Mise à jour 12 Février 2021.
CONFÉRENCE MENSUELLE (à distance) DE LA SAF
De Antonella BARUCCI du LESIA
« LES MISSIONS
HAYABUSA-2, OSIRIS REX ET MMX »
Organisée par la SAF
Par Téléconférence, due au confinement virus
Le Mercredi 10 Février 2021 à 19H00
Photos : JPM pour
l'ambiance. (Les photos avec plus de résolution peuvent
m'être
demandées directement)
Les photos des slides sont de
la présentation de l'auteur. Voir les crédits des autres photos si nécessaire
La présentation est disponible sur
ma liaison ftp , rentrer le mot de passe, puis CONFÉRENCES SAF
ensuite SAISON 2020/2021 ; elle s’appelle :
Barucci-Haya-Osir-MMX-2021.pdf (ne contient pas les vidéos car trop
volumineux).
Ceux qui n'ont pas les mots de
passe doivent me
contacter avant.
La vidéo de la réunion est
accessible ICI
.
Tous les autres enregistrements
sont accessibles sur la
chaine
YouTube SAF.
Les conditions étant
particulières en cette période de circulation du virus COVID-19, je n’ai pas de
photo de groupe bien sûr, mais j’ai pu faire une photo partielle des
participants (voir plus bas).
Remarque : de nombreux
paragraphes ont été empruntés aux divers articles que j’ai déjà écrits sur ces
sondes.
De haut en bas et de gauche à droite : les
organisateurs Th Midavaine et JP Martin, Antonella Barucci
BREF COMPTE RENDU
Cette conférence transmise par
zoom était limitée à 100 personnes et effectivement il y eut 104 spectateurs,
les autres, pouvaient quand même voir la conférence en direct sur le
canal
YouTube SAF sans s’inscrire, il y eut 120 personnes. Donc
plus de 220 spectateurs
en tout, un beau record dû à un sujet très intéressant.
Le titre « Les missions
Hayabusa-2, Osiris Rex et MMX » était sous-titré les missions vers las
astéroïdes avec retour d’échantillons, et c’est vraiment le point le plus
important, on a réussi à prendre des échantillons de la surface de certains
astéroïdes, d’en ramener certains sur Terre et de les analyser.
Ceci est leur histoire.
TOUT D’ABORD : COMMENT SONT NÉS LES ASTÉROÏDES ?
Le temps zéro, base du début du
système solaire se situe il y a 4,567 Milliards d’années (Ga = Giga années Ma =
Millions d’années)
Tout s’est produit à partir
d’un nuage de gaz et de poussières, il y a eu plusieurs phases, notamment :
·
entre 1 et 10 Ma: formation d’embryons planétaires
·
jusqu’à 10 Ma: formation des planètes géantes
·
jusqu’à 60 Ma: formation de la Terre-Lune
·
jusqu’à 100 Ma: formation des planètes rocheuses
La gravité devenant dominante à
partir d’objets ayant au moins 1 km.
Bref c’est quand même une
vision simpliste des choses, car ce ne fut pas un long fleuve tranquille. Il y
eu des migrations des
planètes géantes qui ont fait des va et vient vers le Soleil et puis s’en
sont éloignées (c’est le fameux modèle de Nice et son grand Tack). Cela a joué
sur la matière restante de la formation des planètes, justement, les astéroïdes.
On s’aperçu vite qu’entre Mars
et Jupiter, il y avait un trou, il manquait une planète, pourquoi ?
Toute formation de planètes est
prise entre deux feux :
•
L’attraction du Soleil
•
L’attraction de Jupiter planète géante
Toute velléité de formation est
vouée à l’échec : il ne peut subsister que des petits morceaux de planétoïdes,
les astéroïdes.
La plupart de ces petits corps
se trouvent donc situés entre Mars et Jupiter (on verra qu’il existe une autre
zone aussi plus loin dans le Système Solaire) que l’on appelle la ceinture
principale d’astéroïdes.
