Mise à jour le 19 Décembre 2010
 
 
    
VOYAGE D’ÉTUDE SOCIÉTÉ ASTRONOMIQUE DE FRANCE
OBSERVATOIRE DE GENÈVE ET CERN (LHC)
ORGANISÉ PAR JPM (SAF ET VEGA)

Les 14 et 15 Décembre 2010
 
Photos : JPM. et DB pour l'ambiance, de nombreuses photos ont été faites, elles sont à votre disposition (les photos avec plus de résolution peuvent m'être demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur.  Voir les crédits des autres photos et des animations éventuelles.
 
 
BREF COMPTE RENDU
 
Accès direct :
·        L’observatoire de Genève
·        Le CERN et le LHC.
 
 
 
 
Je crois que l’on a eu beaucoup de chance avec ce voyage vers Genève, en pleine période hivernale, nous sommes passés entre deux tempêtes de neige
 
 
 
LA GENÈSE DU VOYAGE.
 
 
L’origine de ce voyage remonte à il y a quelques mois, lorsque Michel Spiro nouveau Président du Conseil du CERN est venu à ma demande nous donner une superbe conférence sur le LHC et les deux infinis dans le cadre des conférences mensuelles de la SAF.
 
 
Je lui ai demandé si une visite du LHC serait possible ; il a dit qu’il y réfléchirait et après de nombreux allers et retours de mails, nous avons pu trouver une date qui devait impérativement coller avec une période de maintenance si on voulait avoir la possibilité de descendre dans le fond. C’est ainsi que les 14 et 15 Décembre furent sélectionnés.
 
Ensuite après avoir éliminé la solution TGV (très chère et pas pratique sur place) je me suis tourné vers un transporteur (Hourtoule à Plaisir) et nous avons mis au point un programme après discussion avec la SAF qui a accepté de patronner ce voyage et de gérer les chèques (merci Élisabeth et Hélène), et proposé quelques améliorations de programme (on rajoute l’Observatoire de Genève sur proposition de Philippe Morel, et c’est Roger Ferlet qui s’occupe d’organiser la visite là bas, merci à lui), le tour était joué.
 
Michel Spiro nous conseille de contacter Mick Storr au CERN pour tous les détails, et il fut de grand conseil.
 
On contacte les adhérents de la SAF, le succès est immédiat, le quota de 25 personnes est largement dépassé, et je suis obligé devant le succès d’augmenter le nombre de places, pauvre Mick que je contactais à chaque fois pour savoir si il restait des places à l’hôtel du CERN, et qui ne perdait jamais son sang froid (normal il est britannique !).
 
Bref, nous nous retrouvions à 32 dans le car et avec une douzaine d’autres personnes qui nous rejoignait directement à Genève.
 
 
 
 
 
 
Pour agrémenter le voyage, Bernard Lelard (Président de VEGA) nous propose une conférence sur ce que nous allons voir.
Nombreuses pauses pour se dégourdir les jambes
 et pour se nourrir
 
Brochures et visualisations de DVD pendant le voyage pour que nous puissions comprendre ce que nous allions voir.
 
 
 
 
 
L’OBSERVATOIRE DE GENÈVE.
 
 
 
 
Historique :
 
Cet observatoire date de 1772, depuis de nombreuses années il n’est plus utilisé comme observatoire ; comme la réputation suisse se porte sur l’horlogerie, ce centre est spécialisé dans la chronométrie.
 
En 1966 l’observatoire est situé sur le site de Sauverny au Nord Ouest de Genève en pleine forêt.
Une centaine de personnes travaillent sur ce site.
 
Signalons leur « spécialité », la recherche des exoplanètes avec notamment M Mayor et D Queloz, mais aussi Stéphane Udry (Directeur actuel de l’observatoire) qui a récemment avec son équipe découvert un système exoplanétaire de 7 planètes autour de la même étoile.
 
L’observatoire de Genève est aussi le lieu de réception des données du satellite gamma Intégral au centre ISDC situé à quelques km de Sauverny et spécialisé dans ces données concernant l’astronomie des hautes énergies.
 
