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- Mise à jour 15 Mars 2014 update 21 mars vidéo
et CR de JP Treil
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- CONFÉRENCE
MENSUELLE DE LA SAF
«L’UNIVERS A-T-IL CONNU UN INSTANT ZÉRO ?»
- Par Étienne KLEIN
Scientifique et Philosophe
- Directeur du LARSIM
(CEA Saclay)
- Au
FIAP, 30 rue Cabanis, 75014 Paris (métro Glacière).
- Le Mercredi 12 Mars
2014 à 20H30
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- Photos : JPM. pour l'ambiance (les photos avec
plus de résolution peuvent m'être
demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation
de l'auteur. Voir les crédits
des autres photos et des animations.
Le conférencier a eu la gentillesse de nous
donner sa présentation, elle est disponible sur
ma liaison ftp et s'appelle :, elle est dans le dossier
CONF-MENSUELLES-SAF/ saison 2013-2014. .
- Ceux qui n'ont pas les mots de passe doivent me
contacter avant.
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- Cette conférence a été filmée en vidéo (grâce
à UNICNAM et IDF TV) et est accessible sur Internet
- On la trouve à cette adresse https://www.youtube.com/playlist?list=PLM_NLeMfZ9TrGKALUXZp8Eeg1f8Q0djj2
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- Comme vous vous en rendez compte sur les photos
ci-dessus, la conférence a été un énorme succès et le nombre de
personnes était supérieur au nombre de places assises. Dès 20H00 la salle
était archi pleine.
- À 20H30 la direction du FIAP nous a demandé
de procéder à l’évacuation des personnes qui n’avaient pas de sièges,
ce fut laborieux, mais je remercie tout ceux qui sont sortis (à contre cœur),
ce qui nous a permis de débuter la séance. Un merci particulier à ma
tendre compagne qui a laissé sa place à une personne handicapée et qui a
été obligée de sortir.
- Ceux qui l’ont voulu m’ont laissé leurs
adresses mail pour que je puisse voir comment je pourrais compenser cela
plus tard.
- Etienne Klein a eu la gentillesse de
m’assurer que l’on essaierait de trouver une date à la rentrée pour
faire une sorte de « replay » et les personnes évacuées
seraient prioritaires.
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- Au
nom de la SAF et en mon nom, je présente mes excuses à tous et notamment
à ceux qui sont venus de loin , pour cet incident.
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- Etienne
Klein, ancien de l’École Centrale, est Directeur du LARSIM :
Laboratoire des Recherches sur les Sciences de la Matière au CEA Saclay.
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- C’est
un spécialiste de la physique des particules et de la Mécanique Quantique.
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- Il
a écrit de nombreux ouvrages : voir à la fin.
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- Il
a parlé une heure et demie sans support visuel et c’était très prenant
et intéressant.
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- J’ai
eu la chance d’avoir un passionné, Mr André Oudiz, qui a pris beaucoup
de notes et qui a la gentillesse de me les transmettre pour diffusion, plus
tard notre ami Jean Pierre Treuil me fait aussi parvenir son CR que je mets
à la suite de celui de Mr Oudiz. merci à vous deux, les voici :
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- CR
de André OUDIZ :
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- Considérations préliminaires
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- Le
conférencier a une double formation : ingénieur et philosophe des
sciences. Cela le conduit à questionner d'emblée le titre même de son
exposé. Ainsi donc, avant d'entrer dans le vif du sujet (l'instant zéro),
il fait un long développement liminaire sur le thème : "Parlons nous
bien de ce que nous savons?"
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- Pour
illustrer son propos, il évoque le principe d'incertitude d'Heisenberg qui
est souvent mal formulé dans les livres scolaires ou dans les ouvrages de
vulgarisation : "Pour une particule massive donnée, on ne peut pas
connaître simultanément sa position et sa vitesse".
- Cette
formulation suggère aux lecteurs qu'à chaque instant une particule est dotée
d'une vitesse et d'une position mais que la mécanique quantique nous
apprend qu'il n'est pas possible de mesurer celles-ci dans la même expérience.