De quoi sont composés ces
petits corps ?
Ce sont les restes de matière
qui n’ont jamais pu former une vraie planète, ils sont intéressants à étudier
car ce sont des vrais fossiles de notre formation.
Il existe différents types
comme :
•
Ceux principalement rocheux (comme le manteau terrestre)
•
Certains ferreux comme le noyau terrestre pour ceux qui commençaient à se
différencier
•
Et toutes les combinaisons entre les deux, suite aux multiples collisions
depuis des milliards d’années.
De façon un peu simplifiée, on
peut dire que l’étude spectrographique a permis de déterminer trois grandes
familles en fonction de leur composition, à première vue
•
Les astéroïdes de type S (en anglais stony rocheux) ou silicatés,
constitués de pyroxène et d’olivine avec petit noyau de Fe-Ni
•
Les astéroïdes du type M (métalliques), blocs de Fer et de Nickel
•
Les astéroïdes de type C (pour carbonés) sont les plus primitifs
Dans la ceinture principale, il
y aurait plus de 1
million de corps de taille supérieure à 1 km.
Parmi ces astéroïdes, certains
ont la fâcheuse idée de croiser l’orbite de la Terre, ce sont les géocroiseurs,
on en compte approx. un millier de taille supérieure à 1 km. Certains peuvent
nous percuter comme cela s’est produit il y a quelques années en Russie à
Tcheliabinsk (voir
le film)
Mais, ne paniquons quand même
pas, ces impacts dangereux ne sont pas si fréquents, dormez sur vos deux
oreilles.
Illustration : Quelques
astéroïdes visités, dans le coin inférieur droit, ce sont des comètes.
NASA/JPL Montage E. Lakdawalla Planetary Society
Il y eut de nombreuses missions
vers les astéroïdes, mais aujourd’hui on s’intéresse à celles qui ont été
capables de prélever des échantillons.
LA
MISSION HAYABUSA-2 DE LA JAXA : SUCCÈS COMPLET.
La JAXA (agence spatiale
japonaise) voulait donner une suite à la mission Hayabusa-1 qui s’était déroulée
avec succès, malgré quelques périodes de suspense intense au retour.
Ils ont lancé avec succès en
Décembre 2014 la continuation de leur précédente mission vers les astéroïdes :
Hayabusa deuxième du nom.
La sonde : similaire à sa
première version.
La cible : toujours un
astéroïde de petite taille, cette fois il s’appelle 1999 JU3, ou
Ryugu, sa taille est
de l’ordre du km.
Son avantage, c’est un
astéroïde primitif, datant de la formation du système solaire.
Il devrait contenir des
molécules organiques.
Il est plus petit que 67P de
Philae mais plus dense. Néanmoins la gravité y est très faible.
Il est atteint en Juin 2018, la
sonde s’y met en orbite à 20 km d’altitude. L’exploration commence.
Surprise ! Sa forme de dé
bizarroïde et absence
de cratères.
Pour voir Ryugu tourner avec
cette
animation gif.
Ryugu a un diamètre de 900 m et
un albédo de 4,5%, c’est très très noir !
Il tourne sur lui-même en un
peu plus de 7h30.
Sa densité est faible : 1,2, on
pense donc que c’est un agrégat rocheux (rubble pile en anglais)
Mais surtout, contrairement à
Itokawa de la première mission, il y a plein de roches et pour ainsi dire très
peu de zones plates sans gros objets. Notamment un gros rocher étonne (baptisé
Otohime),
comment peut-il rester au sol avec si peu de gravité.
Photo : JAXA.
