Mise à jour le 28 Mai 2009
UNE JOURNÉE AU PIC DU MIDI
 
Le Mercredi 20 Mai 2009.
 
 
Photos : JPM. pour l'ambiance (les photos avec plus de résolution peuvent m'être demandées directement)
Voir les crédits des autres photos éventuelles.
 
 
BREF COMPTE RENDU
 
J'ai eu le plaisir grâce à de nombreux amis de pouvoir visiter, pour la première fois, notre site de montagne si emblématique, qu'est le Pic du Midi de Bigorre.  (panorama exceptionnel de plusieurs photos que j'ai mises bout à bout)
Ils nous ont aidé dans cette visite, certains très concrètement en nous faisant sillonner les 4km de tunnels du Pic.
Que soient ici remerciés Alain Nectoux, Jean Marc Abbadie, Félix Starck, Jacques-Clair Noëns, Raphaël Jimenez, Gino Farroni, Daniel et Claudette.
 
Plan de ce compte rendu:
 
L'histoire du Pic du Midi
Le télescope Bernard Lyot (TBL)
Le télescope de 1 mètre
La coupole tourelle
Le coronographe
Le musée du Pic
 
 
Tout d'abord quelques mots d'introduction.
 
 
 
 
Le Pic, cela se mérite! Il faut grimper un peu dans la montagne et s'arrêter à La Mongie altitude 1800m, où l'on prend le téléphérique (en deux parties en fait), chaque téléphérique nous fait monter de 500m rapidement (8m/s), pour arriver au Pic : 2880m.
 
Attention à cette altitude : 30% de moins d'atmosphère!!
 
Photo de l'arrivée au Pic par le dernier tronçon du téléphérique.
La grande antenne est l'antenne TDF.
 
Là haut l'air est pur et ce jour là nous avons eu la chance d'avoir un superbe temps (voir panorama précédent).
 
 
 
 
 
 
 
 
 
L'HISTOIRE DU PIC DU MIDI.
 
(Je m'inspire de l'excellent site de l'IMCCE qui relate cette histoire en détail)
 
C'est par l'astronomie que l'Observatoire du Pic du Midi a acquis sa réputation mondiale, par l'observation de la couronne solaire, la cartographie des surfaces planétaires, la détermination de la période de rotation de Vénus, la préparation de l'alunissage des missions Apollo. L'astronomie est encore à l'heure actuelle le domaine d'investigation scientifique le plus important au Pic du Midi.
Notre grand ami Audouin Dollfus, qui avait comme professeur Bernard Lyot, y a passé une grande partie de sa vie professionnelle, c'est là qu'il découvrit Janus un tout petit satellite de Saturne lors du passage par la tranche en 1966.
 
L'histoire de l'Observatoire du Pic du Midi commence en fait à environ 300 mètres en dessous du sommet, au col de Sencours, où une station météorologique provisoire est installée en 1873. Les deux meneurs de ce projet d'initiative privée, sont un général à la retraite, Charles Champion du Bois de Nansouty, et un ingénieur, Célestin-Xavier Vaussenat. Nansouty séjourne pendant huit ans au col de Sencours, où il fait des observations météorologiques de routine, et Vaussenat sillonne le pays à la recherche d'un financement pour la construction de l'Observatoire définitif.
 
La construction de l'Observatoire commence en 1878 et dure quatre ans, parce que les travaux ne peuvent se faire que pendant les quelques mois où le sommet n'est pas couvert de neige et aisément accessible à pied ou à mulet, entre la fin juillet et la mi octobre.
 
L'Observatoire est inauguré au mois d'août 1882. Ses fondateurs sont dans l'impossibilité d'assurer la gestion et l'entretien de leur oeuvre; ils en font don à l'État, à condition que celui-ci paie les frais de fonctionnement de la station.
L'État accepte cette donation. L'établissement devient un observatoire national sous l'autorité du Bureau Central Météorologique à Paris et Vaussenat devient son premier directeur. Nansouty, nommé directeur honoraire.
 
C'est au début du XXsiècle que Benjamin Baillaud, alors directeur de l'observatoire de Toulouse, décide de construire un télescope au Pic. Il connaît bien ce site et ses avantages pour avoir souvent participé à son inspection annuelle
 
Baillaud obtient alors des crédits pour la construction d'une coupole, d'un télescope de 50 centimètres de diamètre et d'une maison pour les astronomes visiteurs. Les travaux commencent après la saison d'été de 1904. En 1906, la coupole est terminée et le télescope, construit dans un atelier parisien, est amené à Bagnères par chemin de fer, puis au col du Tourmalet par char à bœufs.
De là, les caisses sont transportées au sommet par une douzaine de soldats d'un régiment d'artillerie de Tarbes.
Les difficultés sont telles que, au bout d'un mois d'efforts, ils ne parviennent qu'au col de Sencours.
Les caisses y passent l'hiver et le télescope n'est au sommet qu'en septembre 1907. Un autre été est nécessaire pour le monter et le rendre opérationnel
 
Le retour progressif vers l'astronomie se produit dans les années trente, lorsque Bernard Lyot, un astronome parisien, met au point son coronographe au Pic.
 