- Le
problème est que cela est faux !
- Au
niveau microscopique, les objets physiques ont un comportement intrinsèquement
différent de celui des objets macroscopiques que nous rencontrons tous les
jours : les électrons par exemple ont une masse, mais ils n'ont pas d'orbite définie dans un atome et
c'est du fait de cette propriété
intrinsèque (ontologique dit E. Klein), qu'il est impossible d'en déterminer
à la fois la vitesse et la position par un dispositif expérimental
quelconque.
- La
mécanique quantique n'est donc pas une évolution de la mécanique du 19ème
siècle, mais bien une "révolution
ontologique".
- Mais
nous avons du mal à penser le fait contre-intuitif qu'un objet n'aurait pas
une position et une vitesse à tout instant : cela nous conduit à des
contresens "enkystés dans notre culture".
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- Pour
le Big Bang, nous constatons le même type de malentendu.
- Selon
E. Klein, c'est dans les années 50 que s'est fixée la notion d'origine de
l'univers dans notre langage.
- A
l'époque, on disait avoir compris l'origine des atomes dans l'univers :
fusion de l'hydrogène en hélium et lithium dans l'univers primordial, puis
création des atomes plus lourds jusqu'au fer au sein des étoiles par
fusion thermonucléaire et enfin création des atomes encore plus lourds
lors de l'explosion d'étoiles massives (supernovae). Mais on voit ici se
dessiner le malentendu : plutôt que d'une origine, ne s'agit-il pas plutôt
de l'aboutissement d'un processus physique dont le résultat s'identifie à
l'apparition des atomes?
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- Qu'en
est-il alors pour l'univers lui-même ? De quoi l'univers serait-il l'achèvement?
- Là
on se heurte à un paradoxe. Comment
l'inexistence de toute chose a pu devenir quelque chose?
- Il
faut penser l'absence de l'univers et distinguer l'origine relative (des
atomes) et l'origine absolue (de l'univers).
- Postuler
une origine de l'univers c'est passer du non être à l'être.
- Kant
avait noté que si l'origine de l'univers est transcendante (elle ne fait
pas partie de l'univers), ce n'est pas en étudiant l'univers qu'on appréhendera
son origine.
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- Considérons
de même le langage : de quoi parle-t-on quand on recherche son origine ?
- De
la langue primitive qui aurait donné naissance aux 6000 répertoriées
actuellement?
- Laquelle
serait donc géographiquement et historiquement fixée ? Ou parle-t-on plutôt
des conditions cérébrales, culturelles, environnementales, etc. qui
auraient conduit les hommes à communiquer d'abord de façon phonétique
puis avec des mots? Dans ce dernier cas, c'est un processus continu qui ne
serait plus localisable dans un lieu et dans une période historique précise.
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- Autre
malentendu : ce qu'on appelle au 20ème siècle "atome" n'a rien
à voir avec ce que Démocrite désignait par ce mot.
- Pour
le philosophe grec, c'était une idée et pas un objet.
- Pour
conclure ce point, E. Klein explicite l'alternative suivante :
- Origine
transcendante : la cause première n'est pas l'effet d'une autre cause.
- Est
transcendant ce qui se situe au-delà du domaine pris comme référence.
- ou
:
- Origine
immanente : cette fois la cause est logiquement première.
-
- Une
grande question philosophique est celle du statut des lois physiques :
transcendantes ou immanentes?
- Selon
Hawking, la gravitation serait à l'origine de l'univers et le précèderait
donc.
- Ce
qui implique dès lors que les lois physiques seraient transcendantes.
- Mais
on peut aussi se demander si les lois physiques n'apparaîtraient pas au
moment où se créé l'univers.
- Personne
ne sait comment trancher cette question essentielle.
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- Le vif du sujet
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- Après
ces remarques introductives, E. Klein aborde la question de l'origine de l'univers.
- Il
remarque que dans les cosmogonies anciennes, il y avait un "déjà là", pas encore organisé, de l'ordre de
l'immanence.
- Avec
les religions monothéistes, l'origine de l'univers est à trouver dans un
acte fondateur extérieur à l'univers (Fiat Lux).
