mise à jour le 28 Septembre 2007
 
     
CONFÉRENCE DÉBAT SUR
"LA SECONDE CONQUÊTE DE LA LUNE"
Animée par Gilles DAWIDOWICZ
Président de la Commission de Planétologie de la SAF
Organisée par la SAF
À FIAP, 30 rue Cabanis, 75014 Paris (métro Glacière).
 
Le Jeudi 27 Septembre 2007 à 20H15
 
 
Photos : JPM pour l'ambiance. (les photos avec plus de résolution peuvent m'être demandées directement)
Les photos des slides sont des présentations des auteurs.
 
 
 
BREF COMPTE RENDU
 
 
Les thèmes abordés seront les suivants :
- Conquête passée de la Lune,
- Panoramas & Images Apollo,
- Programmes futurs Américain, Européen et Chinois,
- Débat collégial.
Avec :
Francis Rocard (Centre National d'Études Spatiales)
Richard Heidmann (président de l'Association Planète Mars)
Philippe Coué (Société Astronomique de France)
 
 
 
C'et la première édition de la nouvelle salle de conférences de la SAF en remplacement de l'Institut Océanographique, rue St Jacques, et je dois avouer que ce fut un réel succès.
Même si cette salle moderne n'a pas le charme désuet de l'amphi de la rue St Jacques, c'est manifestement un réel gain : on trouve facilement de la place pour se garer (les places sont "sures" à cause des rondes incessantes des voitures de police (la Santé est à côté!); l'immeuble du FIAP site Jean Monnet est accueillant et son restaurant (dîner à partir de 18h30 ce qui est exceptionnel en France) très valable et d'un bon rapport qualité/prix; la salle est vaste et les fauteuils font moins mal au postérieur que ceux de l'Institut. Donc bravo la SAF on n'y a pas perdu au change!!!
 
Nos invités de qualité ont ce soir pour but de faire le point sur la conquête passée de la Lune et les nouveaux programmes surtout dans l'optique où des nations émergentes (Chine, Inde Japon) semblent se fixer notre compagne céleste comme but ultime.
 
 
Debout : Gilles Dawidowicz, le maître de cérémonie
 
Autour de la table, de gauche à droite :
R Heidmann, président de l'Association Planète Mars.
Philippe Coué, Société Astronomique de France.
Francis Rocard, Centre National d'Études Spatiales.
 
Olivier de Goursac prévu pour ce meeting a été obligé d'effectuer un déplacement urgent et B Foing dû au changement de date, participe activement au meeting sur la Lune aux Indes.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Un nombreux public s'est présenté malgré le changement de jour et de lieu.
 
 
 
 
LA LUNE EN URSS PUIS EN RUSSIE par F Rocard.
 
C'est Francis Rocard, responsable du programme d'exploration du système solaire au Centre national d'études spatiales (CNES) qui ouvre le feu en nous parlant de l'exploration lunaire soviétique.
Cette période glorieuse a été marquée par de nombreuses premières notamment :
·        Luna 2 en 1959 : le 1er crash lunaire
·        Luna 3 aussi en 1959, la première photo (émouvante) de la face cachée de la Lune.
·        Luna 9 en 1966 le premier alunissage
·        Luna 10 le 1er satellite artificiel de la Lune.
·        Lunokhod 1 le 1er rover lunaire.
 
Les premiers succès lunaires soviétiques ont aiguillonné les américains et menèrent au fameux discours de Kennedy en 1961 qui fixa la barre très haut : déposer un homme sur la Lune et le ramener avant la fin de la décennie.
 
Les américains réagirent systématiquement avec les programmes Ranger (photo du sol lunaire de près), Lunar Orbiter (cartographier les zones d'atterrissage), Surveyor (allait on s'enfoncer dans le sol lunaire, personne ne le savait) et les vols humains Mercury; Gemini et Apollo.
 
 
Un détail peu connu révélé par F Rocard : Surveyor 6 rallume son moteur quelques secondes et effectue un saut de puce de 3m; on sait maintenant qu'on peut redécoller de la surface.
 
Un autre détail indiqué par F Rocard concernant la sonde Luna 24 : une carotte de 2m de long a été prélevée et renvoyée sur Terre.
 
 
Il y eut 29 missions lunaires soviétiques (en comptant les échecs).
 
On quitte la Lune en 1973 pour……..20 ans presque; retour très modeste avec la sonde américains Clementine en 1994, puis Lunar Prospector.
 
Les européens s'y mettent en 2003 avec la sonde à moteur ionique Smart one qui met 17 mois pour atteindre la Lune.
 
 
 
 
Une question demeure : pourquoi les soviétiques n'ont ils pas pu "avoir" la Lune??
Débat autour de cette question, voici l'avis de nos experts :
Plusieurs causes :
·        Les soviétiques n'avaient pas la technologie cryogénique (H2 et O2 liquides) qui seule pouvait donner assez de puissance pour atteindre la Lune avec des hommes.
·        L'électronique était très "basique" et ne rivalisait avec celle des américains.
·        Il y avait de grands conflits d'intérêts entre divers constructeurs de fusées soviétiques et même des projets concurrents.
 