La mission a été un succès
complet puisqu’elle a réussi les étapes suivantes :
·
Arrivée à
l’astéroïde
et mise en
orbite
·
Lancement et
atterrissage
du mini robot Minerva II-1 le 21 Sept 2018
·
Lancement et
atterrissage
du robot (CNES et DLR) le 3 Oct 2018
·
Premier
touch-down pour prélèvement le 21 Février 2019
·
Lancement de
l’impacteur pour le deuxième prélèvement le 5 Avril 2019
·
Deuxième
prélèvement le 11 Juillet 2019
·
Lancement et
atterrissage de Minerva II-2 le 3 Oct 2019
·
Il est temps de
rentrer à la
maison le 13 Nov 2019
·
Retour des
échantillons sur Terre le 5 Dec 2019
·
Les
prélèvements
sont
récupérés au Japon le 13 Dec 2019.
Présentation de la sonde :
Assez similaire à l’ancienne
mission, mais en se basant sur des techniques améliorées.
La sonde : 600 kg, dimensions :
un peu plus d’un m3.
Elle doit aussi déposer à la
surface un instrument développé par le CNES et la DLR, MASCOT (acronyme
de Mobile Asteroid Surface SCOuT). (Un « scout » en anglais est un éclaireur)
On va larguer cette grosse
boite à chaussures, très près de l’astéroïde, vers les 100 m d’altitude à la
vitesse de l’ordre de 10 cm/s.
Illustration JAXA
Il va rebondir et une fois posé
il a la capacité de se retourner si nécessaire. (roue
à inertie et bras) car l’instrument principal doit être tourné vers
le sol. De plus cet ensemble est capable de se déplacer par bonds en d’autres
endroits.
MASCOT est
un atterrisseur de 10 kg doté d'un mécanisme de mobilité qui lui permettra de
visiter 3 sites sur l'astéroïde. Sa durée de vie est limitée par ses batteries
primaires, unique source d'énergie pour 12 heures de mission.
Pour atteindre ses objectifs
scientifiques, l'atterrisseur MASCOT embarque 4 instruments scientifiques :
· MicrOmega,
microscope infrarouge hyperspectral pour analyse minéralogique in situ du
sol, développé par l'Institut d'Astrophysique Spatiale (JP Bibring IAS). MicrOmega constitue l'instrument
principal de MASCOT.
· CAM,
caméra champ large multispectrale pour fournir un contexte géologique aux sites
visités, développée par le DLR (Berlin) (agence spatiale allemande).
· MAG,
magnétomètre, développé par l'Université Technologique de Braunschweig.
· MARA,
radiomètre pour déterminer la température de la surface et déterminer l'inertie
thermique de l'astéroïde, développé par le DLR (Berlin) (agence spatiale
allemande).
La sonde aura une dizaine
d’heure pour travailler et transmettre ses informations (une batterie non
rechargeable limite sa durée de vie).
Des simulations numériques
d’atterrissage ont eu lieu pour limiter le nombre de rebonds, en effet, on ne
pouvait pas se permettre que Masco rebondisse pendant des heures, la durée de
vie de sa batterie étant limitée.
Trajectoire
d’atterrissage de Mascot sur Ryugu et ensuite déplacement à sa
surface (flèche bleue).
On remarquera l’ombre portée de
Hayabusa en orbite.
Concernant le prélèvement, la
sonde a lentement spiralé vers la surface avant de lancer une
microbille
de 5 grammes en Tantale à la vitesse de 300 m/s, dont le but était de
soulever un peu de poussière
de la surface.
Poussière alors recueillie par
le détecteur de la sonde en léger contact du sol (méthode touch and go).
Ensuite la sonde s’est éloignée
de la surface.
La JAXA a publié une super
intéressante vidéo de Hayabusa 2 entrain de collecter des échantillons de
l’astéroïde ce 21 Février 2019 : on voit une pluie de cailloux projetés en l'air
et aspirés par sa trompe.
La vidéo est accélérée cinq
fois, précise la Jaxa.
Pour le deuxième prélèvement on
a voulu compliquer les choses et prendre de la matière située plus profondément.
