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Mise à jour le 3 Octobre 2016

 

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ROSETTA, LA DERNIÈRE SÉANCE ; EN DIRECT À LA CITÉ DES SCIENCES DE PARIS

LE 30 SEPTEMBRE 2016 

 

 

La SAF, Universcience, le CNES et l’ESA ont invité le public (parisien surtout) à suivre en direct l’atterrissage, ou plutôt le crash contrôlé, de la sonde européenne Rosetta sur la comète 67P Churyumov-Gerasimenko.

 

Nous vous faisons vivre d’ailleurs tous ces évènements depuis des années sur notre site.

 

Cet évènement a été baptisé : Rosetta, la dernière séance.

 

J’ai le plaisir de faire un compte rendu succinct de ces instants émouvants.

 

 

 

 

 

Une riche documentation ESA et CNES est offerte à tout le monde.

 

Notamment des superbes posters de la comète pris à différentes époques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les maitres de cérémonie :

 

Francis Rocard Directeur de l’exploration spatiale au CNES notre guide spécialiste de Rosetta et Philae

 

Gilles Dawidowicz, planétologue et maître de la chronologie

 

Un énorme merci à Bénédicte Leclercq d’Universcience et à son équipe en régie, sans eux rien n’aurait été possible.

 

Le journaliste Frédéric Castel est à Darmstadt où il interviewera des scientifiques de la mission en direct.

 

Gilles nous informe que cet évènement est dédié à celui qui nous a quitté récemment qui aurait été enthousiasmé de participer avec nous, notre ami André Brahic.

 

 

 

 

 

D’emblée, nous sommes informés que l’impact devrait avoir lieu à 13H18 heure de Paris (en tenant compte du décalage de 40 minutes dû à la distance, en effet Rosetta est à 720 millions de km de nous).

 

La descente contrôlée de la sonde construite par Airbus Defence and Space jusqu’à la surface de la comète 67P/ marque la fin d’une des missions spatiales les plus spectaculaires de tous les temps.

L’analyse de l’immense volume de données précieuses recueillies par Rosetta tiendra la communauté scientifique en haleine pendant de nombreuses années encore. Ces données seront recueillies jusqu’à l’extrême moment du contact.

 

Rappel succinct de la mission :

 

Lancée en 2004, la sonde a étudié le noyau et l’environnement de la comète au fil de son évolution autour du Soleil.

Fin 2014, Rosetta a déployé l’atterrisseur Philae à la surface de 67P (voir le CR de cet évènement que vous avez pu suivre en direct avec nous).

Malgré les rebonds, Philae a réussi à effectuer la plupart des ses missions en une soixantaine d’heures avant que sa pile ne meurt. Malheureusement, son atterrissage « laborieux » a fait que ses panneaux solaires n’ont pas pu charger les batteries et que les communications n’ont pu être rétablies que très épisodiquement. Néanmoins presque tous les objectifs ont été réalisés.

 

Rosetta a continué de mesurer l’activité effervescente de la comète au moment de son passage au plus près du Soleil le 13 août 2015. Elle a réalisé des observations spectaculaires des éruptions de gaz et de poussière.

L’étude de la comète s’est poursuivie après le passage au périhélie, et on a pu ainsi suivre l’évolution de cette comète sur une très longue période. Pendant cette période on s’est rapproché et éloigné de la surface, ceci donnant lieu à des mesures originales et à des vues extraordinaires.

 

La sonde a parcouru plus de 8 milliards de km et a bien fonctionné jusqu’à ce jour.

 

 

Pour terminer correctement cette mission, car on est obligé d’y mettre un terme, en effet, on est très loin du Soleil et les panneaux solaires de Rosetta ont de plus en plus de mal à charger les batteries de bord, et comme on ne veut pas d’une sonde inerte dans le système solaire, d'où la décision prise.

Il est donc décidé d’impacter la comète, mais ce sera un impact « soft », on devrait  arriver avec une vitesse de 3km/h soit 90cm/s. on coupera le contact radio dès le crash, c’est la règle dans l’espace, afin de ne pas perturber l’environnement avec des signaux radio erratiques.

 

10 chiffres à retenir de la mission Rosetta ! De Sciences et Avenir.

 

 

Comme toujours, le public est venu nombreux assister à cet atterrissage.

 

Les interventions :

·         Ph Kletzkine ; point technique

·         F Rocard ; premier bilan

·         Darmstadt

·         N Biver : composition de la comète et dégazage

·         P Drossart : les jets de la comète

·         N Fray : le zoo cométaire

·         M Chaussidon : la formation du système solaire

·         Th Martin : dynamique du vol

·         Les photos arrivent

·         JL Bertaux : d’où vient la comète ?

·         Intermède anaglyphe

·         Conclusion

·         Communiqué presse ESA

 

 

 

 

POINT TECHNIQUE : PHILIPPE KLETZKINE DE L’ESA.

 

 

Philippe est actuellement Responsable du Projet Solar Orbiter de l’ESA.

Il est basé à l’ESTEC (Pays Bas).

 

Il a aussi participé à la mission Rosetta, il était responsable de l’atterrisseur au niveau de l’ESA.

 

Il nous signale la robustesse de la sonde malgré les quelques petits incidents survenus.

La navigation a été de très grande précision, précision nécessaire pour accompagner la comète tout au long de son parcours.

Je rappelle que la gravité est extrêmement faible et que l’on ne peut pas se mettre en orbite circulaire comme autour d’un corps plus lourd. Il faut corriger en permanence.

 

 

 

 

 

Il faut aussi s’éloigner de la surface en période d’intense activité cométaire, en effet la comète dégaze et de nombreuses particules sont émises. Celles-ci peuvent être prises pour des étoiles par le capteur stellaire de navigation et fausser le positionnement de la sonde. C’est arrivé !