Plus de détails sur la présentation de ce site sur cette page de leur site Internet.
 
Notre arrivée est saluée par le Professeur Michel Mayor (le découvreur de la première exoplanète Peg 51 avec son collègue Didier Queloz) et par Sylvia Ekström.
 
 
 
Sylvia Ekström et Michel Mayor.
L’amphithéâtre et le public de la SAF pour suivre la conférence de nos deux hôtes.
 
 
Michel Mayor et Sylvia Ekström nous expliquent tout sur les différentes méthodes de recherche des exoplanètes :
·        Méthode des vitesses radiales : on détecte le léger mouvement de l’étoile quand une planète tourne autour
·        Méthode des transits : très légère baisse de luminosité quand une planète passe devant une étoile.
 
Ces différentes techniques vous ont été excellemment expliquées par notre ami Roger Ferlet lors d’une de ses conférences à la SAF.
 
La plupart des découvertes actuelles (80%) ont été faites avec la méthode des vitesses radiales, dont une très grande partie ici à l’observatoire de Genève.
 
M Mayor nous explique aussi qu’ils ont mis au point le télescope Leonhard Euler installé à la Silla au Chili (ESO).
C’est un télescope de 1,2m utilisé en conjonction avec le spectrographe Coralie, et spécialisé surtout dans la recherche d’exoplanètes par la méthode des vitesses radiales. Il a découvert sa première planète extra solaire autour de Gliese 86.
 
L’observatoire de Genève exploite aussi le télescope Mercator, appartenant à l’Université de Louvain, situé à La Palma (Canaries).
 
De plus l’observatoire construit pour le Cerro Paranal l’instrument PRIMA qui devrait effectuer des mesures astrométriques.
 
Mais la grande affaire de M Mayor actuellement c’est le petit frère de HARPS.
 
MAIS QU’EST-CE DONC HARPS ?
 
 
Voici ce qu’en dit l’ESO :
En 1999, l’ESO a lancé un appel à projets pour la réalisation d’un spectrographe de haute résolution extrêmement précis, pour le télescope de 3,6 mètres de diamètre de l’ESO à La Silla au Chili.
Michel Mayor, de l’Observatoire de Genève, a piloté un consortium pour construire HARPS, qui fut installé en 2003.
HARPS a très vite été capable de mesurer le mouvement d’avant en arrière des étoiles en détectant les faibles variations, aussi infimes que 3,5 km/heure, de leur vitesse radiale, un rythme bien tranquille pour un piéton. Une telle précision est cruciale pour découvrir des exoplanètes .La méthode des vitesses radiales, en détectant les infimes variations de la vitesse radiale d’une étoile qui oscille faiblement du fait de la légère attraction gravitationnelle d’une exoplanète (invisible), a été la méthode de détection des exoplanètes la plus prolifique.
Pour avoir construit cet instrument, 100 nuits d’observation par an pendant cinq ans ont été attribuées au consortium HARPS pour mener l’une des plus ambitieuses recherches systématiques d’exoplanètes jamais réalisées au monde, en mesurant, à maintes reprises, la vitesse radiale de centaines d’étoiles susceptibles d’héberger des systèmes planétaires.
 
Le succès de ce programme a très vite été révélé. L’équipe de Michel Mayor a découvert, entre autres, en 2004, la première super-Terre autour de µ Ara (ESO 22/04) ; en 2006, le trio de Neptune autour de HD 69830 (ESO 18/06) ; en 2007, Gliese 581d, la première super-Terre située dans la zone habitable d’une petite étoile ESO 22/07) ; et en 2009, Gliese 581e, la plus légère des exoplanètes jamais détectées autour d’une étoile normale (ESO 15/09). Plus récemment, ils ont trouvé un monde potentiellement couvert de lave, d’une densité similaire à celle de la Terre (ESO33/09).
 
 
 
L’observatoire de Genève est en train de construire HARPS-2, jumeau du premier monté sur le 3,6m de La Silla..
 