 
 
 
LES IMAGES D'APOLLO par O de Goursac (malgré son absence).
 
Olivier qui n'a pas pu être présent ce soir nous a quand même laissé quelques images correspondant à son ouvrage en cours d'impression sur le retraitement des images originales des missions Apollo.
 
Le retraitement consiste à éliminer les croisillons originaux des images et à rétablir certaines perspectives mais aussi à essayer de rechercher les vraies couleurs. Olivier est un vrai champion reconnu mondialement pour ses œuvres photographiques.
 
 
 
 
 
Il a retraité 80 panoramas des missions lunaires et va les publier au début de 2008 aux éditions de la Martinière.
Nous aurons l'occasion d'en reparler.
 
 
 
 
 
LA LUNE EN CHINE par Philippe Coué.
 
Philippe est un grand spécialiste de l'astronautique chinoise.
 
Il nous brosse rapidement le point des divers projets spatiaux chinois.
 
Les chinois pensent à la Lune dès les années 1960, mais c'est vraiment en 1986 que Teng Tsiao Ping lance le programme avec le projet 863.
 
Le démarrage officiel date de 2003 avec le programme Chang'E, nom de la déesse lunaire chinoise.
 
Les différentes personnalités qui comptent pour le spatial chinois sont :
·        Ye Peijian concepteur des sondes lunaires (cast)
·        Luan Enjie commandant en chef du programme lunaire
·        Ouyang Ziyuan de l'académie des sciences.
 
 
 
Le programme Chang'E 1 est une reconnaissance de la Lune pendant un an, son lancement est imminent.
On devrait en plus de la cartographie étudier le sous sol lunaire et les ressources en He3.
 
Après plusieurs orbites terrestres la sonde devrait se mettre en orbite polaire autour de la Lune après 114 heures de voyage.
Son altitude : 200km.
 
La sonde emporte divers instruments scientifiques comme :
·        une caméra stéréo
·        un altimètre laser
·        un interféromètre imageur
·        un spectro X et gamma
·        divers détecteurs
 
Chang'E 2 lui est consacré à l'exploration de la surface lunaire.
 
Sera mis en ouvre des rovers de grande autonomie, dont un rover à énergie nucléaire.
 
 
L'étape suivante Chang'E 3 devrait ramener des échantillons de sol lunaire sur Terre.
Il nécessitera un lanceur lourd le modèle CZ 5 (ou Longue Marche 5).
 
 
On voit ici la fusée CZ2 (Longue Marche 2) qui lance les actuelles sondes chinoises.
 
 
 
 
 
 
En conclusion, le programme Chang'E est la première étape vers un projet spatial plus ambitieux de la découverte du système solaire et notamment Mars.
 
Les chinois participent à une mission conjointe avec les russes : mission Phobos.
 
D'autres missions vers les astéroïdes par exemple sont prévues.
 
Sans oublier les vols humains qui ont commencé avec les missions Shenzou dont nous avons déjà parlé.
 
 
L'intérêt de ces projets chinois est d'après Philippe Coué de relancer un certain esprit de compétition à la course spatiale qui manque depuis plusieurs décennies.
 
C'est si vrai que le nouvel administrateur de la NASA, Michael Griffin a déclaré il y a peu qu'il pensait que les Chinois seraient sur la Lune avant les Américains, on peut imaginer que cette déclaration n'est pas dénuée d'arrières pensées politiques (augmentation du budget de la NASA par exemple).
 
 
 
 
 
LA NOUVELLE DONNE DE L'EXPLORATION SPATIALE par Richard Heidmann.
 
Sous titrée aussi : la Lune, Mars et au delà…
 
Richard, président de l'association Planète Mars, et ingénieur lanceur est un fin connaisseur des programmes spatiaux américains, il a participé à l'élaboration du projet Mars direct de Zubin, le fondateur de la Mars Society.
 
Il analyse pour nous le nouveau programme spatial américain, lancé par GW Bush dans son discours de Janvier 2004.
 
Vers 2020 4 astronautes américains devraient (re) poser le pied sur la Lune et y rester un peu plus longtemps que la dernière fois dans les années 1960-70.
 
Quand on regarde avec attention le projet, cela ressemble beaucoup à Apollo.
 
 
 
 
 
Le concept Apollo était bon, on le remet au goût du jour en l'adaptant avec ce que l'on a appris de la navette; on va séparer la charge utile non humaine des hommes.
C'est la GRANDE DIFFÉRENCE AVEC APOLLO.
 
 
 
Donc on envoie d'abord une fusée (Ares V) contenant le module lunaire (Lander ou LSAM) en orbite terrestre , signalons que ce lanceur récupère un moteur J2 de la fusée Saturn V (Merci Von Braun!).
 