En effet, lors de ce dernier passage (du 28 Mars 2015), Rosetta a eu quelques problèmes de navigation due à l’augmentation d’activité de la comète qui se rapproche inexorablement du Soleil. Cette augmentation du dégazage provoque un freinage (drag en anglais) plus important à cause des énormes panneaux solaires. De plus le pointeur d’étoiles servant à la navigation commence à être perturbé en confondant les débris éjectés et les étoiles.

 

 

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ROSETTE ET PHILAE, PREMIER BILAN : FRANCIS ROCARD CNES.

 

 

Lorsque l’on s’est rendu compte de la forme de la comète 67P Churyumov-Gerasimenko, on s’est immédiatement posé la question de l’origine de cette forme bilobée.

On envisageait en fait deux alternatives :

·         Cette comète est-elle la jonction de deux comètes ou

·         Est-ce une comète unique en train de se désagréger dans sa partie centrale (ce que l’on appelle le « cou ») ?

 

Les scientifiques de la mission se sont concentrés sur les photos haute résolution prises par la caméra OSIRIS pendant la période de Août 2014 à Mars 2015, et ils sont formels : cette curieuse forme provient d’une collision « soft », à faible vitesse entre deux comètes distinctes

 

Comment en est on arrivé là ?

 

 

 

 

On a analysé ces images et identifié une centaine de formations en terrasse situées sur la surface et des couches parallèles de matériaux. Un modèle de la comète a ensuite été conçu afin de déterminer les directions de ces formations.

Le résultat était net, ces formations étaient toutes orientées autour de chacun des deux lobes.

C’était le premier indice que ceux-ci sont indépendants l’un de l’autre. De plus les couches des deux lobes étaient inclinées dans des directions opposées par rapport au cou.

Une autre preuve vint de la comparaison entre la gravité locale et les différentes orientations de ces formations.

L’orientation des différentes couches est normalement perpendiculaire à la gravité locale, ce qui a été prouvé confirmant la théorie des deux ensembles cométaires.

On remarque ici avec les flèches vertes la direction de la gravité locale. On voit bien que les principales directions correspondent à deux éléments distincts.

 

De plus l’instrument radar CONSERT a montré que le sondage du noyau  ne montrait pas la présence d’énormes blocs internes et que le noyau était plutôt homogène.

 

De plus cet instrument, CONSERT en sondant le corps entier (on rappelle que cet instrument est à bord de Philae et de Rosetta) a participé à la recherche de Philae.

 

On s’est aussi rendu compte que la comète avait une surface très isolante.

 

 

http://www.planetastronomy.com/astronews/astrn-2015/14/clip_image024.jpg

On a aussi  étudié le cycle de l’eau sur la comète. Pendant le jour local (carré de gauche) la glace de surface et celle située quelques cm sous la surface se subliment et s’échappent dans l’espace.

 

Durant la nuit (carré de droite) la surface se refroidit rapidement tandis que les couches internes sont encore chaudes. La glace de sub-surface continue à se sublimer et en cheminant vers la surface se met à geler.

 

Au jour suivant, la sublimation recommence à partir de la couche de glace formée pendant la nuit.

 

 

 

 

 

 

 

Des jets multiples et des ronds mystérieux.

 

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Les dernières mesures basées sur les images de la caméra OSIRIS ont montré un étrange phénomène : on a repéré près d’une vingtaine de cavités (appelées puits d’effondrement ou pits en anglais) parfaitement circulaires d’où un dégazage de poussières et de gaz s’opère et ceci principalement sur l’hémisphère Nord de 67P.

 

Ces dégazages sont de plus en plus importants alors que l’on s’approche du Soleil.

 

Ces puits sont de l’ordre de la dizaine à la centaine de mètres de diamètre et de profondeur, certains même atteignent 200m.

La plupart sont actifs et laissent échapper de la matière.

 

 

 

 

 

  

  

 

Ils se sont formés par effondrement de la matière située au dessus, nous donnant ainsi une occasion unique de voir ce qu’il y a dans l’intérieur d’une comète

Graphique du bas décrivant comment pourrait se former un de ces puits par effondrement.

De g à d : La chaleur force la glace de la sous surface à se sublimer (flèches bleues) et crée une cavité

Quand la partie supérieure du puits devient trop faible pour supporter le poids de la couche supérieure, il se fissure Puis s’effondre créant un puits circulaire profond (flèche orange), le matériau mis au jour se sublime (flèches bleues)

 

Crédit: ESA/Rosetta/J-B Vincent et al (2015)

 

 

 

 

Ces trous sont sources d’éruptions imprévisibles et donnent lieu à toute une palette d’éruptions comme on peut le voir sur cet arrangement photographique.

Ces éruptions sont corrélées avec l’effondrement des « falaises » de ces trous mystérieux.

 

 

Mais le plus important est encore à venir : on a découvert un acide aminé essentiel sur la comète : la Glycine.

On aurait donc bien identifié un acide aminé, la glycine (C2H5NO2), présent dans les protéines, composant essentiel de l’ADN et des membranes de cellules. On savait que les comètes et/ou astéroïdes pouvaient avoir apporté la plus grande partie de l’eau des océans sur notre planète, certains imaginaient aussi qu’ils auraient pu amener aussi les briques organiques de la vie que sont les acides aminés.

La glycine est importante, car elle est photolysée par le rayonnement UV des étoiles proches, et donne ainsi une indication sur la formation de la comète.

 

 

Rosetta a détecté directement et sans ambiguïté la glycine dans la coma de la comète, ceci notamment grâce à l’instrument ROSINA (Rosetta Orbiter Spectrometer for Ion and Neutral Analysis), essentiellement un spectromètre de masse.