- On
est dans l'ordre de la transcendance. L'univers
est contingent : Dieu aurait pu décider de ne pas le créer, alors
que dans les cosmogonies antérieures, il existe un déterminisme : l'univers
est là de toute éternité.
-
- Les
cosmogonies, les textes sacrés des monothéismes, les œuvres des
philosophes, les travaux des physiciens, traitent tous à des degrés divers
de l'histoire de l'univers. Mais le physicien du 20ème siècle ne dit pas
la même chose que celui du 19ième siècle lorsqu'il affirme que l'univers
a une histoire : au 19ème siècle, la physique traitait de l'évolution des
corps célestes au sein de l'univers alors qu'au 20ème, c'est l'univers
lui-même qui devient un objet d'étude.
- C'est
le formalisme de la relativité générale qui a permis cela à partir des
années 20.
- Georges
Lemaître est le premier à affirmer que c'est l'espace temps qui se dilate,
les galaxies étant (pratiquement) immobiles au sein de celui-ci.
-
- Georges
Gamow observera que l'univers devient de plus en plus "chaud"
quand on remonte dans le temps.
- De là l'idée d'un instant zéro
où la densité et la température de l'univers est infinie (idée déjà présente
dans la théorie de l'atome primitif de Georges Lemaître). On mesure ici le
poids de la culture occidentale et de son Fiat Lux.
- La
difficulté toutefois est que la théorie qui permet ce "retour dans le
temps" est la relativité générale qui est une théorie de la
gravitation. Or cette dernière est valide lorsque la force de gravitation
domine fortement les 3 autres forces d'interaction fondamentales (forte, électromagnétisme,
faible).
- Mais
cela n'est plus le cas lorsque la distance entre les particules devient très
petite.
- A
ce stade, la théorie pertinente est la physique quantique, la relativité générale
devenant inopérante.
- On
bute ici sur le "mur
de Planck". Dans cette période de l'évolution de l'univers, l'énergie
des particules est fantastique (1 proton avait l'énergie d'un TGV alors que
dans le LHC, il atteint celle d'un moustique en vol et c'est déjà un
exploit!)
-
- Certains
présentent le mur de Planck comme la 10-43ème seconde de l'univers, suggérant implicitement
qu'il y a donc un temps zéro.
- Ici
encore, on retrouve un malentendu qui trouve son origine dans nos schémas
culturels marqués par le mythe de la création du monde : la physique
actuelle ne peut pas donner un soubassement théorique à un "temps zéro",
singularité initiale de densité et température infinies. D'ailleurs les
théories en cours d'élaboration (cordes, branes, supercordes, gravité
quantique à boucles), proposent des modèles alternatifs dans lesquels, par
exemple, existerait un seuil de température maximal, très grand, mais pas
infini, accréditant la thèse d'une contraction de l'univers précédant le
"Big Bang.
-
- La
difficulté majeure de ces théories d'unification des 4 forces d'interaction est leur validation expérimentale : il faudrait accéder à
des domaines d'énergie absolument considérables : ainsi la découverte du
boson de Higgs a-t-elle été rendue possible par le fait que dans le LHC
les physiciens ont été capables de créer les conditions de densité d'énergie
qui prévalaient "seulement" à la 10-13ème seconde de
l'univers.
- On
est encore très loin (et peut-être pour toujours) des conditions du mur de
Planck!
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-
- Conclusion : la question de
l'origine de l'univers reste une question ouverte!
-
-
- André
Oudiz
-
CR de Jean Pierre TREUIL :
- L'Univers a t-il un instant zéro ?
Notes prises lors de la conférence d'Etienne Klein, 12 mars 2014 à la FIAP Jean Monnet,
(Cycle des conférences de la Société Astronomique de France)
Jean Pierre Treuil, 13 mars 2014
...
Certains cherchent la transcendance dans la méditation ou la prière ;
d’autres la cherchent dans le service qu’ils rendent à leurs proches ;
d’autres encore, qui ont la chance de posséder un talent particulier
cherchent la transcendance dans la pratique artistique.