À cet effet, on lance un
impacteur ( le SCI Small Carry-on Impactor) chargé de créer
un cratère
artificiel d’une dizaine de m de diamètre dans le sol et on ira
prélever des échantillons au fond de ce cratère.
Zone d’impact avant l’impact (à
gauche) et après (à droite). Cercle : approx 10 m. crédit JAXA
Pour faire ces photos, Hayabusa
est descendu de son orbite de 20 km pour s’approcher de la surface avant d’y
retourner.
Une vidéo montrant
le largage de l’impacteur sur Ryugu (on ne voit pas l’impact).
Le deuxième prélèvement s’est
aussi bien passé que le premier, on verra plus tard, qu’en fait il a été plus
fructueux.
La stratégie
de descente pour le deuxième touchdown sur Ryugu.
La JAXA nous fournit une
animation vidéo très intéressante du mouvement de la sonde pendant la
descente (simulation).
L’animation commence à 8,5 m du
sol jusqu’au touchdown, la vitesse est multipliée par 16.
L’image dans le coin inférieur
droit représente le champ de vision de la caméra ONC.
Le cercle vert correspond à la
zone d’atterrissage. Une vue
stéréoscopique de cette zone.
Image de la Small
Monitor Camera (CAM-H) prise 4 secondes avant le contact |
Image de la Optical
Navigation Camera grand angle (ONC W1) 4 secondes après le contact. |
Retour à la maison.
Voici la séquence de retour.
Le 5 dec 2020 à 17h30 GMT, on a
pu suivre en direct la trace lumineuse dans le ciel australien.
Elle est récupérée rapidement
par les équipes qui l’attendait sur place. Un énorme succès pour une mission
dont on n’a peu ou pas entendu parler à la télé. Bravo les amis Japonais.
Illustration : JAXA.
Les échantillons sont vite
transportés au Japon, où on ouvre les conteneurs, et là, surprise !
En tout
5,4 g de matière
extra-terrestre récoltée.
Vue des
échantillons de la chambre « A » c’est-à-dire du premier
prélèvement. Une échelle
(5 mm) est indiquée.
Une autre vue des échantillons de la chambre « A ». Crédit JAXA |
Vue des
échantillons de la chambre « C » ceux du deuxième prélèvement (après
le tir), ils sont plus gros que ceux de A, un morceau de l’impacteur
(Alu) s’est probablement logé parmi les échantillons (artificial
objetc) Crédit JAXA |
Ensuite comme il reste du
carburant dans la sonde, il est prévu que celle-ci fasse d’abord quelques tours
du Soleil avant de s’intéresser à ses prochaines cibles qui pourraient être les
astéroïdes 2001 CC21 en 2026 et 1998 KY26, un minuscule astéroïde en 2031.
Bref une belle ambition pour
cette mission bon-marché et qui n’a malheureusement pas fait la une de la
presse.
Très belle vidéo (longue) de la
mission qui énumère tous les détails de l’opération.
https://www.youtube.com/watch?v=TDbtQd4LeuA
LA
MISSION OSIRIS-REX DE LA NASA, SUCCÈS EN COURS.
La NASA ne voulant pas être en
reste avec la mission Japonaise lancée en 2014, a lancé aussi une mission
ambitieuse début Septembre 2016, OSIRIS-Rex (acronyme de Origins, Spectral
Interprétation, Resource Identification, Security-Regolith Explorer) en
direction d’un astéroïde nommé Bennu (101955 Bennu ou 1999 RQ36), avec pour
mission d’en ramener un échantillon sur Terre.
Comme on le remarque à son
identification, c’est un astéroïde découvert en 1999 de dimension approximative
500m et dont la période orbitale de 1,2 ans (436 jours). C’est peut-être un
fragment d’un astéroïde plus gros.