Ensuite on envoie les hommes (quatre, tout augmente!) à bord d'une capsule Apollo améliorée, 5m au lieu de 3,9m pour Apollo (appelée Orion, anciennement CEV) au sommet d'une nouvelle fusée : Ares I qui récupère quelques parties de fusée de la navette.
Un module de service est attaché à cette capsule.
 
Le retour sur Terre s'effectue sur terre ferme grâce à des airbags (les missions porte avions coûtent trop cher.
 
 
 
 
Cette capsule devrait aussi à terme servir d'engin de liaison avec l'ISS elle pourrait dans ce cas emporter 4 à 6 hommes à partir de 2014, à la fin de la navette (programmée plus tôt vers 2010).
 
Certains l'imagine aussi comme véhicule de transfert martien et retour sur Terre.
 
 
 
Ces "nouveaux" lanceurs seront dérivés des lanceurs actuels de la navette comme nous allons voir; ça c'est bien, au moins on amortit les dépenses effectuées précédemment.
 
Voir le détails et quelques images d'artistes de ce programme dans ce précédent astronews.
 
 
 
 
 
Le projet à terme est d'établir une base lunaire à base de "bidons" standards, qui pourraient d'ailleurs être fournis par des non américains, les lanceurs et atterrisseurs restant 100% NASA.
 
Une telle base lunaire (contestée car établie par principe en un point fixe empêchant d'explorer différents endroits de la Lune) ne se conçoit que vers le Pôle Sud, en certains endroits particuliers où la nuit lunaire est la plus courte; il serait en effet dommage de rester la moitié du temps (14 jours) dans l'ombre.
 
 
 
 
 
 
D'autre part on pense que dans certains cratères lunaires de cette région, il y aurait de la glace d'eau dans les zones en permanence à l'ombre empêchant ainsi la sublimation de la glace (provenance cométaire).
 
 
 
Quels sont les avantages d'une (nouvelle) mission lunaire?
·        Incontestablement la proximité et la facilité des communications
·        Attrait scientifique ; on poursuit l'étude de notre compagne
·        Peut être considérée comme un site d'essai pour de futures missions martiennes
·        L'intérêt du public sera relancé (on l'espère, ou alors risque de déjà vu?)
·        Les retombées industrielles ne sont pas encore quantifiées.
 
 
Mais ce projet comporte aussi des risques que nous liste Richard :
·        Les USA peuvent s'arrêter en cours de route au stade Orion et Ares I pour faire des économies; ce qu'un Président a fait, un autre peut le défaire!
·        Les deadlines sont très lointains, Kennedy avait promis la Lune en moins de 10 ans, là il va falloir attendre la prochaine génération, serait on devenu moins bon?? Von Braun, Korolev on a besoin de vous!
·        La sécurité devrait être au rendez vous sinon on va avoir les mêmes problèmes qu'avec la navette et les lancement vont glisser dans le temps de plus en plus et le public se lasser.
 
 
Mais le point extrêmement positif, c'est comme déjà souligné par P Coué, la compétition est de retour, les puissances spatiales (Japon, Inde, Chine, Russie) ont des ambitions lunaires, tiens! L'Europe semble ne pas en avoir.
 
 
Suit une discussion avec le public sur l'intérêt discuté d'une telle mission lunaire; beaucoup d'avis négatifs.
 
 
 
On n'a pas le temps de traiter du programme japonais, dommage, mais on peut consulter ce que j'ai écrit là dessus pour se faire une opinion sur cette nation volontariste.
 
 
 
 
 
 
 
Mon avis personnel : j'ai vécu de A à Z la conquête de la Lune, c'était une période fabuleuse et excitante.
 
Je ne suis pas sûr que l'on soit capable de retrouver cet esprit, je ne suis pas sûr que cet argent soit bien employé, quel intérêt a t on de recopier ce que l'on a fait il y a 40 ans, je ne suis pas certain que scientifiquement on y gagne.
 
Ne faudrait il pas mieux employer cet argent pour d'autres missions, notamment martiennes ou vers des planètes lointaines, ou pour essayer de dévier certains astéroïdes tueurs?
 
Bref de toutes façons rien n'est écrit définitivement, tout est ouvert encore.
 
 
 
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN AVEC NOS INTERVENANTS :
 
Francis Rocard est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'astronomie et l'astronautique, notamment ;
 
Planète Rouge dernières nouvelles de Mars chez Dunod déjà cité sur ce site.
 
 
Philippe Coué a commis des ouvrages sur l'astronautique chinoise, notamment :
 
Cosmonautes de Chine en 2003 et
 
La Chine veut la Lune en 2007.
 
 
Richard Heidmann publie des ouvrages sur Mars, on s'en serrait douté :
 
Planète Mars une attraction irrésistible dont nous avons déjà parlé ici.
 
 
10 questions à Gilles Dawidowicz par nos amis des Astrofiles.
 
 
 
 
 
 
 
Bon ciel à tous
 
 
Jean Pierre Martin   www.planetastronomy.com
Membre de la SAF