 
Michel Mayor nous emmène le voir sous la coupole qui l’abrite maintenant.
 
Fonctionnant sous vide, d’une stabilité à toute épreuve, thermiquement contrôlé à quelques millièmes de degré près, HARPS est notre vaisseau amiral, s’enthousiasme Michel Mayor.
Il n’a pas d’équivalent au monde.
 
Il détecte des vitesses radiales d’étoiles de moins d’un mètre par seconde.
 
 
 
Cet instrument est si performant qu’un deuxième est construit par l’observatoire, que M Mayor nous a présenté.
 
 
Celui-ci devrait être monté sur un télescope de l’hémisphère Nord, à La Palma, pour le télescope William Herschel.
 
Il devrait travailler en complément de la mission spatiale Kepler.
 
Il sera encore plus performant que son frère aîné et atteindra une précision de l’ordre de 0,5m/s.
 
On voit ici M Mayor à côté de son « bébé ».
 
 
 
Le principal constituant de HARPS, est le réseau de diffraction (diffraction gratings en anglais), c’est lui qui va diffracter la lumière dans différentes directions dépendant des longueurs d’onde. Le principe est clairement expliqué ici.
Un CD avec ses sillons très rapprochés se comporte presque comme un réseau de diffraction.
Bien entendu toute cette optique de précision est placée sous vide.
 
Une photo de l’intérieur de HARPS n°1 (similaire à celui-ci).
 
 
 
 
 
L’Observatoire possède au sous-sol une très belle salle de présentation de l’astronomie avec des montages très clairs.
Mais aussi et surtout un système de projection 3D avec lunettes polarisantes (grises et non pas bleu rouge, on peut donc voir en couleur. On nous a projeté avec le logiciel Celestia des vues du système solaire et des galaxies en relief très impressionnantes.
 
 
 
 
Finalement après cette passionnante visite M Mayor a bien voulu nous faire l’honneur de poser avec les membres de la SAF.
(version haute définition disponible sur demande)
 
POUR ALLER PLUS LOIN.
 
Explications (très) techniques sur le fonctionnement de HARPS.
 
Photos de HARPS à La Silla
 
Scientific Objectives of ESO’s PRIMA Facility par l’ESO.
 
Les archives exoplanètes du site.
 
CR de la conférence de R Ferlet sur les exoplanètes à la SAF.
 
CR de la conférence de M Mayor sur une multitude de mondes à l’Unesco.
 
CR de la conférence de M Mayor à l’IAP.
 
CR de la conférence de C Catala sur Corot à la SAF.
 
 
chickens_up.gif
 
 
LE CERN ET LE LHC .
 
 
Une partie du groupe devant l’expérience CMS du LHC.
 
GÉNÉRALITÉS SUR LE CERN.
 
Le CERN (Conseil Européen pour la Recherche Nucléaire ) se situe à la frontière Franco-suisse près de Genève, il a été crée en 1954 par 12 pays européens, ils sont maintenant beaucoup plus (20) et compte aussi des pays associés ‘USA, Japon, etc..)
 
Le but du CERN est d’accélérer des particules à très hautes énergies et de traiter les données qui proviennent des diverses expériences qui s’y déroulent.
 
Les grandes dates du CERN :
·        1960 : Premier synchrotron à protons (PS).
·        1965 : la France accorde le droit de construire sur son sol, on démarre la construction de l’ISR.
·        1971 : Super synchrotron à protons (SPS) de 7km de circonférence
·        1981 : on décide de construire le Large electron positron collider (LEP) dans un tunnel de 27 km de circonférence.
·        1989 : Tim Berners-Lee conçoit le World Wide Web (www).
·        1992 : G Charpak reçoit le prix Noble de physique pour ses travaux au CERN.
·        1994 : la construction du LHC (Large Hadron Collider) est décidé, il utilisera le tunnel du LEP.
·        2008 : mise en service du LHC.
 
Le CERN emploie près de 3000 personnes à plein temps et accueille 6000 scientifiques de toutes nations.
 