C’est un
géocroiseur (NEO
Near-Earth Objects en anglais), c’est-à-dire qu’il peut couper l’orbite
terrestre, il fait partie de la famille des Apollo (astéroïdes dont leur
demi-grand axe est strictement supérieur à 1 UA et leur périhélie inférieur à
1,017 UA) ; il y en a plusieurs milliers de répertoriés. Il frôle la Terre tous
les 6 ans en moyenne, un impact est donc possible au XXIème siècle.
C’est donc un astéroïde
potentiellement dangereux.
Compléments (NdlR) :
Il fallait aussi trouver un
astéroïde pas trop loin de la Terre, donc un géocroiseur, ce qui est le cas, il
y en avait à l’époque du choix approximativement 200. Il fallait aussi que le
diamètre ne soit pas trop petit, sinon sa période de rotation est trop grande et
ce ne serait pas facile de viser un point sur le sol, cela a réduit le choix à
approx 25.
On voulait aussi un
astéroïde primitif, comme déjà dit plus haut, il n’en restait plus que
quelques-uns, et comme Bennu avait une forte probabilité de rencontrer la Terre
dans le futur, ce sont ces diverses raisons qui l’ont
fait choisir comme destination pour cette ambitieuse mission.
Rappel : les différents
types d’astéroïdes.
Type d’astéroïde |
Caractéristiques |
Sous catégories |
Abondance |
Type C pour
Carboné |
Très sombres
(albédo 0,03) comme les chondrites carbonées (CC). Très primitifs
peuvent contenir de l’eau. Peuplent surtout les régions externes de
la ceinture principale |
B ; F ; G |
Très abondant ¾
des astéroïdes ex : Mathilde, Cérès, Bennu |
Type S pour
Silice ou pierreux |
Albédo plus
élevé (0,1 à 0,2) riches en métaux : Fe, Ni, Mg. Similaires aux
Pallasites. Peuplent la région interne de la ceinture |
A ; K ; L ; Q ;
R |
Rare 17% Ex : Itokawa,
Gaspra, Eros |
Type M pour
Métallique |
Très brillants,
faits d’alliage Fe-Ni |
|
Le reste Ex : Lutetia |
La
sonde elle-même est beaucoup plus lourde que Hayabusa-2.
C’est un gros un cube de 3m de
côté avec deux panneaux solaires de 8,5m2.
Masse au décollage 1500kg.
Les panneaux solaires chargent
des batteries au Li-Ion, des petits propulseurs à l’hydrazine sont aussi montés
pour les diverses manœuvres.
La structure est fortement
inspirée des sondes Maven et MRO qui ont fait leur preuve.
Osiris-Rex possède 5
instruments pour étudier Bennu et mener à bien sa mission qui est d’activer le
bras (TAGSAM) pour prendre l’échantillon de sol
Illustration : Centre mission
Après des assistances
gravitationnelles, il se met en orbite autour de Bennu en 2018.
Là aussi, surprise ! Il
ressemble à Ryugu, une forme
de toupie, mais plus petit, il fait seulement 500 m dans sa plus grande
dimension.
Densité : 1,2 Albédo : 4,4%
Période de rotation : 4,3
heures.
Là aussi, absence de terrain
plat, nombreuses roches en surface.
Cependant on y détecte la raie
de l’eau (à 2,7 microns).
Une
animation gif de Bennu.
Photo : NASA
De plus on s’est aperçu que
Bennu est un astéroïde actif,
il dégage des jets de particules et de poussières, un peu comme une queue de
comète. Certaines particules s’échappent (leur vitesse peut atteindre quelques
m/s), d’autres retombent ou retomberont lentement sur la surface.
J’ai exagérément
augmenté le contraste de cette photo pour mettre en relief les
particules quittant l’astéroïde. (Attention certains points sont des
étoiles) |
Photo officielle de
la NASA montrant les carrés jaunes (des étoiles) et les particules
(flèches) de la surface de Bennu le 19 Janv 2019. Image de la
NavCam-1 Crédit GSFC/UA/Lockheed/KinetX |
Quelle est la cause d’un tel «
dégazage » ?