Cet appareil révolutionnaire sert à observer la couronne solaire en dehors des éclipses.
 
En 1935, Jules Baillaud (un des fils de Benjamin), défenseur de l'astronomie au Pic, se propose d'améliorer le télescope existant, construit par son père, et d'en réaliser un deuxième.
 
Dès sa nomination, Jules Baillaud entreprend un ambitieux programme de rénovation de l'observatoire, la construction d'un téléphérique pour résoudre les problèmes d'accès et celle d'une ligne électrique depuis la vallée pour remplacer la batterie d'accumulateurs, une source faible et peu fiable d'énergie.
Mais ces projets sont à peine ébauchés lorsque éclate la guerre; presque tout le personnel est mobilisé.
 
Photo : les Directeurs successifs du Pic du Midi.
 
 
 
La fin de la guerre voit cependant se réaliser les autres projets de Baillaud, la ligne à haute tension et le téléphérique.
La ligne à haute tension depuis la station d'Artigues est construite entre 1945 et 1949. La ligne est souterraine sur tout son parcours depuis la Mongie, pour respecter les sites classés.
 
La construction du téléphérique est précédée par celle d'un câble transporteur en 1945- 47. Ce moyen de transport provisoire est constitué d'un câble tracteur qui tire une benne à ciel ouvert soutenue par un câble porteur fixe. Il sert au transport du ravitaillement et du gros matériel pour le Pic, mais aussi des matériaux de construction du téléphérique définitif.
Par contre, à de rares exceptions près, il n'est pas utilisé pour le transport du personnel.
 
Le téléphérique, inauguré le 23 décembre 1951, marque la fin d'une époque, la fin des portages à dos d'homme en hiver et les ascensions à pied. Il bouleverse profondément la vie quotidienne au sommet.
 
Au début des années 60, la NASA fournit un télescope d'un mètre de diamètre pour cartographier la Lune et ainsi repérer des sites d'alunissage pour les missions Apollo.
 
En 1980, un télescope de deux mètres de diamètre fut installé.
 
Mais des menaces de fermeture apparaissent un peu plus tard, l'observatoire est, dit-on, trop cher et techniquement dépassé
C'est alors que Michel Blanc, directeur de l'observatoire à l'époque, propose un projet : diviser le site en deux parties : une pour les scientifiques et l'autre pour le public, avec notamment un musée.
 
 
On peut reprendre la visite maintenant.
Tout d'abord un plan de situation :
 
 
 
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LE TÉLESCOPE BERNARD LYOT (TBL) DE 2M.
 
 
Le TBL est un instrument du type Cassegrain de 2m de diamètre, c'est le plus grand en France métropolitaine.
 
Le projet TBL est né en 1964, la construction commence en 1970 et s'achève en 1972 en ce qui concerne le gros œuvre, mais s'en suit beaucoup de difficultés matérielles (acheminement des grosses pièces par camion ou hélico, puis sur un plan incliné sur 600m etc..), si bien que la première lumière n'a lieu que le 3 Juillet 1980.
 
De l'extérieur, c'est une tour haute de 28m et de 14m de diamètre.
 
Sur la tour intérieure repose le télescope, la tour extérieure sur laquelle repose la coupole, a pour fonction d'amortir les vibrations de la rotation de la coupole et les effets du vent.
 
 
Afin de stabiliser parfaitement la température dans la coupole, on n'ouvre qu'un petit opercule pour laisser passer les rayons lumineux.
 
 
 
 
 
 
(maquette du TBL)
 
 
 
 
 
 
Nos guides astronomiques au Pic : de g à d : Felix Starck de l'OMP et Alain Nectoux des OA (Observateurs Associés). En arrière plan : une copie du miroir de 2m du TBL.
Ce n'est pas facile de photographier le télescope en entier avec si peu de recul, aussi si vous cliquez sur la photo, vous pouvez voir une photo officielle prise avec un plus grand angle.
 
 
Depuis quelques années il est équipé d'un spectropolarimètre (baptisé Narval) qui étudie le magnétisme des étoiles.
 