La science est un chemin alternatif pour qui veut se consacrer
aux questions les plus difficiles que pose la vie.
Lee Smolin, Rien ne va plus en physique, coll Points Sciences, p 13
- Préambule
: L'éthique dans les sciences.
- Lorsqu’on évoque
les questions d’éthique ou de morale en science, c’est en premier lieu avec
cet arrière plan que la science dit «ce qui est» et non «ce qui doit être».
Par exemple, elle dit que l’on peut créer des OGM et comment le
faire, mais elle ne dit pas si l’on doit le faire. D’aucuns
estiment que l’on ne peut en rester là et que les chercheurs doivent
s’interdire de chercher dans des directions potentiellement dangereuses.
-
- Étienne Klein situe
l’exigence éthique en sciences sur un autre plan : bien parler de ce que
nous savons. Autrement dit, faire en sorte que les discours présentant les
résultats obtenus par les sciences n’induisent pas dans le corps
social des idées fausses. Et ne fassent pas sous-estimer les
changements qu’ils apportent - ou devraient apporter- dans notre
vision de l’univers et de nous même.
-
- Étienne Klein évoque
un exemple, celui du Principe d’Incertitude d’Heisenberg, avec un énoncé
tel que «on ne peut mesurer simultanément de façon exacte la position et
la vitesse d’une particule». Cette formulation laisse entendre que
1) les notions de positions et de vitesses sont pertinentes à toutes
les échelles et que 2) c’est notre pouvoir de connaître ces
grandeurs qui est limité. Cette présentation des choses, au cœur des discussions
et de l’interprétation de la Physique Quantique, est contestable. Parler
de la position et de la vitesse d’un objet est tout à fait justifié
et pertinent à l’échelle «macroscopique», celle de notre expérience
sensible. Cela s’avère une erreur, un obstacle à la compréhension
des choses, lorsqu’on veut décrire ce qui se passe dans l’infiniment
petit, au niveau «microscopique» des particules élémentaires. Ce sont
d’autres concepts qu’il faut alors mettre en oeuvre. C’est bien
une révolution conceptuelle que la Physique quantique a introduit dans
la première moitié du XX siècle. Il est du devoir, pour les acteurs
de la transmission des connaissances, d’en faire prendre conscience. Et de parler
de ces nouveaux concepts, de les expliquer au public, même si c’est
difficile, avec le plus de clarté et pourrait-on-dire, le plus
d’honnêteté possible.
-
- Pourquoi cette introduction par le biais de l’éthique ?
- Bien sûr le conférencier,
en introduisant sa conférence par ce rappel, avait à l’esprit le caractère
pernicieux du terme de big bang. Caractère pernicieux, car ayant imposé
dans un large public - Klein dit «enkysté dans la culture» l’idée
d’un «début» d’un «instant zéro» de l’univers, avant même
qu’une discussion - physique et philosophique - ait pu se développer.
-
- Qu’est ce que «rechercher l’origine de ...» ?
-
- On emploie le terme
d’origine de plusieurs façons :
- •en évoquant, en
rapport avec l’état actuel des choses, un état, un évènement originel dont
cet état actuel est issu. Étienne Klein rappelle à ce sujet les
recherches menées à la fin du XIX siècle sur l’origine du langage
: en fait il s’agissait d’une recherche de la «langue originelle»,
une langue dont toutes les langues actuellement en usage auraient dérivé.
- •en essayant de
comprendre par quels processus quelque chose qui n’était pas est advenu.
En prenant toujours comme exemple le domaine linguistique, la recherche de l’origine
du langage devient la recherche des conditions biologiques, cérébrales,
environnementales, qui ont conduit à l’apparition du langage.
-
- Dans le contexte cité,
celui du langage, les deux emplois de l’expression «rechercher l’origine»
ont quelque rapport : c’est à chaque fois la recherche d’un lien entre
une chose, dans le passé, et une autre, postérieure. Mais en allant
plus loin, une différenciation apparaît. On aboutit en effet à
distinguer :
- •une conception
relative de l’origine. Les facteurs qui ont permis ou rendu nécessaire l’apparition
d’une nouvelle chose, facteurs dont on peut à leur tour rechercher
l’origine, dans une récurrence sans fin.