 

 

La sonde Rosetta de l’ESA a effectué la première détection in situ de molécules d’oxygène s’échappant d’une comète, une observation surprenante qui suggère que ces molécules ont été incorporées à la comète pendant sa formation.

Rosetta observe la comète 67P/Churyumov–Gerasimenko depuis plus d’un an, et la sonde a détecté une quantité importante de gaz différents qui s’échappent de son noyau. La vapeur d’eau, le monoxyde et le dioxyde de carbone sont les plus abondants, et une grande variété de gaz à base d’azote, de soufre, de carbone et même des gaz nobles ont également été détectés.

L’oxygène est le troisième élément le plus abondant dans l’Univers, mais la version moléculaire la plus simple de ce gaz, O2, s’est révélée étonnamment rare à trouver, même dans les nuages de formation d’étoiles, parce qu’il est très réactif, et se brise rapidement pour se lier avec d’autres atomes et molécules.

 

Cette découverte signifie pour les scientifiques que la comète devait être très froide pendant très longtemps.

 

 

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INTERVENTIONS DE DARMSTADT.

 

Très nombreuses interventions en direct de Darmstadt par F Castel, notamment Roger Maurice Bonnet, très ému, qui était Directeur scientifique de l’ESA quand la mission Rosetta a été décidée.

 

Puis c’est au tour de Jean Pierre Bibring, le patron scientifique de Philae.

 

JPB trouve cet évènement fabuleux et confirme la bonne décision de faire poser la sonde avant qu’elle ne s’éloigne définitivement de nous.

On a même choisi un endroit que nous connaissons peu, qui a été très peu exploré, elle contient des puits actifs que l’on veut étudier.

Les comètes, avec l’expérience de Rosetta, ne sont pas aussi simplement que ce que l’on croyait, des boules de neige sales, mais plutôt une matrice de matières organiques contenant un peu de glace. Les proportions sont renversées. Ce sont des objets primitifs.

Elles contiennent des grains de matière, sont poreuses mais la surface possède une croûte plutôt solide.

 

 

 

 

JP Bibring : sur la mission lors d’une conférence à l’IAP.

 

Et sa récente interview pour le Monde : «Rosetta repose la question de l’ubiquité de la vie»

 

 

 

Public toujours aussi passionné par les révélations des scientifiques.

 

 

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COMPOSITION DE LA COMÈTE ET DÉGAZAGE AU COURS DU TEMPS : NICOLAS BIVER   LESIA.

 

 

Nous connaissons bien Nicolas Biver, c’est un membre de la SAF, et un passionné de comètes, dont la spécialité est de pouvoir les dessiner lors de ses observations.

 

Pendant ces deux dernières années, Rosetta a mesuré la quantité de vapeur d’eau émise par la comète et surtout comment celle-ci varie en fonction de la distance au Soleil.

 

 

 

Ces mesures sont basées sur l’instrument ROSINA (Rosetta Orbiter Spectrometer for Ion and Neutral Analysis) à bord de la sonde.

 

 

 

 

 

 

 

La combinaison de tous les instruments de mesure indique une augmentation de la production d’eau, de quelques dizaines de milliers de kg par jour quand Rosetta a atteint la comète jusqu’à près de 100.000 t par jour autour du périhélie en août 2015.

 

Après le passage au périhélie, une forte décroissance de la production d’eau est remarquée, comme on le voit sur la courbe de droite qui combine les mesures de tous les instruments de bord.

 

 

 

 

 

On s’est aussi intéressé de savoir de quelle région provenait principalement cette production d’eau. Il semble que ce soit principalement de l’hémisphère Nord de la comète avant l’équinoxe.

Ensuite après l’équinoxe (mai 2015), arrive un été très court et très intense pour l’hémisphère Sud, qui va favoriser l’émission de vapeur d’eau.

Voir cet article publié par l’ESA à ce sujet : Rosetta measures production of water at comet over two years

 

La perte de masse due à ces dégazages a été estimée à quelques mètres de surface.

 

On s’est ensuite intéressé à la production d’autres volatils  avant et après le périhélie.

 

 

 

POUR ALLER PLUS LOIN :

 

Rosetta :.Miro cartographie l’eau autour de la comète dans les astronews.

 

L'eau est un constituant essentiel des comètes par J Crovisier.

 

 

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LES ÉMISSIONS DE JETS DE LA COMÈTE : PIERRE DROSSART  LESIA.

 

 

C’est l’émission des jets de poussières qui créé la coma, cette longue queue visible de la comète.

 

Rosetta grâce à ses observations rapprochées nous permet de déterminer l’origine de ces poussières.

 

Il y a une grande diversité dans l’apparition des jets de poussières, qui nous donne un spectacle assez éblouissant comme sur cette photo composite.

 

Mais l’essentiel est invisible, à savoir, les glaces qui se subliment !

 

La comète a comme moteur les glaces et comme carburant l’énergie solaire.

 

 

 

 

 

 

 

L’effet des saisons est très important et on s’aperçoit aussi que la zone la plus active est la zone du cou.

 

 

 

Vue « à contre jour » de 67P et de ses jets.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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LE ZOO COMÉTAIRE OU LA DIVERSITÉ CHIMIQUE : NICOLAS FRAY  LISA-CNRS.

 

 

Nicolas Fray est maître de conférences en Physique à l’Université de Paris Est Créteil, il est chercheur au LISA (Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques).

 

On a détecté de nouvelles molécules gazeuses, les hyper volatils.

 

Si CO et CH4 étaient bien connues, on a détecté grâce à ROSINA, Ar, N2 et O2.

 

 

Cela implique que le noyau cométaire ait été peu chauffé depuis l’origine, ces corps ont été formés à très basse température, autour de 25K.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si le Méthanol, l’Éthanol et l’Ammoniac étaient déjà connus, Rosetta a détecté de nouvelles molécules organiques comme celles représentées en orange sur le tableau ci-contre.