 
Symbole du CERN : le Globe, particulièrement bien éclairé la nuit. Il abrite une exposition ainsi que tous les détails qui expliquent la création du web !
C’est Mick Storr (à gauche) qui s’est occupé parfaitement de nous durant ce séjour sur les conseils de Michel Spiro.
 
Mick est responsable de la formation de l’organisation des visites au CERN.
Il nous dit tout de suite que les photos sont autorisées partout ; bravo !
Le CERN accueille près de 60.000 visiteurs par an dont la moitié sont des élèves ; cette fois-ci, c’est une des rares fois où le CERN accueille des astronomes rajoute-t-il.
 
Nous arrivons en fin de journée au CERN, et nous allons d’abord prendre nos chambres à la guest house du site.
Puis nous nous restaurons à la cafétéria du CERN.
 
On est venu principalement pour voir le LHC et exceptionnellement nous pourrons descendre dans une des 4 expériences, le CMS.
Mais voici d’abord quelques informations sur le LHC pour ceux qui ont oublié.
 
Extrait du site du LHC :
 
"Le Grand collisionneur de hadrons (LHC) est un gigantesque instrument scientifique situé près de Genève, à cheval sur la frontière franco-suisse, à environ 100 mètres sous terre.
C’est un accélérateur de particules, avec lequel les physiciens vont étudier les plus petites particules connues : les composants fondamentaux de la matière.
Le LHC va révolutionner notre compréhension du monde, de l’infiniment petit, à l'intérieur des atomes, à l’infiniment grand de l’Univers.
 
Deux faisceaux de particules subatomiques de la famille des « hadrons » (des protons ou des ions de plomb) circuleront en sens inverse à l’intérieur de l’accélérateur circulaire, emmagasinant de l’énergie à chaque tour. En faisant entrer en collision frontale les deux faisceaux à une vitesse proche de celle de la lumière et à de très hautes énergies, le LHC va recréer les conditions qui existaient juste après le Big Bang. Des équipes de physiciens du monde entier analyseront les particules issues de ces collisions en utilisant des détecteurs spéciaux.
 
Il existe de nombreuses théories quant aux résultats de ces collisions. Les physiciens s’attendent en tous cas à une nouvelle ère de physique, apportant de nouvelles connaissances sur le fonctionnement de l’Univers. Pendant des décennies, les physiciens se sont appuyés sur le modèle standard de la physique des particules pour essayer de comprendre les lois fondamentales de la Nature. Mais ce modèle est insuffisant. Les données expérimentales obtenues grâce aux énergies très élevées du LHC permettront de repousser les frontières du savoir, mettant au défi ceux qui cherchent à confirmer les théories actuelles et ceux qui rêvent à de nouveaux paradigmes. 
 
 
 
Il y a principalement 4 grandes expériences installées dans le LHC :
·        ALICE : collisions d’ions de plomb pour rechercher des particules nées du Big Bang mais disparues aujourd’hui.
·        ATLAS : recherche du boson de Higgs, recherche de particules super-symétriques (matière noire), de possibles nouvelles dimensions spatiales
·        CMS : mêmes objectifs qu'Atlas, mais avec des détecteurs différents.
·        LHCb : recherche d'antimatière.
 
Chaque expérience est grande comme…….une cathédrale!
 
Le LHC est encore en phase de tests (100 collisions/sec), il faudra deux ans pour une montée en intensité (14 Tev), c'est à dire un faisceau de 7 Tev contre un faisceau de 7 Tev, à 1 milliard de collisions/sec; il devrait pouvoir être utilisé 20 ans.
 
L'observation du Higgs devrait s'avérer très difficile et très rare quand même, étant donné qu'il devrait correspondre à une collision sur mille milliards, mais pas impossible , le nombre de collisions étant très élevé (700 millions/sec).
Il faudra être capable de trier les bons et mauvais évènements rapidement.
 