- •une conception
absolue. Rechercher l’origine, c’est rechercher une cause «première»,
qui n’est pas elle même l’effet d’une autre cause. Ou encore un
fondement logique, un axiome d’où découle tout ce que l’on peut
dire, ou encore tout ce qui peut ou doit exister.
-
- Et alors, la question de l’origine de l’Univers ?
-
- Considérons cette
question successivement dans les deux conceptions - relative et absolue
- du terme d’origine
- •La conception
relative. Il s’agit de comprendre par quels processus l’Univers est
advenu. Mais l’Univers étant par définition tout ce qui existe,
penser l’origine de l’Univers en ces termes c’est penser comment
«l’absence de toute chose» a pu engendrer la présence de quelque
chose. Comment du «non être» a pu surgir l’ «être», du néant a pu
surgir l’existant. Mais, comme l’a redit Étienne Klein à la fin
de sa conférence, imaginer cette transition implique de penser le néant.
Mais penser le néant, c’est nécessairement en faire quelque chose,
le transformer en un être qu’il n’est pas. On se heurte à une contradiction.
Un mystère...
- •La conception
absolue. On affirmera l’existence d’une «Origine» extérieure à l’Univers,
une Origine «transcendante» faisant de l’Univers un objet contingent
quelque chose qui donc aurait pu ne pas être, à moins d’affirmer
que l’Univers implique sa propre existence, qu’il est lui même sa
propre Origine absolue. La première option est celle des religions monothéistes,
avec l’idée de Dieu. Une variante de cette option donne ce statut transcendant
aux lois contrôlant la dynamique de l’univers : la gravitation, les
forces
- électromagnétiques
et nucléaires. Ces lois auraient ainsi «créé» les objets empiriques,
les électrons, les quarks, etc, auxquels elles s’appliquent. Mais comment
l’auraient elles pu ? Peut -on imaginer ces lois en dehors du monde
des objets, dans un «monde des lois» préexistant, comme le monde des
idées de Platon ? Et comportaient-elles en elles la nécessité de
l’existence des objets ?
-
- Quittons (provisoirement ?) ces questions philosophiques
et revenons à la science.
-
- Ce qui est du domaine
de la science, à savoir la cosmologie et la physique des particules,
c’est de se placer dans la conception relative de l’origine, mais en
l’appliquant, non plus à l’univers en tant que tel, mais à un
certain état particulier de l’univers. Cet état particulier auquel
les physiciens s’intéressent, c’est la situation de l’Univers
lorsqu’il a franchi «le mur de Planck».
- La question de
l’origine est alors, comment cet état particulier est-il advenu.
-
- Encore un Mur ?
-
- Le mur de Planck (du
nom du physicien allemand Max Planck, 1858-1947, fondateur de la Physique
Quantique. On a donné le nom de Planck au dernier satellite - lancé
le 14 mai 2009 - dédié à l’observation de la «première lumière»,
celle du fond diffus cosmologique)
introduit une coupure dans l’histoire de l’Univers, une sorte
d’obstacle à franchir. Mais, comme nous allons le voir, c’est une
coupure pour ainsi dire «provisoire», liée à l’état actuel de
nos connaissances et de notre capacité de compréhension.
-
- L’Univers a une
Histoire
-
- On dit souvent que
c’est seulement au XX siècle qu’on a découvert que l’Univers avait
une Histoire.
- Étienne Klein
s’inscrit en faux contre cette affirmation et en souligne les dangers.
En fait, toutes les cosmogonies - les discours que les différents peuples
ont tenu sur l’Univers - racontent des histoires sur le Monde, par
exemple le passage du chaos a un état organisé. Ce qui a de nouveau
au XX siècle, c’est l’apport, la révolution qui a résulté de la
Relativité générale. Non seulement le contenu de l’Univers, les objets
qui y résident, ont une histoire. Par exemple les étoiles, les
galaxies, naissent, évoluent, se capturent, meurent... et nous aussi
!. Mais le contenant, l’espace lui même et donc l’objet Univers en tant
que tel, se transforme.