On s’est aperçu qu’il s’est
produit lorsque l’astéroïde était au plus près du Soleil, alors peut-être est-ce
l’effet de réchauffement dû au Soleil ?
La partie la plus délicate :
le prélèvement avec le bras
TAGSAM.
L’ensemble pour le prélèvement
et le retour d’échantillons sur Terre comprend deux instruments très
perfectionnés.
Deux
mots sur le principe de prise d’échantillons ; c’est un système du type « touch
and go » ; un bras articulé de grande longueur (3,2m) TAGSAM (Touch and
Go Sample Acquisition Mechanism) portant à son extrémité une
gamelle ressemblant à un vieux filtre à air de voiture, permettant de
projeter un jet d’azote liquide sur le pourtour afin de fluidiser le régolithe
et permettre ainsi l’aspiration dans une chambre de récupération.
Ensuite cet échantillon est
placé dans la capsule de retour SRC (Sample Return Capsule).
Photo : Mission
L’approche va se faire à
vitesse relative très lente : 10 cm/s et en s’adaptant exactement à la période
de rotation de Bennu.
Une belle
photo du bras en salle d’essai et encore une, bras
déployé.
|
|
Le collecteur de
TAGSAM touche la surface |
Aussitôt de l’azote
soufflé par l’extérieur provoque « l’envol » du régolithe qui est
recueilli dans le réceptacle rouge |
Une fois assuré que le
réceptacle est suffisamment rempli, celui-ci est transporté dans la capsule de
retour sur Terre.
Ensuite il a fallu, trouver un
site de
prélèvement car on avait besoin d’un endroit exempt de gros rochers.
Finalement on le trouve, ce
sera le site baptisé Nightingale (Rossignol).
Et c’est le 20 Octobre 2020,
que la sonde Osiris-Tex s’est approchée très lentement (la descente a duré 4
heures) du lieu cible de Bennu, et après s’être synchronisée avec la rotation de
l’astéroïde, a touché sa surface à 1 m du point prévu, a éjecté un souffle
d’azote pour remuer le régolithe du sol et a pu ainsi recueillir grâce à un
savant aspirateur un peu de cette poussière et cailloux.
Ensuite la sonde s’éloigne de
la surface et repart sur son orbite.
On peut voir toute cette
séquence
sur ce
graphique.
Évidemment, toutes ces
séquences ont été effectuées en automatique à cause de la distance.
|
|
Le bras TAGSAM (Touch
and Go Sample Acquisition Mechanism) de plus de 30 juste avant le
touch-down. (photo NASA) |
Juste après le jet
d’azote, on voit les grains de poussières voler dans tous les sens.
(photo NASA) |
Il est très impressionnant de
voir ce prélèvement en vidéo :
On peut voir aussi toutes les
images du contact mises bout à bout sur cette
vidéo mp4.
Aussi une vidéo explicative de
la méthode
de prélèvement.
Après étude de la tête du bras
TAGSAM, il semblerait que l’on ait recueilli
beaucoup plus d’échantillons
que prévu, peut-être 400 g au lieu des 60 g prévus !!!
La capsule n’arrive pas à se
refermer et on perd des échantillons dans l’espace.
On voit sur cette animation
gif fournie par la NASA les échantillons qui remplissent la tête et
que certains s’en échappent.
Le 27 Octobre 2020, la décision
est prise de
déplacer la
tête du bras TAGSAM vers le conteneur de retour.
Cette opération a eu lieu avec
succès, tout le monde respire au centre mission.
On a reçu la confirmation que
la tête était bien en position « bloquée » dans le conteneur. Maintenant il ne
reste plus qu’à déconnecter le bras de la tête, avant de sceller le conteneur.