 

Dont un acide aminé fondamental : la glycine.

C’est une brique du vivant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tiré de l’article du LISA :

"La multitude de molécules organiques déjà identifiées par Rosetta, désormais complétée par la détection passionnante d'ingrédients fondamentaux tels que la glycine et le phosphore, confirme notre idée que les comètes aient eu la capacité d'apporter sur Terre des molécules clés pour la chimie prébiotique», dit Matt Taylor, Rosetta scientifique du projet de l’ESA. "Démontrer que les comètes sont des réservoirs de matière primitive dans le système solaire et les vecteurs qui auraient pu transporter ces ingrédients essentiels à la Terre, est l'un des principaux objectifs de la mission Rosetta, et nous sommes ravis de ce résultat."

 

 

 

On a trouvé aussi de la matière organique à la surface du noyau grâce à VIRTIS et COSAC.

COSIMA, quant à lui, a trouvé de la matière de très haut poids moléculaire dans les particules cométaires.

 

 

 

 

En conclusion, on a trouvé de la matière organique dans toutes les phases de la comète.

 

Cela nous permet d’adjoindre ce schéma illustrant ce zoo cométaire :

 

 

Mais comme le signale le conférencier : l’analyse des données n’est pas finie.

 

 

 

 

 

 

 

POUR ALLER PLUS LOIN :

 

Rosina detects argon at comet 67P/C-G

 

Rosetta makes first detection of molecular nitrogen at a comet

 

La comète de Rosetta contient des ingrédients de la vie, par le LISA.

 

Rosetta's comet contains ingredients for life

 

Prebiotic chemicals—amino acid and phosphorus—in the coma of comet 67P/Churyumov-Gerasimenko

 

 

 

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LA FORMATION DU SYSTÈME SOLAIRE : MARC CHAUSSIDON   IPGP.

 

 

Marc Chaussidon est cosmochimiste et Directeur de l’IPGP (Institut de Physique du Globe de Paris).

 

On a beaucoup de météorites sur Terre que l’on peut analyser.

 

On peut ainsi comparer leur composition par rapport au Soleil (sauf les gaz bien sûr).

 

Que remarque-t-on sur la courbe suivante ?

 

 

 

(à droite, vue d’une poussière météoritique).

 

 

 

 

 

 

 

En ordonnées : proportion des éléments dans le Soleil

 

En abscisses : proportion dans des météorites de type chondrites carbonés.

 

Les compositions sont identiques.

 

Seules déviations : les isotopes de certains corps (points bleus) n’ont pas la même composition.

 

Pourquoi ??

 

 

 

 

 

Parce que les planètes ont migré au cours de leur formation, elles ont changé d’orbite, notamment les planètes géantes.

 

On voit ici l’évolution (le début de la formation du Système Solaire est en haut) des orbites des planètes pendant les quelques centaines de milliers d’années depuis le début.

Les points bleus correspondent aux petits corps « froids », les rouges aux « chauds ».

 

 

Voir les discussions  correspondant au modèle de Nice et au grand Tack et les références citées plus bas, pour tout comprendre.

 

 

 

 

 

Rosetta s’est aussi attachée à mesurer le rapport D/H   sur la comète et de le comparer avec celui de la Terre.

 

L’instrument ROSINA (acronyme de Rosetta Orbiter Spectrometer for Ion and Neutral Analysis à bord de Rosetta) vient de délivrer ses premières mesures : il semblerait bien que la composition de l’eau (vapeur d’eau émise) de la comète 67P Churyumov-Gerasimenko soit différente de la composition de l’eau terrestre.

 

Illustration : le rapport D/H dans le système solaire. Les données sont regroupées par couleur : Planètes et lunes en bleu

Les météorites chondritiques en gris

Les comètes originaires du nuage de Oort en violet Les comètes de la famille de Jupiter en rose La comète 67P en jaune (5,3 10-4).

La partie inférieure du graphique indique les valeurs de D/H dans les atmosphères des planètes géantes et une estimation de cette valeur dans la nébuleuse proto solaire. La ligne bleue horizontale correspond à l’eau terrestre (SMOW = 1,56 10-4)

Les ronds sont des mesures obtenues par observations astro et les losanges par mesure in-situ.

© Altwegg et al. 2014

 

 

 

Il semblerait donc bien que la majorité de l’eau apportée sur notre planète provienne des astéroïdes et non pas des comètes.

 

 

POUR ALLER PLUS LOIN :

 

L'origine des radioactivités éteintes : par Marc Chaussidon

 

Les météorites et la chronologie de la formation du système solaire : ce qui a change ces dernières années. M. Chaussidon

 

La chronologie de la formation du système solaire, présentation pdf par M Chaussidon.

 

Petite histoire du système solaire: De la nébuleuse aux planètes rocheuses. Michael Toplis DTP, Observatoire Midi-Pyrénées

 

Formation des systèmes stellaires et planétaires Conditions d’apparition de la vie chez EDP Sciences.

 

Explication du Grand Tack par le SwRI et par l’Université de Bordeaux.

 

Quand Jupiter était à la place de Mars ! par l’OCA.

 

Rosina et l’eau de la Terre au CNES avec un entretien avec Christelle Briois et Bernard Marty qui ont participé à l’expérience

 

 

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DYNAMIQUE DU VOL, SE POSER SUR UNE COMÈTE : THIERRY MARTIN   SONC CNES

 

 

Thierry Martin, fait partie du SONC (Science Operation and Navigation Center), c’est le centre d’opération du CNES basé à Toulouse.

 

Le SONC planifie les opérations de survol et de changement d’orbite.

 

Th Martin nous explique la difficulté de se mettre en orbite autour d’un tel objet avec si peu de gravité ; et de déterminer la phase d’approche pour contact.