-
- Cette nouvelle donne résulte
de la conjonction de plusieurs avancées scientifiques majeures : une
théorie de la gravitation, la Relativité générale d’Einstein (théorie élaborée, rappelons le,
entre 1907 et 1915);
des observations faites dans les années 1920, celles de Hubble.
- Cet astronome - à
partir du «décalage vers le rouge» de la lumière des galaxies, a
été amené à conclure que les galaxies se fuyaient les unes les
autres, et ce, d’autant plus rapidement qu’elles étaient mutuellement
plus éloignées.
- Georges Lemaître (Prêtre
belge et Astrophysicien, 1894-1965. Il est mort juste après la découverte
par Penzias et Wilson du rayonnement du fond diffus cosmologique, une
des traces du Big Bang),
en étudiant les équations de la Relativité générale, avait acquis
la certitude que l’Univers ne pouvait être statique : l’espace
impliqué dans ces équations devait nécessairement se contracter ou se
dilater. Les observations de Hubble l’ont alors amené a réinterpréter
cette «récession des galaxies» non pas comme une fuite, mais comme
une dilatation de l’espace lui même, qui entraîne les galaxies dans
son mouvement d’expansion. La Relativité générale s’étant vue
confirmée par d’autres observations indépendantes, l’idée de
l’expansion de l’Univers s’est peu à peu imposée.
-
- Fiat Lux
-
- Tout cela est
maintenant bien connu et fait l’objet d’un large consensus parmi les scientifiques
concernés. Très vite bien sûr l’idée est venue de «tourner le film à
l’envers» : Grossièrement, puisque l’espace se dilate et puisque
rien ne se perd ni se crée (conservation de la matière et de l’énergie),
l’univers était donc dans le passé plus resserré, plus dense, plus
chaud dans le passé. Connaissant sa vitesse de dilatation, on pouvait
ainsi calculer le temps passé depuis l’instant où la taille (Ce
terme de taille est ambigu ; ici encore se pose le problème de bien parler
de ce que nous savons. Cela mériterait un plus long développement.
Disons que dans cet état hypothétique de l’Univers, toute distance est
nulle. Comme si, pour prendre une image, la distance entre Paris et Lyon,
Marseille et Brest, Brive et Marseille, etc, était devenue égale à zéro.)
de l’Univers était nulle, sa densité et sa température infinies...
et partant de là, le temps écoulé depuis l’instant zéro, la «Singularité»
permise par les équations d’Einstein, le début de tout. Et cette idée
d’être aussitôt accueillie, dans une culture qui considère que
l’Univers a été créé, et qui a même donné la date de sa création.
Rappelons nous les 6000 ans du catéchisme de notre enfance, nous les
anciens !
- Une nouvelle si bien
accueillie par l’Église, que le Pape Pie XII (d’après ce que
l’on dit, je n’y étais pas !) voulait féliciter Georges Lemaître, qui
se trouvait être abbé, d’avoir prouvé l’existence de Dieu. Mais
l’intéressé avait aussitôt démenti.
-
- Au delà de cette limite, les équations ne sont plus
valables
-
- L’évocation d’un
instant zéro était en effet à tout le moins prématurée. Car les équations de
la Relativité générale, théorie de la gravitation, ne peuvent rendre
compte correctement de la dynamique de l’Univers que sous certaines
conditions.
- A savoir que les
forces de gravitation soient dominantes, aux échelles considérées,
en comparaison des autres forces, électromagnétiques et nucléaires.
Or ce n’est plus le cas lorsque l’univers devient trop dense.
- Dans la dynamique
globale de l’Univers d’alors, toutes les forces - et non la seule
force de gravitation - jouent un rôle important, aucune ne peut être négligée.
On ne peut plus décrire ce qui se passe, établir la physique de
l’univers dans cet état, sans mobiliser simultanément la Relativité
générale (forces de gravitation) et la Mécanique quantique (les
autres forces). Or les formalismes de ces deux théories sont pour le moment
inconciliables.
