Mise à jour 15 Juin 2021.
CONFÉRENCE MENSUELLE (à distance) DE LA SAF
De David ELBAZ Astrophysicien directeur scientifique
du département d'astrophysique du CEA Saclay CEA/IRFU
«
LE MYSTÈRE VAN DEN BERGH
OU LE SECRET DE LA FÉCONDITÉ DES GALAXIES
»
Organisée par la SAF
Par Téléconférence Zoom, due au confinement virus
Le Mercredi 9 Juin 2021 à 19H00
Photos : JPM pour
l'ambiance. (Les photos avec plus de résolution peuvent
m'être
demandées directement)
Les photos des slides sont de
la présentation de l'auteur. Voir les crédits des autres photos si nécessaire
La présentation est disponible sur
ma liaison ftp , rentrer le mot de passe, puis CONFÉRENCES SAF ensuite
SAISON 2020/2021 ; elle s’appelle :
SAF_elbaz_VdB-Juin2021.pdf
Ceux qui n'ont pas les mots de
passe doivent me
contacter avant.
La vidéo de la réunion est
accessible :
https://youtu.be/MV03fC539ks
Tous les autres enregistrements
sont accessibles sur la
chaine
YouTube SAF.
Les conditions étant
particulières en cette période de circulation du virus COVID-19, je n’ai pas de
photo de groupe bien sûr, mais j’ai pu faire une photo du conférencier.
BREF COMPTE RENDU
David Elbaz, que nous
connaissons bien à la SAF où il a déjà donné des conférences, est
astrophysicien, directeur scientifique du
département d'astrophysique (DAP) du CEA Saclay.
Ce département est au sein de
l’IRFU.
Nous étions 130 en salle zoom
sur 190 inscrits et près de 90 sur YouTube.
David commence sa conférence
par une analogie : vous voulez faire le tour de la planète avec votre vieille
voiture et juste un bidon d’essence. Vous allez me dire que ça n’est pas
possible, c’est contre toute logique.
Et pourtant, on va se rendre
compte que la voiture a réellement fait le tour de la planète.
Comment a-t-elle fait ?
A-t-elle trouvé des points de ravitaillements sur le parcours.
Eh bien, c’est un peu au même
problème que nous sommes confrontés en astrophysique. Les galaxies forment des
étoiles, mais d’après les calculs,
il y a longtemps
qu’elles auraient dû épuiser leur carburant, et pourtant, des étoiles se
forment toujours. Pourquoi ?
Il y a 10 milliards d’années
(Ga) on notait près de 85.000 naissances d’étoiles par seconde, alors que
maintenant, nous avons toujours un taux important de l’ordre de 10.000
naissances par seconde. (Pour des étoiles « typiques », en gros moitié de la
masse solaire).
À cette époque, l’espérance de
vie des étoiles était de …175 millions d’années ! Il y a 9 Ga elle était de 450
Ma.
La naissance de la dernière
étoile aurait dû se produire à la limite jaune en pointillée. Et pourtant !
C’est en 1957 qu’un astronome
canadien, Sydney Van den
Bergh, publie un article (Interstellar
Gas and Star Creation) stipulant :
« Si aucun approvisionnement
extérieur n'est disponible, le gaz présent dans le voisinage solaire sera épuisé
dans environ 700 millions d'années. »
Alors pourquoi donc l’Univers
continue-t-il à produire des étoiles ?
Et depuis 1957, cette question
fondamentale semble avoir été glissée sous le tapis.
En 1904, l’astronome Allemand,
Johannes Hartmann, en étudiant le spectre de Delta Orionis (binaire), remarque
que la plupart du spectre est décalé, excepté les lignes du Calcium. Il en
déduisit ainsi que le Ca était présent dans le milieu interstellaire (ISM en
anglais). Ce fut le début de
l’identification des éléments composant le milieu interstellaire.
C’est dans la nuit du 23 Mars
1895 que l’astronome
Américain Ed. Barnard en pointant le centre de notre Galaxie, la
constellation du Scorpion, qu’il remarqua après une très longue pose de sa
caméra qu’une grande portion du ciel était toute noire.
On dirait un trou dans le ciel,
mais c’est trompeur. On l’appellera la
nébuleuse
sombre du Serpent et en l’honneur de Barnard, elle aura la désignation de
Barnard 72. Ce serpent mesure plusieurs années lumières de long.
Mais la plus célèbre, est aussi
baptisée en son honneur, c’est la
nébuleuse sombre de
Barnard ou Barnard 68.
En fait c’est une zone très
concentrée de matière. Le nuage bloque la lumière visible, ses milliers
d’étoiles ne sont visibles qu’en IR, transparent pour la poussière
interstellaire.
À partir de cette époque, on
commence à s’intéresser aux régions soi-disant « vides ».
Beaucoup de savants, sauf
peut-être un certain Eddington !
C’est l’astronome Robert
Trumpler, qui en 1930, en étudiant différents amas d’étoiles et leur distance,
remarqua que quelque chose atténuait la lumière de ces étoiles. Il en déduisit
que des particules de poussières composait ce milieu interstellaire.
Ces grains de poussières ont
une taille qui permet la diffusion (scattering en anglais) préférentielle des
courtes longueurs d’onde, donc plus de bleue est enlevé de leur émission, et le
rouge (et l’IR) est favorisé. Ces objets apparaissent plus rouges.
On peut estimer le nombre de
grains et en déduire leur masse : approximativement 1/5 de la masse de gaz des
galaxies.
