe With the James Webb Space Telescope
Sur les instruments:
Science Opportunities with the Near-IR Camera (NIRCam) on the James Webb Space
Telescope (JWST)
NIRCam for the James Webb Space Telescope
NIRSPEC – the near-infrared spectrograph on JWST par
l’ESA
MIRI Cryocooler par
la NASA
MIRI : une caméra infrarouge à bord du JWST par
le CEA (IRFU)
NASA Helps Space Telescope Camera "Squint" for a Better View of Galaxies
MIRI sur le télescope spatial JWST par
le LESIA
Northrop Grumman MIRI Cryocooler
Sur les tests:
Johnson Space Center’s Chamber A
La Vacuum Chamber A du Johnson Space Center de la NASA à Houston
Tests au Centre Spatial Johnson
James Webb Space Telescope Sunshield Test Unfolds Seamlessly
Jean Pierre MARTIN /SAF
PROCHAINE CONFÉRENCE MENSUELLE DE LA SAF :
Prochaine conférence SAF devant public :
Le mercredi 12 Janvier 2021 à 19H00 au CNAM amphi Grégoire (220 places).
Aurélie MOUSSI CNES spécialiste astéroïdes
chef projet Hayabusa/Mascot et
MMX/MIRS, nous parlera de : L’EXPLORATION
DES ASTÉROÏDES : PETITS CORPS MAIS GRANDS EXPLOITS. Réservation
comme d’habitude ou
à la SAF directement.
Transmission en direct sur le canal YouTube de la SAF
Sinon à suivre en direct :
https://youtu.be/dEYzUxHXLIg
Les conférences seront retransmises en
direct sur YouTube.