- La raison en tient à
ce qu’elles n’utilisent pas la même notion d’espace-temps. Dans
la Relativité générale le contenant - l’espace-temps - est lié au contenu
- la matière, l’énergie - et évolue avec lui. Dans la Mécanique
quantique l’espace-temps (en fait celui de la Relativité restreinte) est
comme une scène de théâtre, indépendante du jeu des acteurs.
-
- Ainsi au stade des
connaissances actuelles, il n’y a plus d’instant zéro, car les équations de
la Relativité générale, au delà d’une certaine limite, ne sont plus
pertinentes pour rendre compte de la dynamique de l’Univers. Cet état
limite de l’Univers, au delà duquel -
quand on remonte dans le temps - manque la théorie qui permettrait d’en
faire la physique, est nommé le «mur de Planck» Bien sûr, c’est
un mur pour nous, pour notre compréhension, et non pour l’Univers
lui même qui l’a franchi sans rien remarquer de particulier !
4
-
- Franchir le mur : la recherche continue, heureusement,
mais combien difficile.
-
- Pour franchir le mur
de Planck, avoir quelque idée de ce qui se passe de l’autre coté,
plusieurs pistes sont suivies.
-
- Les pistes de la
recherche théorique : Nul n’y entre s’il n’est géomètre.
-
- La Relativité générale
et la Physique quantique sont nées à la même époque, au début du XX
siècle. Très vite on a cherché à les réunir. Ce problème est le
premier des cinq problèmes énoncés par Lee Smolin5dans le livre
mentionné dans l’exergue, avec 2) le statut exact de la Physique
quantique et son interprétation - marque t-elle ou non, par exemple,
une limite à notre capacité de connaître ; 3) les différentes forces
identifiées dans la nature - gravitation, forces électromagnétiques,
nucléaires - peuvent elles être unifiées dans une seule théorie ;
4) les valeurs prises par les constantes en oeuvre en physique -
pourquoi les valeurs observées et non pas d’autres, différentes, et
d’ailleurs sont elles vraiment constantes ? et enfin 5) la nature de
la matière noire et de l’énergie sombre, voire leur existence
effective en regard de théories modifiant la gravitation aux grandes
échelles.
- Si je mentionne ces
cinq problèmes majeurs non évoqués explicitement par Étienne Klein
dans sa conférence, c’est que leurs solutions, comme on peut l’imaginer spontanément,
pourraient être liées.
-
- Plusieurs pistes ont
été dessinées. Elles consistent toutes à concevoir de nouvelles structures
d’espace-temps, toujours en se plaçant dans cette branche majeure des Mathématiques
qu’est la Géométrie. Par exemple en introduisant des dimensions supplémentaires,
ou encore en faisant l’hypothèse qu’aux très petites échelles
l’espace et le temps puissent être discontinus- existence de grains
d’espace, de sauts discrets du temps. Ces pistes s’appellent théorie
des cordes, des super-cordes, des branes, gravité quantique à boucle
... Toutes font appel à la puissance d’expression des Mathématiques - Théorie
des variétés, Théorie des Groupes.... Toutes avancent des arguments en
leur faveur, mais aucune n’a pu encore proposer - semble-t-il - des
tests observationnels ou expérimentaux qui soient actuellement réalisables
et qui permettent de les rejeter ou de conforter leur validité.
-
- Toutes concluent
cependant à l’impossibilité d’un état de l’univers de taille nulle,
de densité et de températures infinies. Dans toutes ces pistes, la «Singularité»,
l’instant zéro des équations de la Relativité générale, disparaît.
Les pistes expérimentales;
- Créer des conditions
s’approchant du mur de Planck. C’est ce que font, par exemple, les
chercheurs du CERN à Genève, sur la frontière franco suisse. Mais il faut
savoir que les niveaux d’énergie correspondant au mur sont actuellement
hors de portée dans la puissance à atteindre, et peut être le
resteront-ils dans l’avenir. On sait bien en effet caractériser ce
fameux mur en terme d’énergie.