 

C’est pendant le survol n° 13 que Rosetta a trouvé Philae ; et c’est l’orbite 15 qui va nous amener au sol.  C’est une orbite sur 3 jours.  On est sensible aux irrégularités du champ de gravité qui peuvent donner des erreurs de pointage.

 

 

 

 

 

 

 

 

La stratégie du contact est la suivante (voir graphique et animation plus loin) : on quitte l’orbite elliptique, on se déplace à 89mm/s, ce qui met la sonde, la nuit précédent l'impact, sur une orbite de collision

 

 

L’orbite est devenue une hyperbole, la vitesse qui était de 30cm/s  va augmenter jusqu’à 90cm/s pour le contact.

 

 

 

 

 

 

 

Animation de la dernière orbite :

Vidéo :

 

 

 

 

 

 

 

Le choix des sites d’atterrissage :

 

 

Les sites de Philae (prévu et réel) et de Rosetta apparaissent sur cette photo.

 

Le site de gauche : prévu pour Philae (Agilkia) mais on sait qu’elle a rebondi et s’est posé sur Abydos (image du centre).

 

Les deux images de droite correspondent au site choisi pour Rosetta près d’un puits que l’on veut étudier (cercle rouge).

Les deux rebonds de Philae et sa position finale estimée par le SONC.

 

Cette position a été confirmée plus tard.

 

 

À la recherche de Philae.

 

 

 

C’est l’instrument CONSERT qui a aidé à trianguler la position de Philae sur le sol de la comète, en réduisant la zone de probabilité à une surface de 21m par 34m.

 

 

Le point rouge correspond à la plus grande probabilité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est à l’occasion d’un des derniers survols en rase mottes que Philae a été découvert.

 

 

C’était l’endroit précis déterminé par l’équipe du SONC. Bravo !

 

 

 

 

 

 

 

 

Rosetta/Philae : les coulisses d'une retrouvaille, par le CNES.

 

Incroyable : Rosetta a retrouvé Philae !, article de un autre regard sur la Terre.

 

Rosetta’s final orbits – animation par l’ESA.

 

Philae best fit search ellipse, par l’ESA.

 

Rosetta’s descent par l’ESA.

 

Mission complete: Rosetta’s journey ends in daring descent to comet

 

 

 

 

 

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LES PHOTOS ARRIVENT.

 

Ça y est Rosetta a percuté la comète, la mission est finie pour Sylvain Lodiot du CNES qui était à Darmstadt, de façon très émouvante, il embrasse tous ses collègues  et les remercie.

 

Il était responsable des opérations de vol de Rosetta.

 

 

 

 

 

 

 

On voit la fin du signal radio indiquant que Rosetta fait maintenant partie de la comète.

Holger Sierks le PI de la caméra OSIRIS nous montre les premières images de l’approche finale

 

 

Phase de survol du puits que l’on veut imager

Une des photos du survol du puits.

 

 

Et la toute dernière image avant le crash !

 

Prise avec la caméra grande angle à une altitude de 20 m.

 

L’image représente 96m au sol, 2mm/pixel !!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Toutes les photos de la mission Rosetta à l’ESA.

 

 

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D’OÙ VIENT LA COMÈTE ? : JEAN-LOUP BERTAUX   LATMOS.

 

 

 

JL Bertaux nous rappelle la formation du système solaire, avec les restes d’élaboration des planètes : les astéroïdes et les comètes dont les objets trans neptuniens TNO.

 

 

Puis on en arrive à la nature des comètes.

 

Il y a deux scénarios :

·         Soit par accrétion hiérarchique  ou

·         Soit par collision de TNO.

 

Les photos semblent accréditer le premier scénario, du genre rubble pile (tas de gravats) accrétion à vitesse faible.

 

 

 

 

 

 

Les deux scénarios envisagés pour la formation des comètes (ici 67P)

 

 

Les dernières informations correspondant à la nature des comètes et en particulier à Churyumov-Gerasimenko sont résumées sur cette planche :

 

 

La comète présente une grande porosité, une grande fragilité mécanique aussi.

 

À l’intérieur des puits, les petites boules qui s’échappent pourraient devenir des comètes élémentaires.

 

POUR ALLER PLUS LOIN :

 

Estimate of the erosion rate from H2O mass-loss measurements from SWAN/SOHO in previous perihelions of comet 67P/Churyumov-Gerasimenko and connection with observed rotation rate variations par Jean-Loup Bertaux

The 19 Feb. 2016 Outburst of Comet 67P/CG: An ESA Rosetta Multi-Instrument Study; ouvrage collectif.

 

 

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INTERMÈDE ANAGLYPHE.

 

 

Nous avons sélectionné de très belles images 3D anaglyphes collationnées par Olivier de Goursac

 

 

Elles sont trop importantes en terme de MB pour être montrées dans ce CR.

 

Le spectacle était donc aussi dans la salle ; la preuve :

 

 

 

 

 

 

 

 

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CONCLUSION.

 

 

 

Francis et Gilles concluent cet évènement et passent la parole  à

Claudie Haigneré, ancienne  Présidente d’Universcience qui remercie tous les participants

 

 

 

 

La SAF, au travers d’une partie de son Conseil était bien représentée :

 

JPM ; P Baradeau Président ; MC Paskoff ; C Larcher

 

1er rang : D Massoule ; JC Bercu.

 

 

 

 

 

 

Merci à tous pour votre participation.

 

PROCHAIN RENDEZ-VOUS ESPACE AVEC LA SAF :

19 OCTOBRE A POISSY (FORUM PEUGEOT 45 Rue Jean-Pierre Timbaud 78300 POISSY )  A PARTIR DE 14H15
POUR VOIR L’ARRIVÉE D’EXOMARS (MODULE SCHIAPARELLI° SUR LA PLANÈTE MARS

 

Entrée libre (1000places) mais il faut s’inscrire.