Il apparaît donc que ce milieu
interstellaire soit plus plein que le reste, serait-ce la source de ces rivières
célestes ?
OÙ
NAISSENT LES ÉTOILES ?
À l’époque, on estimait
l’espérance de vie des galaxies de l’ordre de quelques centaines de millions
d’années.
Où est l’erreur,
où est le chaînon
manquant ?
On
s’aperçoit progressivement que les galaxies, comme les étoiles présentent une
« séquence principale ». Comme pour les étoiles, il existe donc une
autorégulation entre la formation d’étoiles (équivalent de la gravité pour le
diagramme HR) et quelque chose (équivalent à la fusion nucléaire des étoiles)
qu’il nous faut trouver.
C’est
un diagramme taux de formation d’étoiles (puissance lumineuse) versus masse
des étoiles.
Au centre, la séquence
principale avec au-dessus d’elle, les zones les plus actives en formation
d’étoiles, les galaxies à flambées d’étoiles (starburst galaxies), dont le taux
est de plusieurs dizaines de fois celui de galaxie de la séquence principale.
Mais ces galaxies à flambées d’étoiles épuisent leur nourriture, elles épuisent
toute leur réserve de gaz.
M82 est un exemple typique de galaxie à flambées d’étoiles.
Une galaxie de la séquence
principale a par contre une durée de vie de
plusieurs dizaines de
milliards d’années.
Alors que son carburant aussi
semble être épuisé ? Alors d’où vient le ravitaillement ???
Plus une galaxie contient du
gaz, plus elle donne naissance à des étoiles.
Pour cela, allons à Barcelone,
voir le super calculateur
Mare Nostrum, chargé de recréer l’Univers en simulation numérique.
On s’aperçoit que les galaxies
sont reliées par des
filaments (cosmic web : toile cosmique) et ce sont ces filaments qui
alimenteraient les galaxies. Ce seraient les stations-service qui nourrissent
les galaxies !
La séquence principale du
diagramme des galaxies, serait donc un équilibre entre l’épuisement des réserves
de gaz des étoiles en formation et les réserves apportées par les filaments
intergalactiques.
Est-ce réel ou une illusion due
aux simulations sur ordinateur ?
On
sait que notre Univers est surtout dominé par des entités inconnues comme
matière noire et énergie noire, le reste, approx 5% correspond à de la matière
classique.
Et parmi ces 5%, il y aurait 60
à 90% de ces atomes qui seraient indétectables.
La quête de cette matière noire
classique serait la clé du mystère Van den Bergh.
À l’aide de l’instrument
Muse au VLT, on a pu mesurer des nuages d’Hydrogène ionisé autour des
galaxies. Comme une réserve autour des galaxies qui n’attend que de les nourrir.
Mais ce ne sont pas des filaments.
Pour rechercher ces filaments,
on va se servir de ces puissants phares que sont les quasars.
Si leur lumière traverse des
filaments, elle devrait être absorbée par les atomes des filaments. Ceci a été
fait sur plusieurs dizaines de milliers de quasars. C’est une équipe Chinoise
qui vient de publier un article
à ce sujet. Un filament aurait été détecté.
Des filaments de matière
reliraient les galaxies entre elles comme les racines avec les arbres.
CONCLUSION.
Il y a trois échelles
cosmiques :
·
La
toile cosmique,
grandes structures sur des centaines de millions d’années.
·
Les
fleuves cosmiques ou
filaments qui nourrissent la galaxie et lorsque la matière coule, elle agit sur
la galaxie et la fait tourner. Cela pourrait résoudre l’énigme des galaxies
spirales en rotation. Non seulement ils nourrissent la galaxie mais en la
faisant tourner, ils s’opposent à la gravité empêchant la matière d’aller vers
le centre et remplissent ainsi les espaces vides. Ces filaments ont une
épaisseur de de l’ordre de 10 à 100.000 al. Longueur de l’ordre du million d’al.
·
Les
rivières cosmiques à
l’intérieur des galaxies à l’origine de la fertilité des galaxies. Longueur
approx 10 à 100 al.
Mais alors comment expliquer
que certaines galaxies deviennent stériles et meurent.
Mon
résumé simple et schématique :
La
fécondité des galaxies est liée au fait qu’elles ont des « stations-services »
dans l’Univers, les filaments.
POUR ALLER PLUS
LOIN :
The two
modes of star formation
de Joseph Silk
The effect of interstellar dust
APEX observe des nuages sombres dans le
Taureau
Les étoiles naissent dans des filaments denses
Milieu
interstellaire
de Wikipedia
The
Galaxy Main Sequence: What’s in the Scatter?
The
Galaxy-Halo Connection: Present Status and Future Prospects
par S Van den Bergh
L’Univers lointain et la formation stellaire
A la recherche du mécanisme expliquant la mort
des galaxies massives
Sur votre site préféré :
Les poussières du
cosmos :
CR de la conférence de P Boissé du 14 Mars 2009 à la SAF
La formation des
galaxies :
CR de la conférence SAF de David Elbaz du 13 nov 2013
Formation des
galaxies et étoiles :
CR comm. cosmologie SAF F. Bournaud du 23 Mars 2013
Bon ciel à tous
Prochaine conférence SAF :
le mercredi 8 Septembre 2021 19H00
au CNAM amphi Grégoire et en VISIO canal YouTube SAF
Jean Pierre LUMINET "L'écume de l'espace-temps",
à cette occasion, la SAF lui remettra le Prix Janssen. Réservation à partir du 8
Août 09h00
Jean Pierre
Martin
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