Tout ceci nous amène à parler de l'énorme quantité d'informations à traiter et à stocker : par exemple pour l'expérience Atlas, avec ses 700 millions de collisions/sec, on obtient 1 Gigabyte de données par seconde soit 2 Petabytes (peta = un million de GB) par an.
Tout le LHC correspondant à 10 Petabytes/an. Cela correspond comme image, à une colonne de DVD de 20km de haut par an (100.000 DVD par an).
 
On comprend bien qu'un seul calculateur ne peut pas gérer de telles quantités d'information; on va donc utiliser tout un réseau de calculateurs répartis dans le monde entier, c'est le fameux super réseau d'ordinateurs GRID.
 
Un rappel aussi sur les hadrons, ce sont des particules comme les mésons et les baryons (protons et neutrons constituants le noyau atomique) qui sont sensibles à l’interaction forte qui soude ces composants entre eux dans le noyau.
Les hadrons sont composés de quarks (ou d’antiquarks bien sûr), les gluons établissant la cohésion des quarks au sein des hadrons.
 
 
 
Mick nous rejoint au restaurant pour mettre au point le programme du lendemain et nous nous retrouvons dans la salle de conférence, où Michel Spiro le Président du conseil du CERN, a la gentillesse de venir nous saluer et nous donne les dernières nouvelles.
Il est très enthousiaste avec les dernières collisions Pb/Pb qui ont été spectaculaires, nous avons atteint un état de densité fabuleux pour les plasmas de quarks et de gluons, bref le LHC marche magnifiquement bien.
Il espère que d’une façon ou d’une autre, l’année 2012 verra la solution du problème du boson de Higgs.
 
 
VISITE DE L’EXPÉRIENCE CMS DU LHC.
 
Comme vous le savez le LHC comporte 4 grandes expériences en 4 points espacés de l’anneau.
Celle que nous allons voir, CMS, se situe du côté français à Cessy.
 
CMS veut dire Compact Muon Solenoid (Solénoïde compact pour muons). Son détecteur est à la recherche du Boson de Higgs et des particules qui pourraient constituer la matière noire.
 
Le détecteur CMS est construit autour d’un énorme aimant solénoïde qui se présente sous la forme d’une bobine cylindrique supraconductrice qui produit un champ magnétique d’environ 100 000 fois le champ magnétique terrestre.
Il est situé dans ce trou appelé caverne, près de Cessy.
 
 
 
Briefing dans la salle de réunion avant de descendre.
 
 
 
Comme nous sommes très nombreux , nous serons scindés en deux groupes pour descendre à 100m sous terre, dans la galerie de l’expérience, galerie qui pourrait contenir Notre Dame de Paris.
 
C’est Michael Hoch qui s’occupe de notre groupe, c’est un physicien Autrichien, parfaitement adapté à la vie en zone franco-suisse, c’est aussi, je l’ai appris récemment un artiste photographe, cela ne m’étonne plus, je lui ai passé mon appareil quelques fois pour faire des photos en zone dangereuse, et elles étaient magnifiques.
 
 
Photo : de g à d : Mick, Michael et moi.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
On prend l’ascenseur pour descendre, et on ne peut pénétrer dans la zone sensible qu’après examen de sécurité (rétine) qui fait ouvrir le sas ; une procédure accélérée a été mise au point pour nous.
 
 
De plus : consignes de sécurité ; l’anneau est refroidi à l ‘Hélium à –271°C (c’est le point le plus froid de l’Univers, plus froid que le CMB !), et l’He en cas de fuite peut absorber une partie de l’Oxygène de l’air, et donc en cas de problème il faut vite remonter à la surface.
 
 
 
 
Et on arrive devant le monstre :
 
Dimensions : 21 mètres de long, 15 mètres de large et 15 mètres de haut
Poids : 12 500 tonnes
 
 
 
 
C‘est le solénoïde supraconducteur le plus grand et le plus puissant jamais construit au monde.
Il comporte principalement les détecteurs suivants :
·        Un calorimètre électromagnétique, constitué de près de 80 000 cristaux de tungstate de plomb, conçu pour mesurer l’énergie des photons, électrons ou positons. Un dispositif d’une grande finesse, le processeur de lecture sélective, fait un premier traitement des données en les associant aux informations de déclenchement. 
·        Un calorimètre hadronique, placé autour du précédent, et destiné à mesurer l’énergie des hadrons (protons, pions, kaons).
 