 

 

 

 

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COMMUNIQUE DE PRESSE

 

Suite à ce succès l’ESA a publié un communiqué de presse que je reproduis :

 

Mission accomplie : Rosetta termine son voyage par une descente magistrale vers sa comète

 

Rosetta, mission historique de l'ESA, s'est achevée comme prévu par un impact contrôlé de la sonde à la surface de la comète qu'elle accompagnait depuis plus de deux ans.

 

Le centre de contrôle de l'ESA, à Darmstadt (Allemagne), a déclaré la mission officiellement terminée à 11 h 19 temps universel (13 h 19 heure de Paris), après avoir constaté la perte du signal de Rosetta, au moment de l'impact.

 

Hier soir, à 20 h 50 temps universel (22 h 50 heure de Paris), Rosetta avait amorcé une trajectoire de collision avec la comète, depuis une altitude d'environ 19 km, exécutant ainsi sa dernière manœuvre. La destination ciblée était située sur le plus petit lobe de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko , à proximité d'une zone d'hébergement de fosses actives, dans la région de Ma'at.

 

Au cours de sa descente, Rosetta a eu l'occasion d'étudier les gaz, les poussières et le plasma à proximité directe de la surface de la comète, et de prendre des clichés à très haute résolution.

 

Les fosses sont particulièrement intéressantes, car elles jouent un rôle important dans l'activité cométaire et fournissent de précieux indices sur la composition de l'intérieur de la comète.

 

Les informations collectées lors de la descente vers cette région fascinante ont été envoyées sur Terre avant l'impact. Il n'est désormais plus possible de communiquer avec la sonde.

 

« Rosetta vient d'accomplir une nouvelle prouesse qui entrera dans l'histoire », se réjouit Jan Wörner, Directeur général de l'ESA. « Aujourd'hui, nous célébrons le succès d'une mission qui a marqué un tournant majeur pour l'exploration spatiale, qui a surpassé nos rêves les plus ambitieux, et qui s'inscrit dans la glorieuse lignée des grandes "premières" de l'ESA dans le domaine de l'exploration cométaire. » 

 

« Grâce à un effort international colossal, qui s'est étalé sur des dizaines d'années, nous avons réussi notre mission, qui consistait à envoyer dans l'espace un laboratoire scientifique de pointe afin d'étudier de près l'évolution d'une comète dans le temps, ce qu'aucune autre mission cométaire n'avait tenté auparavant », commente Alvaro Giménez, Directeur de la Science à l'ESA.

 

« La phase de conception de Rosetta avait commencé avant même que Giotto, première sonde de l'ESA envoyée dans l'espace lointain, ait pris le premier cliché d'un noyau cométaire (celui de la comète de Halley), en 1986.

 

« Des carrières entières ont été consacrées à Rosetta, et les données recueillies occuperont des générations de scientifiques pendant encore des dizaines d'années. »

 

« Cette mission n'a pas seulement été un triomphe aux plans scientifique et technique : Rosetta et son atterrisseur Philae ont également enflammé l'imagination du monde entier, et fasciné un public bien plus vaste que la communauté scientifique. C'était grisant de sentir que tant de gens étaient embarqués avec nous dans cette aventure », ajoute Mark McCaughrean, conseiller scientifique à l'ESA.

 

Depuis son lancement en 2004, Rosetta en est maintenant à sa sixième orbite autour du Soleil. Elle a parcouru près de 8 milliards de kilomètres, survolé trois fois la Terre et une fois la planète Mars, et rencontré sur sa route deux astéroïdes.

 

Après 31 mois d'hibernation dans l'espace lointain, la sonde s'est réveillée en janvier 2014, pour atteindre sa destination en août 2014.

 

Rosetta a été le premier véhicule spatial à se mettre en orbite autour d'une comète et le premier à y envoyer un atterrisseur, Philae, en novembre 2014. Mais sa mission ne s'est pas arrêtée là : elle a ensuite continué à surveiller l'évolution de la comète à mesure qu'elle s'approchait du soleil, puis qu'elle s'en éloignait.

 

« Rosetta a fonctionné pendant 786 jours dans l'environnement hostile de la comète, a exécuté plusieurs survols épiques très près de sa surface, a survécu à des éruptions inattendues, et est sortie indemne de deux passages en mode de sécurité », raconte Sylvain Lodiot, responsable de la conduite des opérations.

 

« Pour nous, les dernières opérations ont été les plus difficiles, mais après une telle aventure, quelle plus belle fin pour Rosetta que d'aller rejoindre son atterrisseur à la surface de la comète ? »

 

Si ce scénario final a été choisi, c'est parce que la trajectoire de la comète l'entrainerait de nouveau au-delà de l'orbite de Jupiter, plus loin du Soleil que toutes les régions que Rosetta a traversées jusqu'à présent. Dans ces conditions, les panneaux solaires produiraient trop peu d'énergie pour faire fonctionner la sonde.

 

En outre, l'équipe responsable des opérations savait que d'ici peu, le Soleil serait beaucoup plus proche de la ligne de visée entre la Terre et Rosetta, et que pendant un mois cette situation compliquerait considérablement les communications avec la sonde.

 

« Nous avons décidé d'exécuter cet ultime plongeon vers la surface de la comète afin d'optimiser le retour scientifique de Rosetta », explique Patrick Martin, responsable de la mission.

 

« C'est une fin douce-amère, mais en fin de compte la mécanique du Système solaire était tout simplement contre nous : le destin de Rosetta a été scellé il y a bien longtemps. Mais tout ce qu'elle a accompli passera à la postérité et sera utilisé par la prochaine génération de scientifiques et d'ingénieurs dans le monde entier. »

 

Si le volet opérationnel de la mission s'est achevé aujourd'hui, les analyses scientifiques se poursuivront pendant encore de nombreuses années.