 
C'est une copie de l'équipement qui est installé sous un autre nom (ESPADONS : Echelle SpectroPolarimetric Device for the Observation of Stars) au CFHT de Hawaï, ces deux postes d'observation étant diamétralement opposés, l'un peut prendre la succession de l'autre tout au long d'une journée, ou plutôt d'une nuit.
 
Le polarimètre remplit trois fonctions :
·        la lumière est d'abord optimisée (correcteur atmosphérique)
·        il fournit une lumière de référence pour étalonnage de l'instrument
·        la lumière est ensuite analysée en fonction de sa polarisation puis analysée spectralement
Voir plus de détails techniques sur ce site de l'OMP.
 
 
Voici le genre d'images que l'on obtient d'une étoile (ici SU Aurigae à 450 al) en combinant les informations de ces deux instruments. (attention long fichier : 6MB). (© JF Donati, MM Jardine).
 
 
 
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LE TÉLESCOPE DE 1M.
 
 
C'est en 1963, que l'on installe le télescope de 1 m, dont l'optique fut fournie par les américains (miroir de 106cm), car ils voulaient que l'on cartographie la lune pour déterminer avec précision les sites d'atterrissage des missions Apollo (voir visite du Musée).
 
Signalons aussi, qu'en 1964 eut lieu une expérience qui permis grâce à un laser de déterminer avec une précision de quelques décimètres, la distance Terre-Lune.

Équipé en caméra CCD, il est actuellement destiné à l'étude des planètes du système solaire.
 
Là aussi, peu de recul pour photographier, en cliquant sur la photo (représentant l'arrière du télescope) on peut voir une photo grand champ de ce télescope.
 
Avec ce télescope on peut mesurer dans l'axe et aussi latéralement.
 
 
 
 
 
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LA COUPOLE TOURELLE (COUPOLE JEAN RÖSCH).
 
 
On ne risque pas de la louper, en effet la coupole Jean Rösch a la forme d'une tourelle de char d'assaut, c'est normal, elle abrite une lunette avec monture équatoriale fournie pas l'arsenal de Tarbes!
 
On peut voir une photo fisheye prise de l'intérieur.
 
La coupole contient une lunette de 50 cm de diamètre avec spectrographe , elle est dédiée à l'observation de la surface du soleil (photosphère et chromosphère).

Les observations portent sur la granulation, les structures magnétiques de la photosphère et de la chromosphère, les filaments, les protubérances ou les spicules. Précision : une centaine de kilomètres.

 
 
 
En Octobre 2006 ont eu lieu la réception des premières données concernant la super granulation (mouvement horizontal des granules) de la surface solaire, dans le cadre de l'opération CALAS (CAmera for the LArge Scales of the Solar Surface)
 
 
Première Image Grand Champ et Haute Résolution de la Surface Solaire
 
C'est avec cet instrument que fut découvert l'un des phénomènes très important de la surface du soleil : les granules explosifs.
 
Il existe aussi un Héliomètre pour la détermination de l'aplatissement du soleil couplé à cette lunette.
 
 
 
 
Après une pause réparatrice au restaurant du Pic, qui est plus que correct, avec même une cuvée du Pic que je recommande; on reprend notre visite des lieux, avec le plat de résistance, le coronographe.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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LE CORONOGRAPHE.
 
Quelques mots sur l'homme Bernard Lyot, il a eu l'idée géniale dans les années 1930, de créer des éclipses artificielles en masquant le Soleil dans une lunette, mais en fait sa plus grosse découverte a été de pouvoir réduire les lumières parasites existantes en diaphragmant l'image.
 
Le coronographe était né!!!
 
Lyot est un brillant observateur, il réalise un film mythique sur les éruptions solaires : les Flammes du Soleil qui impressionne le public.
On peut voir ce film en le sélectionnant sur cette page.
 
B Lyot aura un élève qui deviendra un des plus célèbres astronomes mondiaux : A Dollfus.
 
On pouvait donc étudier la couronne solaire tous les jours et ne plus attendre les éclipses.
Une équipe d'astronomes répondait présent pour cette étude, mais très vite les problèmes budgétaires survinrent, et Jacques Clair Noëns, astronome et responsable du Service d'observation de la couronne solaire, a l'idée d'avoir recours à des observateurs bénévoles, ainsi sont nés les Observateurs Associés (OA). Mais cela ne suffisait pas, des rumeurs de fermeture commencent à courir, aussi nos amis ont-ils l'idée de recourir à un mécénat privé pour financer ces observations.
Christian Latouche, PDG de la société FIDUCIAL, s’est intéressé à cette action, il a offert son mécénat officialisé en décembre 1999 par la signature d’un contrat de parrainage.

L’association (OA) compte aujourd’hui une soixantaine de membres, ils travaillent en partenariat avec les professionnels.
 