Le LHC est un super accélérateur de particules chargées (par exemple des protons) situé 100m sous terre et long comme le périphérique parisien, en fait un double anneau où les particules circulent (sous vide et à une température de 2K) en sens inverse et à une vitesse extrêmement proche de celle de la lumière.
Les particules sont envoyées par paquets (bunches en anglais) de quelques 100 milliards de particules.
Quand les paquets se croiseront (30 millions de fois par seconde), se produiront les collisions.
 
En quatre endroits (les expériences), on dévie les deux faisceaux afin de les faire se rencontrer et de provoquer ainsi des collisions, ce qui peut provoquer la création de nouvelles particules à la vie très éphémères. Certaines de ces particules sont recherchées ardemment par les physiciens, comme le Boson de Higgs.
 
La plupart des évènements détectés dans les expériences comme le CMS, sont…………..mis à la corbeille ; en effet on filtre les mesures (avec la fonction trigger), et on remarque que la grande majorité des conséquences de collisions est inintéressante.
Mais si on voit par exemple un choc qui produit4 muons (mésons mu), on le garde c’est peut être un Boson de Higgs.
 
 
Mais on doit remonter maintenant en remerciant tous nos amis qui nous ont permis cette descente vers les origines de l’Univers.
 
Vite vite, une photo pour nos amis Plaisirois de l’Association d’Astronomie VEGA de Plaisir (Yvelines), dont au moins une devrait paraître dans notre journal local !
 
 
 
On reprend le car, et on repasse la frontière pour visiter le lieu où les fameux aimants supraconducteurs sont fabriqués et entreposés.
 
 
VISITE DE SM18 TEST DES AIMANTS SUPRACONDUCTEURS.
 
SM = Superconducting Magnet Test facility.
 
 
Pour faire tourner des particules chargées dans le LHC, il n’y a pas d’autres solutions que de leur appliquer un champ magnétique grâce à des électroaimants supraconducteurs puissants. Ceux-ci comprennent des bobines constituées de câble électrique spécial, fonctionnant dans un état « supraconducteur ». le champ magnétique (8,3 Teslas) créé est 100 à 200.000 fois supérieur au champ terrestre.
 
Cela signifie qu’à une certaine température (très basse, -271K) le câble ne présente PLUS AUCUNE résistance, il ne peut donc pas chauffer et on peut en conséquence y faire passer un courant très important (près de 12.000 A !!!).
 
Pour garantir cette très basse température, on fait circuler de l’Hélium liquide qui refroidit ces aimants et la partie centrale des anneaux.
Cet Hélium, appelé superfluide, maintient la température à 2K, et l’intérieur de l’anneau du LHC, devient ainsi le point le plus froid de l’Univers, plus froid que l’espace ambiant à 2,7K !
 
L’anneau faisant 27km de long, il est composé de segments élémentaires dipolaires, les aimants de courbure (les principaux, de 15m de long 30 tonnes très légèrement courbes) et quadripolaires (qui concentrent les faisceaux) qui sont au nombre de près de 1700. en fait en comptant tous les autres petits aimants, il y en a beaucoup plus, près de 8000 en tout.
Photo : vue de la partie « froide » d’un dipôle.
 
 
 
 
Ce sont ces aimants (en anglais on les appelle cryomagnets) qui sont testés ici, ils utilisent des câbles en Niobium/Titane (Nb/Ti) ; qui possèdent la supraconductivité lorsqu’ils sont à –271°C. Ces câbles sont bobinés 100 fois afin de générer le champ nécessaire.
 
Le mélange Nb/Ti permet de faire passer un courant de 600A/mm2 !
Cela va permettre de pouvoir accélérer chaque faisceau à 7TeV  avant les collisions. (le TeV énergie extrêmement importante au niveau atomique, correspond à notre échelle à l’énergie d’un moustique en vol…)
 
Photo : Comparaison de taille pour faire passer le même courant (13.000A), à gauche en cuivre et à droite en Nb/Ti.
 