 

Rosetta a déjà permis de faire plus d'une découverte surprenante, à commencer par la forme curieuse de la comète, révélée lorsque la sonde s'en est approchée en juillet et août 2014. Les scientifiques pensent à présent que les deux lobes se sont formés séparément, avant de se rejoindre à l'occasion d'une collision à basse vitesse survenue dans les tout premiers temps du Système solaire.

 

L'observation de la comète sur le long terme a mis en évidence l'influence déterminante de sa forme sur ses saisons, sur les déplacements de poussière à sa surface, et sur les variations mesurées dans la densité et la composition de son « atmosphère », appelée coma.

 

La mission a également permis d'obtenir des résultats inattendus concernant les gaz s'échappant du noyau de la comète, dans lesquels des molécules d'oxygène et d'azote ont été décelées, ainsi que de l'eau ayant une « saveur » différente de celle des océans terrestres.

 

Pris dans leur ensemble, ces résultats laissent penser que la comète est née dans une région très froide de la nébuleuse protoplanètaire, pendant la formation du Système solaire, il y a plus de 4,5 milliards d'années.

 

Il semble que les comètes telles que Churyumov-Gerasimenko  n'aient pas apporté sur Terre autant d'eau que ce que l'on imaginait jusqu'à présent. Mais qu'en est-il des autres ingrédients jugés nécessaires à l'apparition de la vie ?

 

Rosetta n'a pas déçu les scientifiques sur ce point : elle a en effet mis en évidence la présence de glycine, un acide aminé généralement présent dans les protéines, et de phosphore, composant essentiel de l'ADN et des membranes cellulaires. De nombreux composés organiques ont également été détectés par Rosetta depuis son orbite et par Philae in situ, à la surface.

 

Globalement, les résultats de la mission Rosetta invitent à se représenter les comètes comme des traces immémoriales de la formation du Système solaire, plutôt que comme des fragments issus de collisions entre des corps plus volumineux. L'étude des comètes nous offre donc un aperçu inédit de ce à quoi pouvaient ressembler, il y a 4,6 milliards d'années, les éléments qui ont donné naissance aux planètes.

 

« Tout comme la pierre de Rosette, qui a donné son nom à notre mission, a marqué un tournant dans notre compréhension des hiéroglyphes et de l'histoire antique, le vaste trésor que constituent les données envoyées par Rosetta révolutionne notre vision du processus de formation des comètes et du Système solaire », s'enthousiasme Matt Taylor, responsable scientifique de la mission.

 

« Évidemment, il reste encore beaucoup de mystères à élucider. La comète n'a pas encore livré tous ses secrets, et les archives extraordinaires dont nous disposons à présent nous réservent sans aucun doute bien des surprises. Ce n'est qu'un début, vous n'avez pas tout vu ! »

Mission accomplie : Rosetta termine son voyage par une descente magistrale vers sa comète

 

Rosetta, mission historique de l'ESA, s'est achevée comme prévu par un impact contrôlé de la sonde à la surface de la comète qu'elle accompagnait depuis plus de deux ans.

 

Le centre de contrôle de l'ESA, à Darmstadt (Allemagne), a déclaré la mission officiellement terminée à 11 h 19 temps universel (13 h 19 heure de Paris), après avoir constaté la perte du signal de Rosetta, au moment de l'impact.

 

Hier soir, à 20 h 50 temps universel (22 h 50 heure de Paris), Rosetta avait amorcé une trajectoire de collision avec la comète, depuis une altitude d'environ 19 km, exécutant ainsi sa dernière manœuvre. La destination ciblée était située sur le plus petit lobe de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko , à proximité d'une zone d'hébergement de fosses actives, dans la région de Ma'at.

 

Au cours de sa descente, Rosetta a eu l'occasion d'étudier les gaz, les poussières et le plasma à proximité directe de la surface de la comète, et de prendre des clichés à très haute résolution.

 

Les fosses sont particulièrement intéressantes, car elles jouent un rôle important dans l'activité cométaire et fournissent de précieux indices sur la composition de l'intérieur de la comète.

 

Les informations collectées lors de la descente vers cette région fascinante ont été envoyées sur Terre avant l'impact. Il n'est désormais plus possible de communiquer avec la sonde.

 

« Rosetta vient d'accomplir une nouvelle prouesse qui entrera dans l'histoire », se réjouit Jan Wörner, Directeur général de l'ESA. « Aujourd'hui, nous célébrons le succès d'une mission qui a marqué un tournant majeur pour l'exploration spatiale, qui a surpassé nos rêves les plus ambitieux, et qui s'inscrit dans la glorieuse lignée des grandes "premières" de l'ESA dans le domaine de l'exploration cométaire. » 

 

« Grâce à un effort international colossal, qui s'est étalé sur des dizaines d'années, nous avons réussi notre mission, qui consistait à envoyer dans l'espace un laboratoire scientifique de pointe afin d'étudier de près l'évolution d'une comète dans le temps, ce qu'aucune autre mission cométaire n'avait tenté auparavant », commente Alvaro Giménez, Directeur de la Science à l'ESA.

 

« La phase de conception de Rosetta avait commencé avant même que Giotto, première sonde de l'ESA envoyée dans l'espace lointain, ait pris le premier cliché d'un noyau cométaire (celui de la comète de Halley), en 1986.