Christian Latouche a renouvelé sa confiance aux OA et en septembre 2007, c'est l’inauguration d’un nouveau coronographe, instrument entièrement financé par l’association.
C’est le projet CLIMSO. (CLIchés Multiples du SOleil).
 
 
On y étudie plus particulièrement la surface et la couronne solaire.
Concernant le coronographe, on a fait les découvertes suivantes au Pic :
 
·        un cycle d'activité de 17 ans propre à la couronne solaire (différent du cycle de 11 ans du Soleil)
·        une asymétrie des bords du Soleil
·        que deux protubérances solaires sont diamétralement opposées
·        que les cavités coronales au dessus des protubérances évoluent avec le temps.
 
 
 
La coupole abritant le coronographe.
Coronographe CLIMSO vu de l'intérieur de la coupole. On remarque la roue porte filtres au sommet.
 
 
Le Climso possède plusieurs voies d'études (monture équatoriale) :
·        un coronographe en H alpha (couronne solaire dite "froide")
·        un coronographe en He I et Fe XIII (couronne solaire dite "chaude")
·        un coronado pour la surface solaire en H alpha
·        un coronado pour la surface solaire en Ca II (ions lourds).
 
 
Ce sont les résultats des mesures de ces 4 voies que l'on voit sur les 4 écrans  situés à la droite de JC Noëns.
De g à d et de haut en bas : Raie de He II ; raie du Ca II ; raie H alpha (couronne) ; raie H alpha (surface).
 
 
Le système Climso fournit des images via la base de données solaire française BASS2000
 
 
De g à d et de haut en bas : JC Noëns, A Nectoux; JP Martin; R Jimenez
Exemple de vue prise le jour même des éruptions solaires en H Alpha.
 
Il faut absolument voir les dernières images du Soleil sur le site très riche et très formateur du CLIMSO.
 
Les coronographes du Pic collaborent avec la mission S.O.H.O. de la N.A.S.A.
 
 
 
 
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LE MUSÉE DU PIC.
 
Sur la grande plateforme du Pic, se trouve un musée des étoiles très intéressant.
 
Il reprend bien sûr les diverses étapes de la construction de l'Observatoire avec une très belle iconographie.
 
Il explique aussi les différentes coupoles avec leurs différentes missions, donc pour ceux qui vont visiter une ou plusieurs coupoles, il vaut mieux visiter le musée, avant.
 
De nombreux panneaux sont consacrés au Soleil et à ses influences sur la Terre ainsi qu'au mouvement des diverses planètes.
 
De même le phénomène de la foudre (très présente sur ce site) est très longuement expliqué.
 
Le réseau des observateurs professionnels et amateurs mondiaux est aussi amplement décrit.
 
 
 
 
Mais la pièce la plus importante (à mes yeux) c'est l'Atlas lunaire, il a été demandé par les Américains afin de préparer le débarquement des astronautes sur la Lune.
 
Il a été édité par le célèbre G Kuiper avec les données de cinq observatoires de l'époque :
·        Mont Wilson
·        Yerkes
·        Lick
·        Mc Donald et
·        Pic du Midi
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Il se fait tard, il faut reprendre la dernière benne et retourner à des altitudes plus normales.
 
Belle journée pour une belle visite.
 
 
 
 
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POUR ALLER PLUS LOIN.
 
Sur concernant une présentation du Pic du Midi et de son environnement..
 
L'OMP présente le Pic du Midi.
 
Plus particulièrement sur l'histoire du Pic.
 
Très complet sur l'histoire du Pic du Midi par Futura Sciences:
·        Partie 1
·        Partie 2
·        Partie 3
·        Partie 4
 
Histoire de l'observatoire du Pic du Midi  par l'IMCCE.
 
Avant d'aller au Pic, consulter la webcam en direct de l'Observatoire.
 
Spectroscopie et polarimétrie solaire et stellaire, belle présentation pdf
 
Prospective PNST Lunette Jean Rösch par Th Roudier, présentation ppt.
 
Sur le Pic et sur Audouin Dollfus.
 
Dossier sur le Soleil et ses influences sur la Terre, sur ce site :
 
50 ans d'Astronomie : conférence d'A Dollfus à Plaisir le 24 Février 2006
 
Une nuit au Pic par B Lelard, présentation à Vega en Novembre 2007.

 

La revue "l'Astronomie" de la SAF, a consacré plusieurs grands articles à l'observatoire du Pic du Midi : janvier 2008, mars-avril 2007, décembre 2006, décembre 2004... et encore d'autres auparavant

 

 
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Bon ciel à tous!
 
 
Jean Pierre Martin 
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