 
 
 
 
Ce site SM18 situé très près de la frontière française est spécialisé dans le test des portions d’anneaux contenant les aimants supraconducteurs. Il les teste en condition cryogénique avant leurs installations sous terre.
Il y a 12 bancs de tests qui fonctionnent en continu.  Le site fonctionne 24h sur 24 et 7 jours sur 7.
Sur ces bancs de test, près de 2000 aimants ont été testés à très basse température et à leur champ magnétique nominal entre 2001 et 2007 avant leur installation dans le tunnel.
 
Vue d’un des bancs de test (à droite) avec un dipôle en cours de test (vue fisheye).
 
 
 
Coupe d’un dipôle. (clic pour dessin HR)
Échelle d’un des dipôles terminé.
 
 
Chaque élément dipôle est unique et possède sa propre fiche technique.
La régulation en température des éléments doit être très précise, en effet si la température augment ne serait-ce que de 1/10°; la bobine fond !!!!
 
 
 
Malgré toutes ces précautions, un incident s’est produit au démarrage du LHC en 2008; une soudure défectueuse entre deux aimants a causé une fuite d’Hélium, le froid n’a plus été conservé, la supraconductivité a disparu et des arcs électriques se sont formés, détruisant une partie de l’anneau (plusieurs aimants) et nécessitant l’arrêt de la machine.
On peut voir une photo originale de la section abîmée.
 
On voit sur cette partie de dipôle l’endroit où s’est produit le coût circuit.
On remarque les soufflets entourant les extrémités des dipôles et quadripôles, ils sont nécessaire pour absorber le rétrécissement de l’ensemble froid lorsque celui-ci passe de 300K (ambiance) à 2K.
Ce rétrécissement est de 80m (oui je dis mètre) en totalité sur les 27km !!!
 
 
 
 
 
Dernière photo de groupe avant de quitter ce haut lieu de la physique.
 
 
 
 
 
 
RETOUR.
 
Nous quittons le centre de tests pour la nécessaire halte à la boutique souvenirs du CERN qui comporte au sous sol une superbe exposition sur le CERN, le LHC la physique à portée de tous, cela valait la peine d’être vu.
 
Nous remercions notre hôte Mick et nous partons pour Paris, nous avons eu beaucoup de chance de réussir à traverser la Bourgogne et le Morvan sous la neige grâce à Patrick notre chauffeur qui nous a amené à bon port le soir.
Nous avons eu aussi la chance de pouvoir partir entre deux tempêtes de neige épouvantables et ne pas avoir été vraiment embêtés par la météo.
 
 
Et c’est avec des souvenirs plein la tête que nous repensons à tout ce que nous avons vu.
 
 
C’est la Tour Eiffel scintillante qui nous accueille !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
CR de la conférence de M Spiro sur le LHC et les deux infinis à la SAF.
 
CR de la conférence de Y Sirois sur LHC, chasseur de Higgs aux RCE 2010.
 
Le CMS petit mais costaud par l’IN2P3.
 
Découvrez le CMS (animation).
 
Très belle explication complète sur l’expérience CMS en français.
 
Vues panoramiques de l’expérience CMS
 
Nos amis Indiens ont beaucoup travaillé sur les aimants supraconducteurs.
 
Présentation ppt sur le site SM18.
 
Les aimants supraconducteurs au service du LHC, article très clair et bien fait du CEA et en français de plus.
 
Film sur l’installation du dernier aimant au LHC.
 
Film général sur le LHC expliquant tous les aspects, à voir.
 
Film sur l’accélération des particules depuis la bouteille d’H jusqu’aux collisions. À voir
 
 
 
chickens_up.gif
 
 
 
 
Jean Pierre Martin   commission de cosmologie de la SAF
www.planetastronomy.com
Abonnez-vous gratuitement aux astronews du site en envoyant votre nom et e-mail.