 

« Des carrières entières ont été consacrées à Rosetta, et les données recueillies occuperont des générations de scientifiques pendant encore des dizaines d'années. »

 

« Cette mission n'a pas seulement été un triomphe aux plans scientifique et technique : Rosetta et son atterrisseur Philae ont également enflammé l'imagination du monde entier, et fasciné un public bien plus vaste que la communauté scientifique. C'était grisant de sentir que tant de gens étaient embarqués avec nous dans cette aventure », ajoute Mark McCaughrean, conseiller scientifique à l'ESA.

 

Depuis son lancement en 2004, Rosetta en est maintenant à sa sixième orbite autour du Soleil. Elle a parcouru près de 8 milliards de kilomètres, survolé trois fois la Terre et une fois la planète Mars, et rencontré sur sa route deux astéroïdes.

 

Après 31 mois d'hibernation dans l'espace lointain, la sonde s'est réveillée en janvier 2014, pour atteindre sa destination en août 2014.

 

Rosetta a été le premier véhicule spatial à se mettre en orbite autour d'une comète et le premier à y envoyer un atterrisseur, Philae, en novembre 2014. Mais sa mission ne s'est pas arrêtée là : elle a ensuite continué à surveiller l'évolution de la comète à mesure qu'elle s'approchait du soleil, puis qu'elle s'en éloignait.

 

« Rosetta a fonctionné pendant 786 jours dans l'environnement hostile de la comète, a exécuté plusieurs survols épiques très près de sa surface, a survécu à des éruptions inattendues, et est sortie indemne de deux passages en mode de sécurité », raconte Sylvain Lodiot, responsable de la conduite des opérations.

 

« Pour nous, les dernières opérations ont été les plus difficiles, mais après une telle aventure, quelle plus belle fin pour Rosetta que d'aller rejoindre son atterrisseur à la surface de la comète ? »

 

Si ce scénario final a été choisi, c'est parce que la trajectoire de la comète l'entraînera de nouveau au-delà de l'orbite de Jupiter, plus loin du Soleil que toutes les régions que Rosetta a traversées jusqu'à présent. Dans ces conditions, les panneaux solaires produiraient trop peu d'énergie pour faire fonctionner la sonde.

 

En outre, l'équipe responsable des opérations savait que d'ici peu, le Soleil serait beaucoup plus proche de la ligne de visée entre la Terre et Rosetta, et que pendant un mois cette situation compliquerait considérablement les communications avec la sonde.

 

« Nous avons décidé d'exécuter cet ultime plongeon vers la surface de la comète afin d'optimiser le retour scientifique de Rosetta », explique Patrick Martin, responsable de la mission.

 

« C'est une fin douce-amère, mais en fin de compte la mécanique du Système solaire était tout simplement contre nous : le destin de Rosetta a été scellé il y a bien longtemps. Mais tout ce qu'elle a accompli passera à la postérité et sera utilisé par la prochaine génération de scientifiques et d'ingénieurs dans le monde entier. »

 

Si le volet opérationnel de la mission s'est achevé aujourd'hui, les analyses scientifiques se poursuivront pendant encore de nombreuses années.

 

Rosetta a déjà permis de faire plus d'une découverte surprenante, à commencer par la forme curieuse de la comète, révélée lorsque la sonde s'en est approchée en juillet et août 2014. Les scientifiques pensent à présent que les deux lobes se sont formés séparément, avant de se rejoindre à l'occasion d'une collision à basse vitesse survenue dans les tout premiers temps du Système solaire.

 

L'observation de la comète sur le long terme a mis en évidence l'influence déterminante de sa forme sur ses saisons, sur les déplacements de poussière à sa surface, et sur les variations mesurées dans la densité et la composition de son « atmosphère », appelée coma.

 

La mission a également permis d'obtenir des résultats inattendus concernant les gaz s'échappant du noyau de la comète, dans lesquels des molécules d'oxygène et d'azote ont été décelées, ainsi que de l'eau ayant une « saveur » différente de celle des océans terrestres.

 

Pris dans leur ensemble, ces résultats laissent penser que la comète est née dans une région très froide de la nébuleuse protoplanètaire, pendant la formation du Système solaire, il y a plus de 4,5 milliards d'années.

 

Il semble que les comètes telles que Churyumov-Gerasimenko n'aient pas apporté sur Terre autant d'eau que ce que l'on imaginait jusqu'à présent. Mais qu'en est-il des autres ingrédients jugés nécessaires à l'apparition de la vie ?

 

Rosetta n'a pas déçu les scientifiques sur ce point : elle a en effet mis en évidence la présence de glycine, un acide aminé généralement présent dans les protéines, et de phosphore, composant essentiel de l'ADN et des membranes cellulaires. De nombreux composés organiques ont également été détectés par Rosetta depuis son orbite et par Philae in situ, à la surface.

 

Globalement, les résultats de la mission Rosetta invitent à se représenter les comètes comme des traces immémoriales de la formation du Système solaire, plutôt que comme des fragments issus de collisions entre des corps plus volumineux. L'étude des comètes nous offre donc un aperçu inédit de ce à quoi pouvaient ressembler, il y a 4,6 milliards d'années, les éléments qui ont donné naissance aux planètes.

 

« Tout comme la pierre de Rosette, qui a donné son nom à notre mission, a marqué un tournant dans notre compréhension des hiéroglyphes et de l'histoire antique, le vaste trésor que constituent les données envoyées par Rosetta révolutionne notre vision du processus de formation des comètes et du Système solaire », s'enthousiasme Matt Taylor, responsable scientifique de la mission.

 

« Évidemment, il reste encore beaucoup de mystères à élucider. La comète n'a pas encore livré tous ses secrets, et les archives extraordinaires dont nous disposons à présent nous réservent sans aucun doute bien des surprises. Ce n'est qu'un début, vous n'avez pas tout vu ! »

 

 

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Bon ciel à tous

 

Jean Pierre Martin SAF Président de la Commission de Cosmologie

www.planetastronomy.com

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