- Par exemple, pour
prendre une image familière, son niveau d’énergie est tel que - je cite
E. Klein - chaque particule possède une énergie équivalente à
celle d’un TGV en pleine vitesse. Or dans la grand «collisionneur»
du CERN, le LHC, qui précipite des milliards de protons (noyaux
d’hydrogène) les uns contre les autres à des vitesses proches de celle
de la lumière, les protons voués aux crashs ont grosso-modo - chaque
proton - l’énergie d’un moustique en vol ! C’est déjà énorme,
quand on sait la petitesse d’un proton par rapport à celle d’un
moustique, puisque ce dernier est environ mille milliards de fois plus gros.
Cette énergie a permis de faire surgir le boson de Higgs. Mais on est
encore très très loin du TGV !
-
- Les pistes
d’observations cosmologiques : Trouver des traces dans la structure des signaux
reçus du fond de l’Univers.
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- Par exemple dans
l’analyse de la première lumière (celle du fond diffus cosmologique, le CMB).
Ou encore dans l’analyse d’éventuelles ondes gravitationnelles (Expérimentations en
cours). A l’heure ou j’écris ces lignes (17 mars 2014), vient de paraître
précisément un
communiqué de physiciens américains (John Kovac et al.) annonçant avoir détecté
la signature d’ondes gravitationnelles dans la polarisation du
rayonnement du fond diffus, à partir des observations d’un télescope
installé en Antarctique (Un bel exemple de concurrence positive,
entre américains et européens. Les astrophysiciens européens travaillent
actuellement sur les données fournies par le satellite Planck, concernant
le même phénomène, savoir la polarisation de la lumière du fond
diffus et ses relations avec d’éventuelles ondes gravitationnelles.
La présentation de leurs résultats est prévue pour bientôt. Les résultats
des uns et des autres, s’ils se confirment mutuellement, seront
effectivement une avancée majeure).
Cette signature confirmerait un des mécanismes proposé pour la
dynamique de l’ère de Planck, le mécanisme d’inflation. Mais déjà,
dans le communiqué lu sur orange.fr, peux t-on lire que cette avancée
«porte un nouvel éclairage sur certaines des questions les plus
fondamentales, à savoir pourquoi nous existons et comment a commencé
l’univers» Un exemple significatif de ce qui a été dit au début
de la conférence, à savoir le risque de confusion lié à l’emploi de
termes comme pourquoi, a commencé. Ne revient-t-on pas (inconsciemment chez
les rédacteurs ou les traducteurs ?) à cette idée de création et
qui plus est création intentionnelle ? Est ce là une fois de plus «bien
parler de ce que nous savons» ?
- Jean Pierre TREUIL
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- La
conférence a été suivie par une longue séance de questions.
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- Elle
s’est terminée par des dédicaces de livres amenés par le public.
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- POUR
ALLER PLUS LOIN :
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- QUELQUES
OUVRAGES D’ETIENNE KLEIN. (liste non exhaustive)
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- Le
Temps et sa flèche chez
Flammarion/Champs avec Mspiro : un classique !
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- Le
facteur temps ne sonne jamais deux fois
chez Champs/Sciences.
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- Il
était sept fois la révolution : Albert Einstein et les autres...
chez Champs/Sciences
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- Petit
voyage dans le monde des quanta chez
Champs/Sciences
-
- Discours
sur l'origine de l'univers chez
Champs/Sciences
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- Le
temps existe-t-il ? chez Pommier.
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- En
cherchant Majorana chez Flammarion
Essais.
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- EN
VIDÉO :
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- La
vie d'Ettore Majorana et la nature des neutrinos
sur YouTube.
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- Que
savons-nous du temps ? sur YouTube.
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- LE
BOSON DE HIGGS - ETIENNE KLEIN
-
- Les
fondements de la physique quantique.
France TV éducation.
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- Le
temps existe-il ? sur
YouTube CEA Saclay .
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- Bon ciel à tous
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- Jean Pierre Martin
Président de la commission de cosmologie de la SAF
- www.planetastronomy.com
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