Toutes ces opérations ont été
imagées, et la NASA les a montées en deux petits vidéos visibles sur Twitter
D’abord le transfert de la
capsule située au bout du bras vers la capsule retour :
https://twitter.com/i/status/1321917951226925056
Ensuite, après vérification de
la bonne opération précédente, on referme le capot de cette capsule.
https://twitter.com/i/status/1321909550547652619
À l’occasion
de cette prise d’échantillons, la NASA a mis bout à bout 189 images prises par
la NavCam2 du bras Tagsam et nous donne à voir ce superbe spectacle, qui a aussi
été le sujet d’un APOD.
Il correspond à une période approximative de 3 heures.
https://www.youtube.com/watch?v=F6Tkb8syTK8&ab_channel=APODVideos
Signalons que comme pour
Rosetta et Hayabusa, la « mise en orbite » autour de si petits corps qui n’ont
pour ainsi dire pas de gravité est un exploit de mécanique astronautique afin de
« voler » autour !
Départ de Bennu en Mars 2021,
arrivée sur Terre, le 24 septembre 2023.
LA
MISSION MMX DE LA JAXA.
La mission MMX, acronyme de
Martian Moons Exploration, est une mission consacrée
à Phobos et à Mars.
Elle a pour but de ramener sur
Terre un échantillon du sol de
Phobos,
un des deux satellites martiens, sur lequel on se pose d’ailleurs beaucoup de
questions.
Voici le profil de la mission
envisagée par nos amis Japonais.
Illustration : JAXA.
Lancement prévu en sept 2024.
La sonde comprend 3 modules que l’on voit sur
cette illustration de la JAXA.
7 instruments principaux et un
rover de surface fourni par le CNES et la DLR s’inspirant de Mascot.
Pourquoi s’intéresser à
Phobos ?
En fait on en sait très peu sur
ce micro-satellite de Mars :
·
Est-il
capturé ? ou
·
Le résultat
d’un impact ?
Les échantillons recueillis
devraient lever le doute.
On sait que sa densité est
faible, 1,87 et qu’il est poreux.
Les Japonais ont prévu tout un
système complexe d’opérations au sol associé à une étude de l’atmosphère Mars.
Le retour étant prévu pour
2028.
C’est une mission très
ambitieuse, on leur souhaite un succès aussi important que pour Hayabusa-2. On
en reparlera.
Merci Antonella pour cette
brillante présentation.
CONCLUSION
Les astéroïdes font partie des
objets les plus primitifs de notre Système Solaire, c’est la raison pour
laquelle il faut les étudier.
Certains peuvent nous menacer
et de nouvelles techniques doivent être mises au point pour les dévier d’une
possible rencontre avec notre planète.
Il faut donc favoriser toues
les missions d’études de ces objets.
POUR ALLER PLUS
LOIN :
Solar System
evolution from compositional mapping of the asteroid belt
Return of
Sample Recovery Capsule aboard Asteroid Explorer "HAYABUSA"
Hayabusa-2 :
les analyses des échantillons ont commencé
NASA Releases Incredible
Video of OSIRIS-REx Tagging Asteroid – Mysterious Dark Patches Puzzle Team
L'astéroïde sur lequel la NASA vient d'atterrir serait creux, avec un grand
'vide' en son centre
Japan to
Visit Martian Moon Phobos and Return Sample
Le CNES se
prépare à rouler sur Phobos !
Tout sur la mission Osiris Rex sur votre site préféré.
Tout sur la mission Hayabusa sur votre site préféré.
Bon ciel à tous
Prochaine conférence SAF : le mercredi 10 Mars 2021
19H00 en visio canal
YouTube SAF
David ELBAZ du CEA/DAPNIA
Le
mystère Van den Bergh ou le secret de la fécondité des galaxies.
Ceux qui ne se seront pas
inscrits, peuvent toujours voir la conférence en direct sur le
canal
YouTube de la SAF.
Jean Pierre
Martin
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